Sida : les cellules dormantes du VIH libèrent toujours de l’ARN, même sous thérapie

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Sida : les cellules dormantes du VIH libèrent toujours de l’ARN, même sous thérapie
Sida : les cellules dormantes du VIH libèrent toujours de l’ARN, même sous thérapie

Africa-Press – Comores. Même lorsque les cellules du VIH sont dormantes, le virus est capable de produire et de libérer de l’ARN messager. On savait déjà que ce phénomène se produit sur des cellules de laboratoire. Désormais, une étude publiée dans Cell montre que chez l’humain aussi, même sous thérapie anti-rétrovirale, le VIH dormant est capable de produire de l’ARN.

Pour cela, l’équipe de chercheurs a recruté 18 personnes vivant avec le VIH et sous thérapie anti-rétrovirale – des thérapies permettant de bloquer la propagation du VIH sans pour autant réussir à tuer le virus – depuis au moins trois ans. L’équipe a pu observer en détail les cellules immunitaires CD4+ (aussi appelées lymphocytes T) et voir lesquelles contenaient du virus. Le nombre de cellules actives a pu être mesuré pour chaque patient. Sur les 18 d’entre eux, 14 avaient un réservoir de VIH qui produisait spontanément de l’ARN viral. Un phénomène particulièrement remarqué dans un sous-groupe des lymphocytes CD4 appelés les “cellules mémoires”, liées à la défense des muqueuses. D’autre part, chez 7 des 18 patients, ce réservoir produisait aussi des protéines virales, un des composants de l’enveloppe du VIH. “Il y avait plusieurs hypothèses que de rares cellules pouvaient ne pas être si dormantes que cela, et exprimer des parties du virus. Finalement, ces cellules sont plus fréquentes qu’initialement suspecté”, explique Mathieu Dubé, analyste en sciences des données à l’Université de Montréal (Canada) et co-auteur de l’article.

Des débris reconnus par l’organisme

L’ARN et les protéines produites par le VIH dormant ont beau n’être que des débris incapables de vraiment se multiplier, l’organisme produit tout de même une réponse immunitaire. “Un débris de pathogène peut effectivement mener à une réponse immunitaire – d’ailleurs c’est le principe d’un vaccin – mais le débris en soi n’est pas suffisant pour causer de pathologie. Pour cela, le pathogène doit être complet. D’où la notion de débris. Pour prendre une analogie culinaire, ce n’est pas parce qu’un poisson est reconnaissable dans notre assiette, qu’il peut nager si on le retourne à l’eau”, détaille Mathieu Dubé. En clair, la recrudescence de la maladie suite à l’arrêt du traitement ne peut pas être causée par des débris du VIH.

Les résultats de l’étude laissent toutefois penser que ces réservoirs de VIH pourraient être à l’origine de l’augmentation des taux d’inflammation que connaissent les malades du VIH. “Cet élément pourrait être crucial pour les personnes concernées par l’inflammation. Cette dernière engendre plusieurs complications, comme l’accélération de maladies cardiaques, une plus grande fragilité ou encore de l’ostéoporose”, explique le Pr Daniel Kaufmann, spécialisé en immunologie à l’Université de Lausanne (Suisse) et co-auteur de ces travaux. Ces réservoirs de VIH pourraient, à terme, être la cible de nouveaux traitements capables d’améliorer le confort de vie de ces malades.

Quel impact sur l’immunité ?

Cette découverte ne change toutefois rien pour le quotidien des personnes qui prennent un traitement contre le VIH à vie. “On savait déjà que les personnes qui prennent un traitement antiviral ne doivent pas stopper la thérapie, car sinon le virus revient rapidement dans la grande majorité des cas. Le fait que les cellules réservoirs continuent à produire de l’ARN des protéines virales implique que les réponses immunitaires sont constamment stimulées. Cela pourrait avoir des conséquences négatives, soit sur les défenses du corps qui visent spécifiquement le virus, soit plus généralement, pouvant contribuer à de l’inflammation”, explique le Pr Daniel Kaufmann. Il n’est pas clair si les débris de VIH ont un impact positif, en maintenant une réponse anti-VIH dans l’organisme ou négative, en épuisant ces réserves.

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