Mauritanie: Expulsion de Réfugiés vers Mali et Sénégal

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Mauritanie: Expulsion de Réfugiés vers Mali et Sénégal
Mauritanie: Expulsion de Réfugiés vers Mali et Sénégal

Africa-Press – CentrAfricaine.
La situation des réfugiés et des demandeurs d’asile se dégrade dangereusement en Mauritanie. Les réfugiés urbains centrafricains résidant à Nouakchott sont particulièrement visés. Abandonnés par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR), ils sont maintenant traqués, arrêtés et expulsés par la police mauritanienne vers les frontières du Mali et du Sénégal.

Selon des informations de notre correspondant depuis Nouakchott, plus de 1000 réfugiés ont déjà été refoulés aux frontières. Parmi eux, au moins 7 réfugiés centrafricains. Ces personnes possédaient pourtant des cartes de réfugiés délivrées par le HCR. Mais à la frontière, la police mauritanienne leur a retiré leurs cartes et les a abandonnés sans aucun document.

Ces réfugiés centrafricains se retrouvent maintenant au Mali ou au Sénégal sans papiers, sans statut, sans protection. Ils ne peuvent ni retourner en Mauritanie où ils résidaient, ni rentrer en Centrafrique où leur vie est en danger, ni rester légalement dans les pays où ils ont été déposés.

Rappelons que la Mauritanie a adopté un décret sous la pression de l’Union européenne pour lutter contre la migration clandestine. L’Union européenne paie les pays d’Afrique de l’Ouest pour qu’ils empêchent les migrants de traverser vers l’Europe. La Mauritanie, comme d’autres pays de la région, reçoit de l’argent européen pour arrêter et expulser les migrants.

Mais ce que fait la Mauritanie dépasse largement la lutte contre la migration clandestine. Le pays expulse maintenant des réfugiés reconnus par le HCR. Des personnes qui ont fui la guerre et les persécutions. Des personnes qui ont un statut légal de réfugié. Des personnes qui sont protégées par le droit international.

La Convention de Genève de 1951 sur les réfugiés interdit formellement le refoulement. Un État ne peut pas expulser un réfugié vers un pays où sa vie ou sa liberté seraient menacées. La Mauritanie a signé cette convention. Elle est censée la respecter.

Mais visiblement, la Mauritanie viole ouvertement le droit international. Elle arrête des réfugiés reconnus par le HCR. Elle leur retire leurs cartes de protection. Et elle les abandonne aux frontières sans aucun document.

Ce qui est encore plus choquant, c’est le silence du HCR. Cette institution des Nations Unies est censée protéger les réfugiés. C’est sa mission principale. Le HCR est présent en Mauritanie. Il a un bureau à Nouakchott. Il délivre des cartes de réfugiés aux personnes qui en ont besoin.

Mais quand ces mêmes réfugiés sont arrêtés, maltraités et expulsés par les autorités mauritaniennes, le HCR ne dit rien. Il ne proteste pas. Il ne dénonce pas ces violations du droit international. Il reste muet.

Comment le HCR peut-il accepter que des réfugiés qu’il a lui-même enregistrés et protégés soient expulsés de cette manière? Comment peut-il laisser la police mauritanienne retirer les cartes de protection qu’il a délivrées? Comment peut-il abandonner ces réfugiés sans réagir?

Les réfugiés centrafricains à Nouakchott vivent dans la peur permanente. Ils ont fui la violence en Centrafrique. Ils ont fui les massacres, les pillages, l’insécurité. Ils pensaient trouver la sécurité en Mauritanie. Ils ont fait les démarches pour être reconnus comme réfugiés. Ils ont obtenu leurs cartes du HCR.

Mais maintenant, ils sont traqués par la police mauritanienne. Ils ne peuvent plus sortir de chez eux sans risquer d’être arrêtés. Ils ne peuvent plus chercher du travail. Ils vivent cachés, dans la peur constante d’être arrêtés et expulsés.

Beaucoup ont déjà été expulsés. Plus de 1000 personnes selon les informations recueillies. Certains ont été déposés à la frontière malienne, dans un pays qui traverse lui-même une grave crise sécuritaire. D’autres ont été déposés à la frontière sénégalaise, sans papiers, sans argent, sans aucun moyen de subsistance.

L’Union européenne porte une lourde responsabilité dans cette situation. C’est elle qui pousse les pays africains à durcir leurs politiques migratoires. C’est elle qui paie ces pays pour qu’ils arrêtent et expulsent les migrants. C’est elle qui ferme les yeux sur les violations des droits humains commises au nom de la lutte contre la migration.

L’Europe veut empêcher les Africains d’arriver sur son territoire. Alors elle externalise le contrôle de ses frontières. Elle paie des pays comme la Mauritanie pour faire le sale boulot à sa place. Et elle ne se préoccupe pas de savoir ce qui arrive aux réfugiés et aux migrants arrêtés par ces pays.

Mais la Mauritanie ne peut pas justifier ses violations du droit international par la pression européenne. Un État souverain est responsable de ses actes. La Mauritanie a signé la Convention de Genève. Elle doit la respecter. Elle ne peut pas expulser des réfugiés reconnus par le HCR, quelle que soit la pression extérieure.

Le HCR doit sortir de son silence. L’institution doit publiquement dénoncer ces expulsions. Elle doit exiger que les autorités mauritaniennes respectent le droit international. Elle doit demander que les réfugiés expulsés soient rapatriés en Mauritanie et que leur statut de réfugié soit respecté.

Les organisations de défense des droits humains doivent également intervenir. Amnesty International, Human Rights Watch, et toutes les organisations qui défendent les droits des réfugiés doivent documenter ces violations et faire pression sur la Mauritanie pour qu’elle arrête ces expulsions.

Les États membres des Nations Unies doivent rappeler à la Mauritanie ses obligations internationales. Un État ne peut pas signer des conventions internationales et ensuite les violer impunément.

 

Source: Corbeau News Centrafrique

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