Africa-Press – Comores. L’Homme a domestiqué les autres animaux au cours du temps et a remarqué que ces derniers pouvaient non seulement ressentir, mais aussi partager leurs émotions. Nous avons tous déjà été témoins des réactions empathiques des chiens lorsque leur maître est triste ou encore la méfiance des chevaux face à des cavaliers peu rassurés. “Les animaux tels que les chiens, les chats ou les chevaux sont capables de différencier les émotions humaines et semble aussi subir des transferts affectifs de la part des Hommes”, précise Samantha Ward, professeure de soins aux animaux sauvages, de l’université de Nottingham (Royaume-Uni), dans un communiqué.
Mais est-ce dû à la domestication ou est-ce une banalité dans le règne animal ? C’est pour répondre à cette question qu’une étude sur trois ans va être lancée en décembre 2023 par Samantha Ward et Annika Paukner, enseignante chercheuse à l’université de Nottingham en psychologie cognitive. Leur idée, présentée le 25 septembre 2023 dans un communiqué, est d’observer les comportements des suricates face à différentes attitudes humaines (joie, tristesse, colère) pour pouvoir, à terme, améliorer leurs conditions de vie dans le zoo.
Les suricates, de parfaits sujets d’étude
Les suricates (Suricata suricatta) sont des carnivores originaires du sud-ouest de l’Afrique. Ils vivent en groupes dominés par un couple alpha dans des régions désertiques ou semi-désertiques. Cette espèce est déjà connue des éthologues (scientifiques étudiant les comportements des animaux) pour posséder des réactions empathiques et pour partager une émotion entre eux (par exemple, la peur est transmise par le guetteur et se propage à travers le groupe, même si les autres suricates ne savent pas pourquoi ils doivent avoir peur).
Ils sont donc tout désignés pour être les cobayes des expériences ! “Les suricates sont très attentifs à leur environnement ainsi qu’aux visiteurs du zoo. Ils interagissent avec des personnes connues (les soigneurs) mais également inconnues (les visiteurs), ce qui font d’eux une attraction pour le parc et une espèce parfaite à étudier pour nous”, s’exclame Samantha Ward.
Les suricates savent-ils lire les émotions des humains ?
Le principe de son étude est simple : observer, enregistrer et interpréter les émotions des suricates en présence d’humains connus et inconnus. Le but est de savoir s’ils sont capables de différencier les états émotionnels des humains autour d’eux, si la proximité joue un rôle dans ce mimétisme (tout comme nous qui sommes plus sensibles aux sentiments de nos proches ou les chats qui sont “connectés” à leur maître plutôt qu’à des étrangers) et si cela impacte leur perception et leur manière de se comporter.
“Par exemple, si un soigneur influence le comportement des suricates mais pas un visiteur, alors nous pourrons mettre en place des protocoles pour améliorer la santé mentale des animaux. En revanche, si c’est le visiteur et non le soigneur qui a une plus grande influence, alors nous pourrons proposer des aménagements d’enclos permettant de ne pas les laisser en contact prolongé avec les humains, potentiellement anxiogènes pour eux”, affirme la professeure Ward. “Cela va être un challenge intéressant pour notre équipe de recherche qui va permettre de trouver des réponses aux questions suivantes : qu’est-ce qui motive les suricates ? Ou encore, sont-ils optimistes ou pessimistes ?”, se réjouit-elle.
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