Général Soudanais Menace Birao et Amdafock

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Général Soudanais Menace Birao et Amdafock
Général Soudanais Menace Birao et Amdafock

Africa-Press – CentrAfricaine.
Un général des Forces de soutien rapide soudanaises annonce dans une vidéo son intention d’attaquer Birao et Amdafock lors de la prochaine saison sèche qui s’annonce d’ailleurs.

La crise qui secoue la préfecture de la Vakaga depuis l’attaque des mercenaires russes du 16 septembre dernier prend une tournure particulièrement grave. Un général des Forces de soutien rapide (FSR) soudanaises vient de publier une vidéo de menaces directes contre les populations civiles de Birao et d’Amdafock.

Dans cette déclaration diffusée sur les réseaux sociaux, ce responsable militaire soudanais, qui s’exprime parfaitement en sango, annonce clairement ses intentions belliqueuses. “Bientôt c’est la saison sèche, nous allons revenir ici vers Birao, Amdafock, pour brûler la ville, les détruire, pour mettre le feu à ces villes”, déclare-t-il sans ambiguïté.

Ces menaces s’inscrivent dans un narratif de vengeance que développe ce général. Il accuse les populations Kara, ethnie majoritaire à Birao, d’ingratitude envers les Soudanais. Selon ses dires, les FSR avaient aidé les Kara à combattre les Rounga du FPRC en 2020, mais les bénéficiaires de cette aide auraient ensuite trahi leurs “alliés” soudanais.

Le général FSR reproche particulièrement aux Kara d’avoir trahi leur chef. Ces Kara, d’après lui, auraient comploter pour que la cour pénale internationale (CPI) arrête leur chef par la suite. En plus, plus récemment, d’après lui, les Kara “ont comploté avec les mercenaires russes pour tuer nos frères éleveurs arabes soudanais”. Cette référence concerne visiblement l’attaque du 16 septembre où des mercenaires russes avaient tué 4 ou 5 éleveurs arabes soudanais le 16 septembre dernier à 25 kilomètres d’Amdafock.

La menace prend une dimension temporelle précise. Le général annonce que l’offensive aura lieu pendant la saison sèche qui débute en décembre. Il promet de “brûler” d’abord Amdafock, puis de progresser sur 60 kilomètres pour atteindre Birao, chef-lieu de la préfecture de la Vakaga.

Cette escalade des menaces a provoqué une réaction dans les communautés de la Vakaga. Un ressortissant de l’ethnie Goula a publié à son tour un message appelant les différentes ethnies de la Vakaga: Youlou, Kara, Rounga, Sarah à s’unir face à cette menace extérieure. Il exhorte ses compatriotes à “s’unir tous pour mourir pour leur communauté ville, à ne pas laisser ces Arabes soudanais venir encore commettre des dégâts”.

Cette réponse confirme la montée des tensions dans la région de l’extrême nord-Est du pays. Au passage, l’homme critique ouvertement le comportement des Kara qu’il accuse de passivité quand d’autres ethnies sont attaquées, alors qu’ils bénéficient du soutien des autres quand ils sont eux-mêmes menacés.

Il utilise une métaphore agricole pour expliquer son grief: “C’est comme si aujourd’hui tu t’entend bien avec ton voisin, tu es parti cultiver son champ, et puis au retour, lui aussi, il doit venir cultiver ton champ. Mais pour revenir cultiver pour toi, il refuse”. Cette comparaison traduit un sentiment de déséquilibre dans la solidarité intercommunautaire dans la Vakaga.

Cette dynamique de menaces croisées et de tensions ethniques s’inscrit directement dans les conséquences de l’action des mercenaires russes du 16 septembre. En attaquant des éleveurs soudanais puis en se retirant, ces forces ont déclenché un cycle de représailles qui échappe maintenant à tout contrôle.

La situation devient d’autant plus explosive que les menaces du général soudanais visent explicitement des populations civiles. Promettre de “brûler” des villes entières constitue une menace de crime de guerre qui devrait alerter la communauté internationale.

La géographie particulière d’Amdafock complique encore la situation. Cette localité existe des deux côtés de la frontière, les deux parties se faisant face. Cette proximité facilite les mouvements transfrontaliers mais expose aussi davantage les populations civiles aux représailles.

Les menaces du général FSR interviennent dans un contexte où les populations de la région ont déjà largement fui leurs villages. L’exode massif qui a suivi les premiers incidents laisse des communautés entières dans le dénuement, regroupées dans des sites de fortune comme Matala.

Cette escalade verbale risque d’aggraver encore l’instabilité régionale. En annonçant publiquement des attaques futures, le général soudanais pousse les différentes communautés à se préparer au conflit plutôt qu’à chercher des solutions pacifiques.

La responsabilité des mercenaires russes dans cette escalade apparaît de plus en plus clairement. Leur action du 16 septembre, suivie de leur retrait immédiat, a créé exactement le type de chaos dont ils ont l’habitude de tirer profit. Ils peuvent maintenant justifier leur retour en force pour “pacifier” une région qu’ils ont eux-mêmes déstabilisée.

Cette stratégie cynique transforme les populations de la Vakaga en otages d’un conflit qu’elles n’ont pas voulu. Prises entre les menaces soudanaises et la présence des mercenaires russes, elles subissent les conséquences d’actions qu’elles ne contrôlent pas.

L’annonce de cette offensive pour décembre coïncide avec la période électorale centrafricaine. Cette synchronisation n’est probablement pas fortuite et pourrait viser à déstabiliser davantage un processus électoral déjà compromis.

Face à ces menaces explicites, les autorités centrafricaines et la communauté internationale devraient réagir rapidement pour éviter une escalade incontrôlable. Mais l’expérience des derniers mois montre que les réponses tardent souvent à venir, laissant les populations civiles exposées aux violences annoncées.

La crise de la Vakaga devient ainsi le symbole de l’abandon des populations centrafricaines face aux jeux géopolitiques qui se déroulent sur leur territoire. Entre mercenaires russes et forces soudanaises, les civils paient le prix fort d’un conflit qui les dépasse.

Source: Corbeau News Centrafrique

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