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Le gouvernement, par la voix du ministre de l’hydraulique et du développement énergétique, Bertrand Arthur Piri, a affirmé, en mars dernier, avoir résolu totalement le phénomène des déplacés internes. Pourtant, les chiffres disent le contraire.
À Bangui, le ministre de l’Énergie et du Développement hydraulique, Bertrand Arthur Piri, a déclaré qu’il n’existe plus de déplacés internes en Centrafrique. Cette affirmation, présentée comme une réussite politique, entre en contradiction directe avec la réalité du terrain.
En mars dernier, lors du neuvième anniversaire du mandat présidentiel, Piri s’est exprimé sur les ondes de la radio Ndéké-Luka: « Il n’y a plus de déplacés internes grâce aux efforts du président Touadéra ». Le ministre voulait démontrer l’efficacité des opérations de sécurisation et la reconquête progressive des territoires.
Les données des organisations internationales racontent une autre histoire. Le rapport conjoint de l’OIM et du HCR, publié en mai dernier, comptabilise plus de 500 000 Centrafricains toujours déplacés à l’intérieur du pays. Ces populations vivent dans des camps de fortune ou trouvent refuge chez des proches.
Dans l’est et le sud-est, particulièrement à Zemio, Mboki, Obo et Mobaye, les habitants continuent de traverser la frontière vers la République démocratique du Congo pour fuir les violences armées. Ces mouvements de population témoignent de l’instabilité persistante dans ces régions.
Le forum de haut niveau organisé à Bangui les 1er et 2 juillet expose l’incohérence du discours ministériel. Cette rencontre, dédiée à la « réintégration » et aux investissements dans les zones de retour, a réuni les représentants de la Centrafrique, du Cameroun, du Tchad, du Congo et de la RDC.
L’organisation même de cet événement prouve que la question des déplacés reste d’actualité. Si le problème était vraiment résolu, comme l’affirme Piri, pourquoi mobiliser autant d’acteurs régionaux et internationaux autour de cette problématique?
En attribuant la fin des déplacements forcés aux actions du chef de l’État, Bertrand Arthur Piri adopte une approche communicationnelle destinée à préserver l’image du régime. Proche parent du président et membre du Mouvement Cœurs Unis (MCU), il représente un gouvernement qui transforme la gestion politique en exercice de propagande.
Cette stratégie privilégie l’apparence de stabilité à la reconnaissance des difficultés humanitaires réelles. Dans un contexte où l’insécurité demeure un défi quotidien, ces déclarations semblent déconnectées de la réalité vécue par les populations.
Pendant que des milliers de familles survivent sous des abris de fortune, sans accès aux services essentiels, le ministre efface leur existence d’une simple déclaration. Cette négation systématique fait partie d’une stratégie plus large qui consiste à répéter un récit de victoire et de progrès.
Les déplacés internes n’ont ni tribune ni moyens de répondre à cette négation de leur situation. Leur invisibilisation devient ainsi un instrument au service d’un discours politique qui refuse d’admettre ses limites….
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