Routes Migratoires des Oiseaux en Méditerranée Cartographiées

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Routes Migratoires des Oiseaux en Méditerranée Cartographiées
Routes Migratoires des Oiseaux en Méditerranée Cartographiées

Africa-Press – CentrAfricaine. Où vont les oiseaux qui passent au-dessus de nos têtes? Cette question reste largement ouverte. Si l’on connaît les couloirs des migrations des plus grosses espèces, soit parce que leur passage dans le ciel est visible aux mêmes périodes de l’année, soit parce que leurs aires de repos lors de leur voyage de nourrissage et d’hivernage sont bien cartographiées, il n’en est pas de même pour les plus petits oiseaux (la moitié des espèces d’oiseaux sont des passereaux), et certaines régions sont très mal connues, dont notamment les voies maritimes empruntées. En période de migration, de 8000 à 10.000 oiseaux s’engagent chaque jour en mer par kilomètre de côte.

C’est le cas de la Méditerranée. On n’y connaît rien des voies choisies par les hirondelles, rolliers, rossignols, ainsi que des habitudes estivales et hivernales de la plupart des oiseaux marins. La restitution du programme Migralion permet de répondre à certaines de ces interrogations, de plus en plus cruciales alors que les activités humaines en mer vont aller en s’intensifiant, notamment avec la création de parcs éoliens marins. Migralion a mobilisé 4,4 millions d’euros provenant de l’État et des régions Occitanie et Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Radars, GPS, observation visuelle: de nombreux outils scientifiques mobilisés

Les universitaires, les bureaux d’études, les associations naturalistes et les instituts de recherche réunis par l’Office français de la biodiversité (OFB) pilote du projet ont utilisé ces crédits pour déployer l’ensemble des technologies permettant de suivre de petits animaux qui ont la particularité de se déplacer principalement la nuit. Des bateaux ont été réquisitionnés pour suivre à la jumelle les vols de jour complétés par des radars embarqués de nuit comme de jour. Des radars spécialisés dans le suivi des oiseaux ont été déployés le long du littoral et les espèces nocturnes ont été détectées par enregistrement sonore. Enfin, plus de 500 oiseaux ont été équipés de balises GPS. 40 espèces ont été ciblées, 4 marines (puffins, sternes, mouettes), 11 migratrices (flamants roses, avocettes, hérons, spatules), 25 terrestres (faucons, tourterelles, engoulevents, rossignols, hirondelles). Les balises posées pèsent 6 grammes, et aucun oiseau n’a du supporter une charge supérieure à 5% de son poids afin de ne pas entraver ses capacités de vol.

Au total, ce sont des téraoctets de données qui ont été collectés et que l’on peut consulter sur le site de l’OFB. Le défi technique — atteint — a été de combiner des données diverses, complexes et nombreuses pour obtenir un résultat homogène. Les résultats que donne un radar ne sont pas de même nature que ceux obtenus par un GPS. De nouvelles méthodes d’analyse ont donc dû être développées.

Grâce à ces avancées, on sait désormais qu’entre janvier et juin, en période prénuptiale, les populations d’oiseaux se concentrent dans la partie ouest du golfe, près des côtes des Pyrénées-Orientales, de l’Aude, de l’Hérault, des Bouches-du-Rhône. Après la reproduction, les oiseaux vont jusqu’à 50 kilomètres en mer, dans des zones plus à l’est. Ils traversent même le golfe sans longer les côtes. Les oiseaux de mer suivent peu ou prou le même schéma: « Lors de leur reproduction au printemps et en été, leur présence est maximale sur la frange côtière tandis qu’en période d’hivernage ils occupent une grande zone à l’ouest du plateau du golfe du Lion ainsi qu’une large bande dans l’est du golfe de Lion au droit de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur », lit-on dans le rapport.

Des parcs éoliens industriels

Cette dernière information revêt ainsi une importance particulière. C’est en effet au large de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) que va être construit l’un des deux premiers parcs éoliens offshore industriels, réel coup de départ du développement de l’éolien dans la zone économique exclusive (ZEE) de la France en Méditerranée. Avec comme point de départ en cette année 2025, un parc pilote qui vient d’être installé au large de Port-la-Nouvelle (Aude). Trois éolienne flottantes de 10MW vont entrer en production d’ici à décembre. Elles couvriront les besoins de 50.000 foyers.

Suivront des projets d’une toute autre ampleur. Fin 2024, le ministère de l’Industrie et de l’Énergie a en effet révélé les noms des deux lauréats d’un appel d’offres portant sur des projets industriels de 250 mégawatts, soit des parcs de plus de 20 éoliennes qui entreront en service en 2031. Le projet Narbonaise est situé à plus de 25 kilomètres des côtes entre Agde (Hérault) et Port-la-Nouvelle (Aude). Celui de Golfe de Fos également à plus de 25 kilomètres des côtes se situe donc au large de Fos-sur-Mer, une zone vraisemblablement fréquentée par les oiseaux marins l’hiver, selon les résultats de Migralion.

Les porteurs de projet (EDF renouvelables et Maple Power pour Fos, Ocean Winds et Eolien en mer Participation pour la Narbonnaise) avaient déjà pour obligation de rendre des études d’impact précises de l’implantation des éoliennes sur la faune et la flore méditerranéenne, notamment les oiseaux.

Migralion va donc servir à mieux positionner le parc pour éviter d’empiéter sur la zone de vie des oiseaux. Selon l’OFB, le programme devra d’ailleurs être enrichi et ramené à une échelle encore plus locale pour anticiper les effets d’un nombre toujours plus important d’éoliennes. Il est en effet d’ores et déjà prévu que les deux premiers parcs de Fos et de la Narbonnaise seront doublés.

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