Africa-Press – CentrAfricaine. À Sam-Ouandja, les FACA affamées défient l’ordre, abandonnées par un régime qui supprime leurs PGA. Touadéra ment, laissant l’armée sombrer dans le chaos.
En effet, dans la Haute-Kotto, notamment à Ouanda-Djallé, les détonations ont semé la panique il y’a quelques mois. Des soldats des Forces armées centrafricaines (FACA), à bout, ont tiré en l’air pour réclamer cinq mois d’arriérés de leur Prime globale d’alimentation (PGA), cette somme essentielle pour survivre dans des zones reculées. Les habitants, terrifiés, ont déserté le marché, laissant une ville sous tension. L’état-major, depuis Bangui, a répondu par un déni glacial: “Allégations mensongères”, ont-ils affirmé, jurant que les PGA avaient été versés la veille. Une déclaration qui résonne comme une insulte face à la détresse des troupes.
Cette crise ne se limite pas à Ouanda-Djallé. De Birao à Yalinga, en passant par Ouadda-Maïkaga, Nana-Mambéré, Kouango, Ndim, Paoua, et Obo, les FACA cèdent sous le poids d’arriérés de PGA, parfois jusqu’à 24 mois. Le Dr Paul Cressan-Béninga, porte-parole du groupe de travail de la société civile, a dénoncé ce chaos sur la radio Ndéké-Luka lors de l’émission Patara, le débat politique: “On peut faire décaisser les fonds, mais les fonds n’arrivent pas à destination”. À Birao, les soldats attendent plus de quatre mois de PGA. À Sam-Ouandja, ils survivent sans ressources. Et partout, l’absence de PGA pousse les militaires, armés et désespérés, à des actes extrêmes, comme à Zako, ou encore à Bakouma. “Ils n’ont pas à manger, ils ont des armes à la main, ils posent des actes de violence”, explique Paul Cressan-Béninga.
Au cœur de ce scandale, une réalité bouleversante apparais: les PGA, selon des vérifications de la rédaction du CNC, sont suspendues depuis plus de six ans. Pourtant, les rumeurs, largement entretenues, pointent du doigt l’état-major, accusé de détournement. Oui, des fonds disparaissent parfois en chemin, grignotés par une chaîne opaque où chaque maillon prend sa part. Mais la vérité est plus simple et plus cruelle: les primes ne sont plus versées, laissant les soldats livrés à eux-mêmes. Cette suspension, jamais assumée publiquement par le gouvernement, transforme les FACA en prédateurs, rackettant les civils pour survivre.
Le désespoir des troupes se traduit en désertions massives. Dans la Vakaga, une trentaine de soldats ont abandonné leurs postes à Birao, Tiringoulou, Sikikédé, et Gordil, bravant des routes périlleuses pour rejoindre Bangui. À Gonda, sur l’axe Akroussoulback, leur convoi, escorté par la MINUSCA, a essuyé une attaque mortelle, coûtant la vie à l’un d’eux. À Ouadda-Maïkaga, treize déserteurs ont fui depuis avril 2025. À Yalinga, une désertion massive a vidé la ville de ses FACA en février 2025. “On nous laisse crever de faim”, a confié un déserteur à Bangui, résumant un sentiment d’abandon généralisé. Ces départs laissent des localités vulnérables aux groupes armés comme la CPC, exposant les civils à des dangers accrus.
Les conditions de vie des soldats sont indignes. Sans PGA, sans salaires accessibles – bloqués sur des comptes bancaires à Bangui, inaccessibles en province –, ils portent des uniformes en lambeaux et des chaussures usées. À Sikikédé, ils dépendent de rations inadaptées de la MINUSCA, insuffisantes pour tenir. “Ce qu’on nous donne, ce n’est pas ce qu’on mange pour tenir”, déplore un militaire. À Ziki, les FACA extorquent les mineurs. À Gomion, elles brutalisent les civils. À Ouanda-Djallé, elles tirent pour crier leur rage. Et à Zémio, elles ne réapparaissent qu’avec les Russes, après six ans d’absence.
Le ministre de la Défense, Claude Rameau-Bireau, tente de rassurer: “Tout se gère normalement depuis 2021”, affirme-t-il, vantant des décaissements et l’appui des alliés. Mais ses paroles s’effritent face aux faits. À Ouanda-Djallé, les tirs ont éclaté le lendemain d’un prétendu versement. À Sam-Ouandja, un incident similaire a ridiculisé ses discours. Les détachements, prolongés jusqu’à deux ans contre les trois mois réglementaires, aggravent l’indiscipline. “Un soldat qui fait plus de six mois épouse les habitudes du lieu”, avertit Cressan-Béniga, pointant les dérives inévitables.
Et le président Faustin-Archange Touadéra alias Baba Kongoboro ? Il détourne l’attention, offrant trente véhicules aux FACA sur son prétendu “effort personnel”. Une affirmation que Cressan-Béniga démonte: “C’est l’argent de l’État, sinon c’est du vol !” Pendant que Touadéra parade, ses soldats, sans primes ni salaires, sont parfois des recrues mal formées, voire des “brigands”, selon Cressan-Béniga. À Bangui, des officiers supérieurs, “grands commerçants”, prospèrent en livrant des équipements surfacturés, tandis que l’usine Mamika est sacrifiée au profit d’une obscure “FDS Manufacture”. “Vous avez désinstitutionnalisé la gestion de l’armée !” accuse-t-il.
Ce scandale, alimenté par l’opacité et l’abandon, mine la confiance entre l’armée et le peuple. Les désertions exposent des villes aux rebelles. Les violences, comme à Ziki, ternissent l’image des FACA. Et l’inspection générale, vantée par Rameau-Bireaux, reste une coquille vide. “Je n’ai pas de rapport mettant en cause des responsables”, esquive le ministre. Mais les Centrafricains savent: une armée affamée, qui rackette et déserte, n’est pas une force nationale. C’est une institution brisée par un système défaillant. Le peuple mérite des réponses. Et il les exigera….
Source: corbeaunews
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