Africa-Press – CentrAfricaine. Fragilisé par son cancer, Touadéra mise sur un congrès dissident pour diviser le MLPC et neutraliser l’un de ses rivaux , Martin Ziguélé.
Un scandale politique d’une ampleur sans précédent menace la démocratie à l’approche des élections présidentielles de 2025 en RCA. Le président Faustin-Archange Touadéra, affaibli par un cancer de colon qui limite ses capacités à gouverner, organise discrètement une offensive vicieuse contre le Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain (MLPC), pilier de l’opposition dirigé par Martin Ziguélé.
Une faction dissidente autoproclamée, le « MLPC-CO » (Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain – Courant Originel), conduite par des exclus du parti: Jacquesson Mazette, Chantal Jean-Édouard Koyambonou et Étienne Malekoudou, tente d’organiser un congrès parallèle illégitime en septembre 2025 pour usurper l’identité du MLPC. Financée à hauteur de 30 millions de FCFA par Touadéra, cette entité fantôme cherche à morceler le parti, à bloquer son congrès légitime prévu pour le mois d’octobre prochain, et à neutraliser Ziguélé, un adversaire redoutable pour un troisième mandat controversé. Soutenus par le ministre de l’Administration du Territoire, Bruno Yapandé, et le chef de cabinet particulier de Touadera, Ruffin Claude Mandé Maléumbo, ces agissements rappellent la tactique utilisée par le Président Touadera contre le Rassemblement Démocratique Centrafricain (RDC). Ce complot, instrumenté depuis le palais présidentiel, est une attaque éhontée contre la démocratie centrafricaine.
Les statuts du MLPC, adoptés lors de son 4e Congrès ordinaire du 2 au 5 mars 2020 à Bangui, établissent des règles strictes pour l’organisation d’un congrès. L’Article 12 stipule que le Congrès, instance suprême du parti, ne peut être convoqué que par le président légitime, Martin Ziguélé, ou à la demande des 2/3 du Conseil Politique National (CPN) ou des Unions Fédérales/Fédérations. L’ordre du jour doit être communiqué trois mois à l’avance pour une session ordinaire, ou un mois pour une session extraordinaire. L’Article 13 précise que les délégués sont désignés par les Unions Fédérales, sur proposition des Fédérations et des organes intégrés, tels que le Mouvement de Libération de la Femme Centrafricaine (MLFC) et le Mouvement de Libération de la Jeunesse Centrafricaine (MLJC). Les Articles 1 à 4 protègent le nom officiel (« Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain »), l’emblème (un livre ouvert sur fond vert ovale, bordé de jaune-or, avec une houe et une truelle) et la devise (« Justice – Liberté – Travail »), réservant leur usage aux organes officiels du parti.
Le MLPC-CO, créé en 2022 par des membres exclus pour indiscipline caractérisée, est une entité sans légitimité statutaire. Un procès-verbal d’huissier du 14 mars 2024, signé par Maître Gabriel Gauvin Kowomba, atteste que le MLPC-CO n’a ni agrément ni récépissé légal, le qualifiant d’« entité fantôme ». Jacquesson Mazette, suspendu le 9 mars 2023 pour avoir défié les instances du parti et tenté de déstabiliser Ziguélé, s’autoproclame « premier responsable » en invoquant un prétendu statut de membre fondateur, une revendication grotesque que les statuts ne reconnaissent pas. Chantal Jean-Édouard Koyambonou et Étienne Malekoudou, également exclus, n’ont aucune autorité pour agir au nom du MLPC. Leur tentative d’organiser un congrès parallèle en septembre 2025 viole l’Article 12 et constitue une usurpation d’identité, punissable selon l’Article 22 de la loi du 11 juin 2020 sur les partis politiques, qui interdit l’usage des sigles et emblèmes d’un parti existant par une entité non reconnue.
