Africa-Press – CentrAfricaine. À Bangui, les ordures envahissent les rues, transformant la capitale en un géant dépotoir sauvage à ciel ouvert, où inondations et insalubrité rythment le quotidien.
Dans la capitale centrafricaine Bangui, les habitants vivent un calvaire quotidien. Les rues se transforment en bourbiers à chaque pluie, et les tas d’ordures s’amoncellent un peu partout, jusqu’à devenir des montagnes d’immondices perdue dans un coin. Prenez le marché Combattant, par exemple, à seulement 300 mètres de l’aéroport international de Bangui-M’Poko: dès qu’il pleut, la route devient un marécage où motos, taxis et piétons s’enlisent dans la boue et l’eau stagnante. Pourtant, ce n’est pas un cas unique à Bangui. Partout dans la ville, les déchets envahissent l’espace, et les Centrafricains se demandent à quoi rime l’opération Kwa Ti Kodro, censée nettoyer la ville avec un budget colossal de 5 milliards de FCFA par an.
Un exemple frappant se trouve sur l’avenue du 15 mars, près de l’église Mid-Mission de Gobongo, au PK9. À deux pas du collège de Gobongo et à quelques centaines de mètres de la résidence du ministre de l’Administration du territoire, Bruno Yapandé, une décharge sauvage s’étend dans le coin, t visible par tout le monde. Ordures ménagères, déchets médicaux des centres de santé, et même immondices déversées par TriStar, une entreprise liée à la Minusca, s’entassent là. Quand le vent souffle, les sacs plastiques s’envolent comme des nuées d’oiseaux, polluant l’air et les environs. Des enfants, parfois très jeunes, passent leurs journées à fouiller ces déchets, au lieu d’être à l’école. Ce spectacle, à la fois triste et inquiétant, pose une question: quel avenir pour ces jeunes qui grandissent au milieu des ordures?
Les problèmes sont nombreux:
– Les déchets brûlés en permanence dégagent des fumées nocives pour les habitants du quartier.
– Les sacs plastiques et autres détritus, dispersés par le vent, envahissent les rues et les cours d’eau.
– Des enfants, parfois absents de l’école, s’exposent à des risques sanitaires en fouillant ces décharges.
– Cette situation, en plein cœur d’un quartier animé, donne une image désolante de la capitale.
L’opération Kwa Ti Kodro, financée à hauteur de 5 milliards de FCFA par an, dont la moitié vient de l’Union européenne et de la Banque mondiale, promettait de rendre Bangui plus propre. Mais sur le terrain, rien ne change. Les rues restent sales, les caniveaux débordent, et les décharges s’étendent. Au niveau du tribunal, la Cour des comptes a révélé que 30 % de ces fonds, soit 1,5 milliard de FCFA, disparaissent sans explication. Certains pensent que la réalité est encore pire. Pour beaucoup, cet argent sert davantage à des fins politiques, peut-être même à préparer un troisième mandat pour le président, qu’à améliorer le quotidien des Centrafricains.
Le coordinateur de Kwa Ti Kodro, Bruno Yapandé, qui vit à environ un kilomètre de la décharge de Gobongo, ne semble pas pressé d’agir. Les opérations de nettoyage, annoncées chaque week-end, se résument à des effets d’annonce. Les habitants, eux, ne voient aucune différence: les ordures s’accumulent, et les routes restent impraticables.
La mairie de Bangui semble dépassée. Aucune collecte régulière des déchets, aucune gestion des inondations, aucun plan concret pour assainir la ville. Le ministère de l’Environnement, de son côté, donne l’impression d’exister uniquement pour capter les fonds des partenaires internationaux. Quant au ministère de l’Administration du territoire, qui supervise Kwa Ti Kodro, il brille par son inaction. Comment expliquer que des décharges prospèrent à quelques mètres des résidences des responsables? Les habitants se sentent abandonnés, et leur frustration grandit….
Source: Corbeau News Centrafrique
Pour plus d’informations et d’analyses sur la CentrAfricaine, suivez Africa-Press