
Africa-Press – CentrAfricaine. On considère que l’araignée à toile-entonnoir de Sydney (Atrax robustus), invertébré iconique de l’Australie, est l’araignée la plus venimeuse du monde. Décrit en 1877 à partir d’une seule femelle, il a été remarqué que cet arachnide sombre, brillant et mesurant généralement jusqu’à 4 cm, est très commun et largement distribué dans la biorégion du bassin de Sydney, mais aussi au-delà.
Des spécialistes ont noté que sa morphologie semblait assez variable d’un spécimen à l’autre, avec des mâles anormalement grands apportés dans des muséums. Plus problématique: son venin semblait lui aussi changeant alors qu’il s’agit de l’un des plus dangereux pour l’humain, ayant fait plusieurs victimes avant la mise au point d’un anti-venin dans les années 80.
Tous ces indices ont fini par mettre la puce à l’oreille de plusieurs chercheurs: et si, depuis le début, la communauté scientifique se trompait sur son compte ? Et s’il existait, en réalité, plusieurs espèces distinctes regroupées sous le même nom de Atrax robustus ? Des analyses moléculaires et morphologiques, dont les résultats ont été publiés le 13 janvier 2025 dans la revue BMC Ecology and Evolution, ont enfin permis d’y voir plus clair.
Un « Big Boy » de 9 centimètres
Car oui, il n’y a pas qu’une araignée à toile-entonnoir de Sydney mais bien des araignées à toile-entonnoir de Sydney. Plus précisément, les chercheurs en compte maintenant trois. Déjà, « la ‘vraie’ araignée à toile-entonnoir de Sydney Atrax robustus est relativement répandue dans la région métropolitaine de Sydney » et dans la Côte centrale, précise l’étude. Elle peut aussi être trouvée dans la région des Montagnes bleues et dans la ville de Wollongong.
Ensuite, les chercheurs réhabilitent aussi l’espèce Atrax montanus, décrite en 1914, et dont l’aire de répartition chevauche celle de l’espèce historique, même si elle s’étend plus à l’ouest et au sud.
Mais la star de cette réévaluation est surtout celle désormais baptisée Atrax christenseni, trouvée au nord de Sydney, autour de la ville de Newcastle. Sa taille lui vaut le surnom de « Big Boy » (grand garçon, en français) car l’arachnide déploie une taille de 9 centimètres ! Ce qui fait qu’Atrax robustus et A. montanus sont généralement des araignées plus petites que A. christenseni, précisent les chercheurs.
« Cette araignée en particulier est beaucoup plus grande, ses glandes à venin sont beaucoup plus grandes et ses chélicères sont beaucoup plus longues », a expliqué auprès de Reuters le spécialiste Kane Christensen, qui a donné son nom à la nouvelle espèce. Il ajoute: « Parfois, vous pouvez les trouver dans un garage, dans une chambre ou quelque part dans la maison où elles auraient pu errer pendant la nuit ».
Optimiser l’anti-venin
Heureusement, l’anti-venin développé dans les années 80 semble être efficace contre toutes ces espèces. Cependant, les chercheurs remarquent que « la taxonomie révisée des araignées à toile-entonnoir pourrait avoir des implications pratiques pour la production d’anti-venins et les études biochimiques sur les venins d’araignées ». « Bien qu’aucun décès humain ne soit survenu depuis le développement de l’anti-venin dans les années 1980, celui pour les araignées à toile-entonnoir de Sydney pourrait être optimisé en considérant la différenciation biologique au niveau de l’espèce », estiment-ils.
Les auteurs de cette nouvelle étude craignent un déclin des araignées Atrax robustus et Atrax montanus dans les banlieues les plus développées de Sydney. Quant à Atrax christenseni, sa répartition est déjà extrêmement restreinte. Ils pensent qu’elle pourrait être menacée par l’urbanisation mais aussi par le commerce d’animaux de compagnie. Pour cette raison, ils n’ont pas indiqué son aire de répartition exacte.
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