La Commission de Contrôle et d’Arbitrage (CCA) (Article 54) est habilitée à s’autosaisir pour sanctionner de telles violations et adresser des rapports au Bureau Politique. Le communiqué du MLPC du 9 mars 2023, signé par le Bureau Politique dirigé par Ziguélé, a dénoncé une tentative d’assemblée générale illégale par le MLPC-CO et appelé les militants, y compris les Conseillers Politiques Nationaux, les membres des Bureaux Nationaux du MLFC et MLJC, et les responsables des Fédérations, Sous-Fédérations, Sections et Cellules, à ne pas y participer. Le MLPC-CO, dépourvu de bases militantes reconnues (comme celles listées dans l’Annexe des statuts, incluant les Fédérations de Bangui, Ouham, Ouham-Pendé, Lim-Pendé, Mbomou, Ouaka, ou à l’étranger), n’a ni la structure ni la légitimité pour convoquer un congrès.
Fragilisé par un cancer de colon qui limite ses capacités physiques et politiques, Faustin-Archange Touadéra déploie une stratégie désespérée pour conserver le pouvoir. Le 27 décembre 2024, il a reçu une délégation du MLPC-CO au palais de la renaissance, conduite par Chantal Jean-Édouard Koyambonou, pour valider un soi-disant « bureau politique intérimaire » fictif, composé de personnes sans ancrage dans les structures légitimes du MLPC. Selon des sources crédibles contactées par la rédaction du CNC, Touadéra a alloué 30 millions de FCFA à cette faction, dont 15 millions ont été dilapidés pour tenter de créer de fausses bases militantes dans les quartiers de Bangui et les provinces, comme à Bossangoa ou Bambari. Les 15 millions restants sont réservés pour financer un congrès parallèle illégitime en septembre 2025, conçu pour concurrencer le congrès légitime du MLPC prévu pour le mois d’octobre prochain et semer la confusion parmi les militants et les électeurs.
Ces fonds, gérés par Ruffin Claude Mandé Maléumbo, chef de cabinet particulier de Touadéra, sont une insulte au peuple centrafricain, qui souffre de la pauvreté et de l’insécurité pendant que des ressources publiques sont détournées pour des manœuvres politiques. Le MLPC-CO a tenté de recruter des « militants » fictifs dans les quartiers et les provinces, fabriquant des noms pour simuler une base populaire. Le 18 février 2025, une manifestation instrumentée de jeunes prétendant représenter le MLPC, arborant des tee-shirts et banderoles avec le logo du parti, a soutenu la candidature de Touadéra, une provocation dénoncée par Ziguélé comme une tentative de « semer le désordre ». Cette stratégie, financée par l’argent du contribuable centrafricain, vise à donner l’illusion d’un soutien populaire à Touadéra tout en discréditant l’opposition.
La manœuvre du MLPC-CO n’est pas sans précédent. En 2022, après le décès de son Président, le Rassemblement Démocratique Centrafricain (RDC) de l’ancien président André Kolingba avait été affaibli par une stratégie similaire par Touadera. Des membres du RDC avaient été cooptés par le régime en échange de faveurs, neutralisant le parti comme force d’opposition. Aujourd’hui, Touadéra reproduit ce schéma avec le MLPC, finançant des dissidents exclus pour créer une faction parallèle et diviser les rangs de l’opposition. Le MLPC-CO, dépourvu de légitimité légale ou populaire, est un outil du palais présidentiel pour fragiliser le MLPC et bloquer la route à Martin Ziguélé, un leader charismatique et ancien Premier ministre, perçu comme une menace sérieuse pour le projet de troisième mandat de Touadéra.
Bruno Yapandé, reconduit ministre de l’Administration du Territoire depuis le 4 janvier 2024, est un acteur clé de ce complot. Une correspondance scandaleuse du 25 mars 2024, signée par son ministère, a invité le MLPC-CO à des célébrations officielles, offrant une légitimité imméritée à une entité sans existence légale. En tant que responsable de l’enregistrement des partis politiques, Yapandé avait l’obligation légale de rejeter toute reconnaissance du MLPC-CO, qui n’a jamais été enregistré auprès de son ministère. Son inaction, voire sa complicité, est une trahison de son mandat et une tentative éhontée de légitimer une faction illégale pour servir les intérêts de Touadéra. Cette provocation a redoublé les tensions, poussant le MLPC à intensifier son offensive judiciaire.
