Africa-Press – Comores. Alors qu’ils ont lancé un appel solennel une semaine plus tôt, les opposants pro-boycott des élections du 14 janvier, n’ont finalement pas tenu la manifestation qui devait avoir lieu à Moroni hier mardi. Ce n’est que tard dans l’après-midi qu’ils se sont fendus d’un communiqué pour annoncer le report.
Les opposants pro boycott des élections du président de l’Union et des gouverneurs des îles ont fait un faux bond aux quelques militants qui ont eu le courage de faire le déplacement au milieu des forces de l’ordre déployées un peu partout dans la capitale pour sans doute empêcher les opposants de battre le pavé. Pourtant en prélude à ladite manifestation, la direction du Front commun anti élection avait lancé un appel solennel à toutes les Comoriennes et tous les Comoriens, force est de constater qu’aucune grande figure parmi les organisateurs n’a daigné apparaitre dans la capitale, provoquant ainsi le courroux de la poignée de militants venus pour la circonstance. « Nous sommes venus ici à nos risques et périls, pendant qu’ils sont dans leurs salons. C’est lâche ce qu’ils nous ont fait », tempête ce trentenaire depuis l’emblématique place de l’indépendance quadrillée par la force publique.
Ce n’est qu’en début d’après-midi qu’un communiqué a été publié par les organisateurs pour annoncer les raisons de ce faux bond. Ils évoquent un climat général marqué par les différentes manifestations populaires en cours dans les localités et « la volonté du pouvoir dictatorial d’entrainer les forces démocratiques dans une spirale dangereuse pour la Nation ». Par conséquent, ils ont décidé de reporter sine die la manifestation. « Les nouvelles dispositions prises pour la réussite du combat en ces heures décisives seront communiquées en temps utile à tous les militants et les structures engagés dans cette lutte cruciale pour les libertés publiques et constitutionnelles et l’organisation de véritables élections transparentes, démocratiques et crédibles », poursuit le document.
Selon nos informations, c’est depuis la veille que la décision de reporter la manifestation a été prise par l’instance dirigeante du Front anti élection. Les raisons sont diverses. La principale, les dirigeants peinent à avoir du soutien parmi les partis et autres groupements de l’opposition favorables au boycott. En témoigne ce courrier de Comred adressé aux organisateurs qui ont tenté de convaincre la Convergence des mouvements pour la République et l’État de droit, à la tête de laquelle le Mouroua de Said Abbas Dahalane. « A notre grand regret, les entretiens ne nous ont pas permis d’avoir une feuille de route claire, de nature à mobiliser toutes nos forces dans le projet que vous avez esquissé. Dans ces conditions, le Comred ne pourra pas s’engager dans un tel projet immédiat, mais confirme son entière disponibilité, à tout moment, pour poursuivre les échanges, afin que notre pays mette, dans les plus brefs délais, un terme définitif à cette dictature, grâce à la mobilisation de toutes les forces démocratiques de notre pays ».
Il faut dire que même si les organisateurs avaient maintenu la manifestation, pas sûr que les choses se seraient déroulées comme prévu. Les forces de l’ordre ont été déployées partout dans la capitale pour empêcher cette expression démocratique. Les journalistes qui s’étaient regroupés à la place de l’indépendance ont été priés d’évacuer les lieux. Le leader du parti Hury, Achmet Said Mohamed, est arrêté par la gendarmerie à son domicile selon ses proches. Il aurait appelé les siens à prendre part à cette manifestation anti élections. Une position qui suscite des interrogations quand on sait que le mis en cause bat campagne au côté du candidat à la présidentielle Salim Issa, soutenu par le parti Juwa.
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