Hausse des prix en Centrafrique : Bertrand Arthur Piri affirme que c’est conjoncturel, pas un échec social du régime de Touadera

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Hausse des prix en Centrafrique : Bertrand Arthur Piri affirme que c’est conjoncturel, pas un échec social du régime de Touadera
Hausse des prix en Centrafrique : Bertrand Arthur Piri affirme que c’est conjoncturel, pas un échec social du régime de Touadera

Africa-Press – CentrAfricaine. Face à une hausse des prix qui étrangle les Centrafricains, Bertrand Arthur Piri, proche de Touadéra, joue la carte de la conjoncture. Un échec social ? Pas du tout, dit-il, alors que le quotidien des gens s’effondre.

Dans une interview accordée à la radio Ndéké-Luka, Bertrand Arthur Piri, deuxième secrétaire exécutif du Mouvement Cœurs unis, a voulu calmer le jeu. Les prix des denrées alimentaires et du carburant qui flambent ? Rien de grave, selon lui. « C’est une situation conjoncturelle », a-t-il lancé, expliquant que ces hausses dépendent de l’économie mondiale, pas des choix du gouvernement centrafricain. Voilà une explication pathétique. La Centrafrique ne produit pas de pétrole, rappelle Bertrand Arthur Piri, et quand les cours grimpent sur les marchés internationaux, le pays n’a qu’à suivre. Pour Piri, c’est presque une fatalité, un phénomène naturel qu’on ne peut pas imputer à Faustin-Archange Touadéra ou à son régime après neuf ans au pouvoir. Mais il a oublié le doublement des prix du carburant qu’il a infligé en 2023? Ce type est plus qu’un malade. Même le FMI a insisté sur la baisse des prix du carburant, mais le gouvernement refuse toujours. Mais pourquoi parler de la situation mondiale ? Donc c’est la Centrafrique seule qui subit les conséquences de la situation mondiale ?

Mais cette pirouette rhétorique de monsieur Arthur Piri ne passe pas auprès de ceux qui font les comptes au quotidien de leur poche. À Bangui, le sac de manioc, base de l’alimentation pour beaucoup, a vu son prix triplé en quelques années. Le litre d’essence, quand il est disponible, coûte une fortune, et les transports publics, déjà rares, deviennent un luxe. Les marchés grouillent de colère: les commerçants qui vendent sur les marchés éclatent contre des clients qui n’achètent plus, les chauffeurs de taxi-moto râlent contre des cuves à sec. « Conjoncturel, peut-être, mais on crève quand même », lâche un commerçant du kilomètre 5, excédé par les explications de Piri.

Car derrière les mots bien lisses du cadre du MCU, il y a une réalité qui cogne. La Centrafrique, déjà fragile, ploie sous une inflation qui ne touche pas que le carburant ou les importations. Les produits nationaux: manioc, arachides, poisson séché, suivent la même courbe, et personne ne voit les salaires ou les aides suivre le rythme. Piri insiste: ce n’est pas un échec social, juste une vague passagère liée à des forces extérieures. Mais pourquoi, alors, le gouvernement n’a-t-il rien fait pour amortir le choc ? Où sont les mesures pour protéger les plus pauvres, ceux qui n’ont plus de quoi remplir une assiette ?

Et ce n’est pas comme si le problème datait d’hier. Depuis 2016, les Centrafricains subissent des hausses sans cesse , amplifiées par une économie en ruines et une dépendance totale aux importations. Piri le sait bien, lui qui évoque les fluctuations mondiales comme une excuse toute faite. Mais il oublie de dire que sous Touadéra, les promesses de relance agricole ou de production nationale sont restées des slogans. Les champs, quand ils ne sont pas ravagés par l’incendie, manquent de tout: semences, outils, routes pour acheminer les récoltes. Résultat, même ce qu’on pourrait produire ici coûte cher, parce que rien n’a été fait pour changer la donne.

Pire, Piri semble déconnecté de la souffrance qu’il minimise. Pendant qu’il parle de conjoncture depuis son bureau climatisé, des familles sautent des repas, des gosses quittent l’école pour mendier, et des vieux n’ont plus de quoi acheter leurs médicaments. « On ne produit pas de pétrole, d’accord, mais on ne produit rien du tout ! », s’énerve une mère de famille au marché de Petevo. Pour elle, conjoncturel ou pas, le résultat est le même: un pouvoir qui regarde ailleurs pendant que le peuple trinque.

Et que dire des caisses de l’État ? Si la Centrafrique est si vulnérable aux chocs extérieurs, où passent les recettes des mines, du bois, des taxes ? Les milliards négociés par le passé, comme ceux des fonds saoudiens sous la transition, ont disparu sans laisser de trace. Piri n’en parle pas, trop occupé à défendre un bilan social qu’il juge intact. Mais pour les Centrafricains, cette « conjoncture » ressemble à une excuse pour masquer l’inaction, voire la prédation d’un régime qui s’en lave les mains.

Alors oui, Piri peut bien répéter que ce n’est pas un échec social. Il peut aligner ses arguments, jouer sur les mots, pointer le ciel et les marchés mondiaux. Mais dans les rues de Bangui, à Bimbo ou en province, les gens ne mangent pas des explications. Ils veulent des solutions, pas des leçons d’économie de la part d’un homme qui, lui, ne manque de rien. Sa « situation conjoncturelle » sonne comme une gifle pour un pays qui n’en peut plus d’attendre un vrai changement….

Source: corbeaunews

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