Ruffin Claude Mandé Maléumbo, chef de cabinet particulier de Touadéra, est le financier de la guerre interne au MLPC. Accusé de gérer les 30 millions de FCFA alloués au MLPC-CO, il joue le rôle de distributeur d’argent sale, achetant des dissidents pour fabriquer un bureau politique fictif et des bases militantes inexistantes. Ces fonds, détournés des caisses publiques, auraient dû être utilisés pour améliorer les conditions de vie des Centrafricains, confrontés à la misère et à l’insécurité chronique. Maléumbo, en se prêtant à ce jeu, se rend complice d’une entreprise criminelle visant à museler l’opposition et à consolider un régime autoritaire.
Face à cette usurpation, le MLPC, dirigé par Martin Ziguélé, a saisi le Tribunal de Grande Instance de Bangui par l’intermédiaire de Maître Nicolas Tiangaye. La requête exige l’interdiction de l’usage des sigles MLPC et MLPC-CO, la restitution des archives sous astreinte de 100 000 FCFA par jour, et un franc symbolique de dommages et intérêts. Le procès-verbal d’huissier du 14 mars 2024 constitue une preuve accablante que le MLPC-CO n’a aucune existence légale. Pourtant, l’examen de l’affaire est retardé, une inertie qui trahit l’influence de Touadéra sur le ministre de la Justice et les magistrats. Cette politisation de la justice, qui protège les dissidents et permet au MLPC-CO de poursuivre ses activités illégales, est une atteinte grave à l’État de droit et à la liberté d’association en RCA.
La stratégie de Touadéra s’inscrit dans une campagne plus large pour éliminer ses rivaux avant 2025. L’interdiction de la double nationalité dans la nouvelle constitution, adoptée sous son impulsion, a déjà écarté des figures majeures comme Anicet-Georges Dologuélé et Crépin Mboli-Goumba, accusés de détenir des nationalités étrangères. Martin Ziguélé, qui échappe à cette mesure, est désormais la cible principale. Incapable de le disqualifier directement, Touadéra mise sur la division interne du MLPC en finançant le MLPC-CO pour créer une crise artificielle. Le congrès parallèle du MLPC-CO vise à contester la légitimité de Ziguélé, à retarder le congrès légitime du MLPC, et à semer la confusion parmi les électeurs. Le 31 décembre 2024, Ziguélé a dénoncé ces manœuvres lors d’un point de presse, accusant Touadéra de chercher à « fragiliser le MLPC pour bloquer sa route » à l’élection présidentielle. Le soutien du Bloc Républicain pour la Défense de la Constitution (BRDC), dirigé par Mboli-Goumba, montre que l’opposition commence à se mobiliser face à cette menace.
Le régime de Touadéra, soutenu par des complices comme Bruno Yapandé et Ruffin Claude Mandé Maléumbo, incarne une gouvernance corrompue et autoritaire. En détournant 30 millions de FCFA pour financer une faction illégale, Touadéra prive les Centrafricains de ressources vitales, alors que le pays est ravagé par la pauvreté, l’insécurité et le sous-développement. Yapandé, en légitimant le MLPC-CO par des invitations officielles, trahit son rôle de gardien de la légalité et se fait le valet d’un régime prêt à tout pour conserver le pouvoir. Maléumbo, en distribuant l’argent du contribuable à des dissidents exclus comme Mazette, Koyambonou et Malekoudou, se comporte comme un mercenaire politique, sacrifiant l’intérêt national pour des gains à court terme. Ces pratiques, dignes des pires dictatures, sont une insulte au peuple centrafricain, qui aspire à la justice, à la liberté et à une démocratie véritable.
Le scandale du MLPC-CO révèle l’ampleur de la dérive autoritaire de Touadéra. Affaibli par sa santé, il mise sur des tactiques désespérées pour diviser l’opposition et assurer un troisième mandat illégitime. En soutenant un congrès parallèle illégal, en manipulant la justice et en finançant des dissidents, Touadéra et ses complices bafouent les idéaux républicains et sapent les espoirs d’un avenir démocratique pour la RCA….
Source: Corbeau News Centrafrique
Pour plus d’informations et d’analyses sur la CentrAfricaine, suivez Africa-Press