Africa-Press – CentrAfricaine. La patience des combattants du MPC a des limites. Après des mois d’attente infructueuse pour leur désarmement et leur incorporation, certains décident de tenter leur chance ailleurs. Cette fuite des effectifs inquiète sérieusement la direction du mouvement qui voit derrière une politique de sabotage du mouvement.
Mercredi 24 décembre dans l’après-midi, six hommes ont été arrêtés sur le chantier minier de Fiesse, à environ 18 kilomètres de Markounda. Parmi eux, Adam Youniss, Wal Dabba et quatre autres dont les identités réelles n’ont pas été retrouvées par la rédaction du CNC. Mais leur principal tort? Avoir manifesté leur volonté de quitter le Mouvement Patriotique pour la Centrafrique de Mahamat Al-Khatim pour rallier l’Unité pour la paix en Centrafrique d’Ali Darassa.
L’information est remontée jusqu’au chef du MPC qui a immédiatement réagi. Al-Khatim a contacté Alhafiz Ali, surnommé « Libanais » par ses pairs, son chef d’état-major adjoint. Les instructions étaient claires: empêcher ce départ à tout prix. Les six combattants ont été arrêtés puis enfermés. Dans leur cellule de fortune, ils ont subi des violences destinées à décourager toute velléité de désertion.
Cette répression musclée intervient dans un contexte délicat pour le MPC. Le mouvement armé perd ses troupes par dizaines depuis plusieurs semaines. Ce qui était autrefois une force combattante structurée n’est plus qu’une structure fantôme. Les combattants passent désormais l’essentiel de leur temps dans les exploitations minières de la région plutôt que dans des activités militaires.
Le MPC a pourtant signé un accord avec le gouvernement centrafricain. Cet engagement prévoyait le désarmement progressif des combattants et leur incorporation dans les forces armées nationales. Mais les mois passent sans qu’aucun mouvement concret ne se dessine. Les hommes attendent, coincés dans un entre-deux inconfortable.
Pendant ce temps, les mercenaires russes présents dans la zone recrutent occasionnellement des éléments du MPC. Ces combattants deviennent alors des supplétifs, qu’on appelle souvent dans le pays les « Russes noirs », utilisés pour diverses opérations. Cette perspective ne séduit guère la majorité des anciens rebelles qui n’aspirent qu’à une chose: intégrer l’armée régulière et tourner définitivement la page de la rébellion.
Le contraste avec d’autres formations armées alimente la frustration. L’UPC et le 3R ont signé un accord avec Bangui le 19 avril dernier. Contrairement au MPC, ces deux groupes ont rapidement vu le processus se mettre en marche. Leurs combattants sont désarmés et incorporés progressivement dans l’armée nationale. Cette différence de traitement n’échappe à personne au sein du MPC.
Face à cette situation, certains combattants tirent leurs propres conclusions. Puisque leur mouvement stagne, autant rejoindre une formation où les choses avancent. L’UPC d’Ali Darassa apparaît comme une option viable pour ceux qui veulent enfin concrétiser leur reconversion. C’est ce calcul qu’ont fait les six hommes arrêtés mercredi dernier.
Mahamat Al-Khatim refuse catégoriquement cette hémorragie. Chaque départ affaiblit un peu plus sa position et celle de son mouvement. Lorsqu’il a appris que six de ses éléments envisageaient de passer à l’UPC, sa réaction a été immédiate. L’opération menée par Ali « Libanais » visait autant à sanctionner les fautifs qu’à envoyer un message dissuasif aux autres combattants tentés par l’aventure.
Le chantier minier de Fiesse, où s’est déroulée l’arrestation, concentre aujourd’hui une bonne partie des effectifs du MPC. Ces hommes, qui se voyaient en combattants d’une cause, se retrouvent employés dans l’extraction minière, à une quinzaine de kilomètres de Markounda
Source: Corbeau News Centrafrique
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