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À Ndachima, localité minière située à une soixantaine de kilomètres de Bambari, dans la préfecture de la Ouaka, des artisans miniers ont fait une macabre découverte en récupérant des graviers aurifères rejetés par les machines du groupe Wagner. Sous ces graviers, les ouvriers ont découvert plusieurs corps ensevelis sous ces tas de déblais miniers.
Les faits remontent à ces derniers jours. Des jeunes orpailleurs, venus de différentes régions du pays, se trouvaient sur l’un des sites miniers de Ndachima où les mercenaires russes déversent habituellement les graviers issus de leur exploitation industrielle. Ces jeunes ramassent ces résidus dans l’espoir d’y trouver quelques grains d’or oubliés qu’ils pourront laver et vendre pour subvenir à leurs besoins. C’est une activité de survie, la seule qui leur reste depuis que Wagner contrôle toutes les zones d’extraction de Ndachima.
Le mardi dernier, en déplaçant les graviers, l’un des orpailleurs a aperçu des pieds humains qui dépassaient. Étonné, il a continué à écarter les pierres et la terre. Il a alors compris qu’il s’agissait d’un cadavre. En poursuivant ses recherches, il a découvert cinq autres corps au même endroit. Saisis de peur, les jeunes ont immédiatement alerté le chef du village qui s’est rendu sur place pour constater la situation. Après avoir vu les dépouilles, environ 11 corps sans vie, tous ont décidé d’abandonner cette zone et de chercher ailleurs des graviers à récupérer.
Il convient de rappeler que le village minier de Ndachima compte parmi les plus riches zones aurifères de République centrafricaine. Pendant longtemps, cette richesse profitait aux populations locales qui pratiquaient l’orpaillage artisanal. Les habitants creusaient, lavaient le sable et vendaient leur or pour nourrir leurs familles. Même des éléments de groupes armés comme l’UPC exploitaient ces mines, mais toujours de façon artisanale, permettant aux civils de continuer leurs activités.
Tout a changé il y a plus de cinq ans avec l’arrivée des mercenaires russes du groupe Wagner. Ils ont installé une exploitation industrielle avec des engins lourds et ont pris le contrôle total de la zone. Depuis, l’accès aux mines et aux rivières aurifères est strictement interdit à la population. Wagner a instauré une règle simple et violente: toute personne surprise près des sites d’extraction est exécutée sur place.
La mort est devenue quotidienne à Ndachima. Selon les témoignages recueillis, une dizaine de personnes perdent la vie chaque jour dans cette localité. Un climat de terreur absolue s’est installé. Personne n’ose parler à voix haute de ce qui se passe à Ndachima. Les médias centrafricains savent que la moindre dénonciation ou critique envers Wagner entraîne une visite nocturne des mercenaires. Ceux qui osent s’exprimer risquent de disparaître. C’est dans ce silence forcé que les exactions se multiplient.
Pourtant, malgré ce danger permanent, des jeunes continuent de venir à Ndachima. La pauvreté les pousse à prendre tous les risques. Ils attendent que les machines russes déversent leurs graviers et tentent ensuite de récupérer ces déchets miniers. Ils remplissent des sacs, vont laver ces résidus dans l’espoir de trouver quelques paillettes d’or que les engins industriels n’auraient pas captées. C’est leur seule source de revenus possible. Mais cette activité, même sur des graviers abandonnés, les expose à une mort certaine s’ils sont repérés par Wagner.
Beaucoup de jeunes ont fini par quitter Ndachima. Ceux qui sont arrivés récemment, après un ou deux ans passés dans ces conditions, choisissent de partir. Ils préfèrent chercher fortune ailleurs plutôt que de vivre dans cette angoisse permanente. Seuls restent ceux qui sont installés depuis de nombreuses années, ceux qui connaissent chaque recoin de la zone et qui ont appris à éviter les patrouilles russes. Mais même pour eux, chaque jour représente un pari avec la mort.
La méthode d’exécution employée par Wagner explique la présence de ces corps sous les graviers. Lorsque les mercenaires surprennent des orpailleurs en train de travailler dans des trous qu’ils ont creusés, ils ne perdent pas de temps. Ils utilisent leurs engins pour déverser directement des tonnes de graviers sur ces personnes, les ensevelissant vivantes. Les victimes n’ont aucune chance de s’échapper. C’est ainsi que Wagner enterre ceux qu’il considère comme des voleurs sur son territoire.
Cette pratique se répète régulièrement.
Il y a quelque semaines, un incident a permis de comprendre comment Wagner procède. Des orpailleurs qui travaillaient à proximité ont vu un opérateur russe manœuvrer son engin pour ensevelir un groupe de personnes prises sur le fait. Ne pouvant rester les bras croisés, ils ont lancé des pierres sur le conducteur et ont réussi à le blesser légèrement à la tête. Surpris, l’homme a arrêté son engin. Mais il a immédiatement appelé des renforts par radio. Quelques minutes plus tard, d’autres mercenaires sont arrivés, lourdement armés. Ils ont ouvert le feu sans sommation. Plusieurs orpailleurs ont été tués. Les autres ont réussi à fuir dans la brousse.
Depuis cet événement, personne n’ose plus intervenir lorsque Wagner exécute quelqu’un. Les habitants assistent impuissants à ces mises à mort. Les corps s’accumulent sous les graviers, dans les fosses, près des rivières. Ndachima est devenue un immense cimetière à ciel ouvert où l’or se mêle au sang.
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