Africa-Press – CentrAfricaine. Le 26 mai 2025, l’Assemblée nationale centrafricaine a adopté par acclamation une loi sur la communication et la presse qui, loin de protéger les journalistes, leur impose des sanctions dures. Les articles 140, 56, 158, 177, 178 et 179 montrent un contraste choquant: pendant que le pouvoir cible les médias avec une rigueur extrême, il ferme les yeux sur les crimes des groupes armés et des mercenaires russes du groupe Wagner. Des membres de ces groupes, responsables de violences graves, occupent même des postes clés au gouvernement. Cette indulgence envers les tueurs, face à la répression des journaux, démontre une hypocrisie profonde du régime de Bangui.
L’article 140 impose une règle inquiétante: en cas d’infraction de presse, l’auteur de l’article, le rédacteur en chef et le directeur de publication sont tous tenus responsables. Cette responsabilité collective est absurde en droit. Une seule erreur, même mineure, peut paralyser un média entier en mettant en danger ses dirigeants. Un journal ou une radio risque de perdre ses responsables clés, ce qui peut arrêter net son fonctionnement.
Dans un pays comme la RCA, où les journalistes jouent un rôle vital pour rapporter les abus et donner une voix aux citoyens, cet article est une menace directe. Il cherche à effrayer les rédactions, à les pousser à éviter les sujets sensibles, comme les exactions des groupes armés ou les dérives du pouvoir, pour ne pas risquer une sanction qui les briserait.
La loi regroupe dans ses articles 140, 56, 158, 177, 178 et 179 des mesures qui menacent directement la liberté de la presse. L’article 140 impose une responsabilité collective, rendant l’auteur d’un article, le rédacteur en chef et le directeur de publication tous responsables pour une seule infraction, une règle absurde qui peut paralyser un média en ciblant ses dirigeants. L’article 56 applique le Code pénal aux délits de presse, permettant des sanctions lourdes, comme pour des crimes graves, au lieu de règles adaptées au travail des journalistes. Les articles 158, 177, 178 et 179 vont plus loin en autorisant le retrait de l’autorisation de publication ou de diffusion, une sanction qui équivaut à fermer un journal, une radio ou une télévision pour une simple faute. Ces dispositions, prises ensemble, visent à intimider les rédactions et à les dissuader de traiter des sujets sensibles, comme les abus du pouvoir ou les crimes des groupes armés, dans un pays où la presse est essentielle pour informer les citoyens.
La RCA est envahie par la présence de groupes armés dont les responsables, loin d’être punis, sont nombreux à occuper des fonctions officielles. On les retrouve au ministère de la Jeunesse et des Sports, au ministère de l’élevage et de la santé animale, au ministère de la Justice, au ministère du désarmement, et même à la présidence. Ces individus, souvent impliqués dans des actes de violence, bénéficient d’une tolérance que le pouvoir refuse aux journalistes. Pendant ce temps, les mercenaires russes du groupe Wagner, désormais sous le nom d’Africa Corps, sont auteurs de crimes à grande échelle. Des rapports crédibles font état de milliers de victimes, de massacres de mineurs artisanaux et de vols de ressources comme l’or et les diamants. Pourtant, aucune sanction sérieuse n’est prise contre eux, contrairement aux médias qui osent en parler.
Cette loi, avec ses articles répressifs, protège en réalité un système où les criminels prospèrent tandis que les voix qui les dénoncent sont étouffées. Les journaux, radios et télévisions qui rapportent ces vérités dérangeantes sont menacés de fermeture, alors que les responsables de violences graves continuent d’agir en toute impunité….
Source: Corbeau News Centrafrique
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