don de matériel médical de l’OMS, le ministre de la Santé Pierre Somsé au cœur d’une polémique

6
don de matériel médical de l’OMS, le ministre de la Santé Pierre Somsé au cœur d’une polémique
don de matériel médical de l’OMS, le ministre de la Santé Pierre Somsé au cœur d’une polémique

Africa-Press – CentrAfricaine. Le don de l’OMS pour la santé maternelle en République centrafricaine fait des vagues: Pierre Somsé critiqué pour ses propos jugés maladroits et peu diplomatique.

Un don capital pour la santé maternelle et néonatale

Le vendredi dernier, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a remis un lot de matériel médical d’une valeur de 800 000 dollars, soit environ 480 millions de francs CFA, au ministère centrafricain de la Santé et de la Population. Ce don, effectué lors de la Journée mondiale de la Santé, vise à améliorer les conditions d’accouchement et la prise en charge des nouveau-nés dans un pays où les taux de mortalité maternelle et infantile restent parmi les plus élevés au monde.

Le matériel comprend des kits d’accouchement, des lits de maternité, des équipements de réanimation néonatale, des consommables médicaux à usage unique, ainsi que des équipements pour les banques de sang, essentiels pour prévenir les hémorragies post-partum, une cause majeure de décès chez les femmes enceintes. « Ce don répond aux besoins des femmes pour accoucher en sécurité et des soignants pour sauver des vies », a déclaré Dr Marie Roseline Belizaire, représentante de l’OMS en Centrafrique, lors de la cérémonie de remise à Bangui.

Ce geste s’inscrit dans une collaboration plus large entre l’OMS, les Nations Unies et le gouvernement centrafricain pour renforcer un système de santé fragilisé par des années de crises politiques et sécuritaires. Un projet de recrutement de volontaires onusiens a également été signé pour améliorer l’accès aux soins dans les régions reculées, où les infrastructures médicales sont souvent inexistantes.

Les propos controversés du ministre Pierre Somsé

Malgré l’importance de ce don, les déclarations du ministre de la Santé, Pierre Somsé, ont suscité un tollé. Lors de la cérémonie, il a qualifié l’aide de l’OMS de « goutte d’eau dans l’océan » des besoins du pays, soulignant que ce matériel, bien que précieux, ne résout pas les défis structurels du système de santé. Il a insisté sur la nécessité d’une « continuité » dans l’approvisionnement en consommables.

Regardez comment le ministre parle. C’est un propos d’un homme de la rue et non d’un responsable étatique. D’ailleurs, c’est l’État centrafricain qui doit prendre en charge l’approvisionnement en consommables plutôt que de dépendre indéfiniment des partenaires internationaux. « On vous donne, vous dites merci, et ensuite c’est à vous de gérer la suite », a déclaré un spécialiste centrafricain de la santé.

Ces commentaires ont choqué de nombreux observateurs, qui estiment qu’il n’appartient pas au ministre de minimiser un don aussi significatif. « Comment peut-on recevoir 800 000 dollars de matériel et parler de goutte d’eau? Cela donne l’impression d’ingratitude », a réagi un agent de santé à Bangui, sous couvert d’anonymat. D’autres critiquent l’attitude du ministre, perçue comme un manque de diplomatie face à un partenaire clé comme l’OMS.

Une gratitude sélective: le contraste avec la Russie

Les critiques se sont intensifiées lorsque l’on compare la réaction de Pierre Somsé à un don bien plus modeste de la Russie: trois cartons de médicaments contre le VIH/SIDA. Ce don, d’une valeur nettement inférieure à celui de l’OMS, a été qualifié d’« inestimable » par le ministre, qui a multiplié les remerciements publics, saluant l’engagement de la Russie et de ses partenaires, y compris le groupe Wagner, selon des sources médiatiques. Cette disparité dans le ton et l’enthousiasme a alimenté les spéculations sur les motivations du ministre, certains y voyant une politisation des relations internationales au détriment de la santé publique.

« Trois cartons, et on parle d’inestimable ; des milliards de francs CFA, et c’est une goutte d’eau. Comment comprendre cette logique? », s’interroge un journaliste centrafricain. Cette incohérence dans la communication du ministre pousse à s’interroger sur sa capacité à valoriser équitablement les contributions des partenaires, alors que la RCA dépend fortement de l’aide extérieure pour son système de santé.

Des craintes sur la gestion des dons

Au-delà des déclarations, un autre sujet préoccupe: la gestion du matériel médical. En Centrafrique, les soupçons de détournement d’équipements sanitaires ne sont pas nouveaux. En mars 2024, un scandale a éclaté lorsque l’épouse du ministre Somsé, Claire Sylvine Somsé, victime d’un AVC, n’a pu être soignée à Bangui faute d’équipements adéquats dans les hôpitaux publics. Cet incident a révélé un réseau de détournement d’équipements médicaux, revendus à des cliniques privées ou stockés dans des résidences de responsables. Bien que Pierre Somsé n’ait pas été directement impliqué, cet épisode a terni l’image du ministère et alimenté la méfiance.

Avec ce nouveau don de l’OMS, beaucoup craignent que l’histoire ne se répète. « On sait que ces équipements risquent de finir dans des cliniques privées ou chez des particuliers. Où est la transparence? », déplore une sage-femme de l’hôpital communautaire de Bangui. Ces inquiétudes sont renforcées par le passé du ministre, critiqué pour son incapacité à fournir des données de base sur le système de santé, comme le ratio de médecins par habitant, lors d’une interview en août 2024.

Une communication à repenser, une santé publique à reconstruire

Les propos de Pierre Somsé, jugés maladroits, risquent de fragiliser les relations avec l’OMS et d’autres partenaires. En qualifiant un don majeur de « goutte d’eau », le ministre donne l’impression de sous-estimer l’effort des donateurs, ce qui pourrait décourager de futures aides. Une communication plus équilibrée, reconnaissant la valeur des contributions tout en plaidant pour un soutien continu, serait plus appropriée. Comme l’a souligné Dr Belizaire, « ce matériel est vital, mais il faut un approvisionnement régulier pour maintenir son impact ».

Il y’a lieu de noter que le don de l’OMS représente une opportunité pour réduire les taux de mortalité maternelle et infantile en Centrafrique, mais il met aussi en lumière les failles du système de santé et de sa gestion. Les déclarations de Pierre Somse, bien qu’ancrées dans la réalité des besoins immenses du pays, ont manqué de tact et ravivé les doutes sur ses compétences. Dans un contexte où chaque aide compte, la RCA doit apprendre à valoriser ses partenaires tout en renforçant sa propre capacité à gérer ses ressources. Sans transparence, sans gratitude et sans vision, même les dons les plus généreux risquent de n’être que des gouttes d’espoir dans un océan de défis….

Source: corbeaunews

Pour plus d’informations et d’analyses sur la CentrAfricaine, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here