Africa-Press – CentrAfricaine. Chez les oiseaux, la vue est un sens fondamental leur permettant de voler avec précision, de localiser de la nourriture, d’échapper à des prédateurs ou encore, de trouver un partenaire sexuel, de nombreux mâles étant connus pour la couleur de leur plumage. Mais leurs yeux perçoivent-ils d’autres éléments plus discrets ?
C’est la question que se sont posés trois chercheurs au sujet des oiseaux de paradis (Paradisaeidae). Ces derniers, que l’on retrouve dans l’est de l’Australie, en Nouvelle-Guinée et en Indonésie, sont connus pour leur plumage coloré et leur parade nuptiale élaborée. Une étude sur des oiseaux vivants étant impossible, les scientifiques ont donc exploité la collection ornithologique détenue par le Musée américain d’histoire naturelle situé à New York. Et ils ont fait une découverte étonnante.
En plongeant dans le noir 45 espèces de ces volatiles et en pointant sur elles une lumière bleue, ils ont remarqué que 37 d’entre elles étaient biofluorescentes ! « Chez les mâles, la biofluorescence se produit sur le plumage et la peau utilisés lors des parades reproductives, expliquent-ils dans leur étude. Les régions biofluorescentes varient selon les espèces mais comprennent la cavité buccale et le bec, ainsi que les plumes de la tête, du cou, du ventre et des panaches. Chez les femelles, la biofluorescence se limite généralement au plumage de la poitrine et du ventre ».
Selon les chercheurs, la majeure partie du plumage jaune vif et blanc des oiseaux de paradis est ainsi biofluorescent.
Se signaler de manière « tape-à-l’œil »
La biofluorescence survient lorsqu’une partie d’un organisme absorbe des longueurs d’onde de lumière à haute énergie (UV, violet, bleu) et les réémet à des longueurs d’onde de plus basses énergies (vert, jaune, orange et rouge), ici à l’aide de molécules particulières appelées fluorophores.
Dans ce cas, les chercheurs ont montré que « les taches biofluorescentes sur les oiseaux de paradis absorbent la lumière UV et bleue ambiante à haute énergie et les réémettent à des longueurs d’onde plus longues qui sont moins courantes dans les habitats boisés (environ 500 à 600 nm) », soit le jaune et le vert.
Ce phénomène permet d’augmenter l’intensité du plumage des oiseaux de paradis, déjà très coloré, « les faisant se démarquer dans cet environnement monochromatique » qu’est la forêt tropicale, expliquent les chercheurs. « Il semble logique que ces oiseaux tape-à-l’œil se signalent probablement les uns aux autres de manière encore plus tape-à-l’œil », résume dans un communiqué la chercheuse Rene Martin, auteure principale de l’étude.
Une utilité qui pose question chez les femelles
Quel rôle la biofluorescence peut-elle jouer chez ces oiseaux ? Les chercheurs pensent que les mâles pourraient l’utiliser notamment pour améliorer les signaux visuels utilisés lors des parades nuptiales, rendant celles-ci encore plus impressionnantes en jouant sur le contraste avec leurs plumes non colorées et l’environnement. Ce phénomène aurait aussi un effet sur la hiérarchie entre les mâles.
Et les femelles ? Contrairement aux mâles, elles ne réalisent pas de parades nuptiales élaborées ou de démonstrations hiérarchiques. Déjà, la localisation de leur plumage fluorescent est généralement plus restreinte: sur elles, « la biofluorescence est généralement limitée à la partie la plus claire des plumes marbrées sur la surface ventrale de leur corps », précise l’étude. Dans ce cas, la biofluorescence pourrait faciliter le camouflage en aidant à brouiller les contours de leur silhouette dans l’environnement.
Les chercheurs ajoutent que, par ailleurs, « bon nombre de ces femelles possèdent également des bandes oculaires fluorescentes, qui pourraient servir de signal visuel aux mâles pour leur indiquer qu’une femelle qui les observe assiste à une parade nuptiale ».
Les oiseaux de paradis ne sont pas les seuls à utiliser la biofluorescence. On la retrouve par exemple chez des chouettes, des engoulevents, des outardes, des Alcidés comme le macareux cornu ou encore chez des Psittaciformes comme la perruche ondulée.
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