Nouveau coup de théâtre électoral en le gouvernement s’assoit sur le code électoral et réécrit ses règles à la veille des élections

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Nouveau coup de théâtre électoral en le gouvernement s’assoit sur le code électoral et réécrit ses règles à la veille des élections
Nouveau coup de théâtre électoral en le gouvernement s’assoit sur le code électoral et réécrit ses règles à la veille des élections

Africa-Press – CentrAfricaine. Le document, signé par le ministre Bruno Yapandé, ne laisse aucun doute sur l’intention du pouvoir : réajuster les règles à sa convenance, sans consultation large, sous prétexte d’une soi-disant harmonisation des vues. Cette approche traduit une stratégie bien connue, dans laquelle l’appareil d’État se met au service d’un objectif politique précis : sécuriser le contrôle du processus électoral, en dépit des nombreuses alertes formulées depuis plus d’un an par les partenaires étrangers.

Car la situation est déjà critique. Depuis des mois, l’ANE n’arrive pas à produire une liste électorale fiable. Or, selon les dispositions précédentes du code, cette liste devait être disponible au moins une année avant la convocation du corps électoral. Ce délai étant dépassé, le gouvernement a déjà fait adopter une modification de l’article 18 pour réduire ce temps, sans pour autant parvenir à remplir ses obligations. Au lieu de se remettre en question, les autorités enchaînent désormais les amendements, avec l’objectif de contourner les difficultés institutionnelles par des arrangements successifs.

La lettre du ministre est explicite : les articles 28, 41, 42, 58, 59, 60, 66, 68, 69, 94, 121, 177, 179, 206, 265 et 266 sont visés. Les changements proposés touchent aussi bien les modalités de vote que les délais de dépôt et de traitement des candidatures, le nombre d’isoloirs, le rôle du tribunal administratif ou encore les règles encadrant la parité. À titre d’exemple, un électeur pourrait désormais voter sans carte, simplement sur présentation d’un récépissé. Le nombre d’électeurs par isoloir serait revu à la hausse, tandis que le traitement des contentieux électoraux passerait de 15 à 20 jours. Certaines formulations sont corrigées pour intégrer le vote des militaires ou pour préparer le terrain à une élection municipale avec une liste unique, si les autres sont invalidées.

En même temps, le ministre appelle l’ANE à une réunion en urgence, prévue le 8 août 2025, pour “mettre en commun les propositions” et valider cette démarche dite dérogatoire. À peine cette étape franchie, un atelier d’information devrait être organisé dès le début de la semaine suivante, pour élargir l’adhésion aux autres entités du processus électoral.

Ce calendrier resserré, imposé sans débat ni transparence, révèle une pratique installée : agir vite, imposer le rythme, court-circuiter les contre-pouvoirs, verrouiller les marges de contestation. L’ensemble des institutions concernées – Conseil constitutionnel, tribunal administratif, ANE – se retrouvent ainsi instrumentalisées dans une logique politique où l’efficacité administrative n’est plus un objectif, mais un alibi.

Tout cela se déroule alors même que les partenaires internationaux – États-Unis, Nations unies, Union européenne – ont exprimé à plusieurs reprises leurs doutes quant à la capacité de l’ANE à garantir une élection crédible. Ces doutes ne datent pas d’hier. Ils s’appuient sur l’inefficacité manifeste de l’organe en charge des élections, son incapacité à tenir les délais, son manque d’indépendance, et les multiples ingérences de l’exécutif dans les décisions techniques. C’est dans ce contexte que le pouvoir réécrit les règles à la dernière minute, sans jamais assumer les responsabilités de sa propre impréparation.

Il ne s’agit donc plus seulement d’une dérive. Ce qui se joue ici relève d’un choix assumé : celui de la criminalité politique, c’est-à-dire l’usage de l’appareil juridique pour consolider un pouvoir en place, au mépris des principes fondamentaux de la démocratie. Ce choix, progressif mais méthodique, remet en cause la sincérité du scrutin à venir.

Dans ce contexte, faut-il encore parler d’élection ? Ou s’agit-il d’un simple habillage procédural destiné à valider, par les urnes, un résultat déjà décidé ? Ce que le régime impose aujourd’hui n’est ni un ajustement ni un consensus. C’est une transformation unilatérale des règles du jeu, imposée par ceux qui ne veulent plus jamais perdre.

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