Africa-Press – Comores. Des bourrages d’urnes, des bureaux de votes fermés et des voix comptés avant l’heure règlementaire de fermeture. Les élections du président de l’Union et des gouverneurs des îles du 14 janvier auront été entachées de plusieurs irrégularités.
Le directeur de campagne du président-candidat Azali Assoumani aura beau se moquer de la « faible » mobilisation des électeurs en faveur de l’opposition, mais il n’en demeure pas moins que le régime qu’il soutient et dont il vante la popularité est loin d’être serein. Dimanche 14 janvier se tenait le 1er tour des élections du président de l’Union et des gouverneurs des îles. Le vote dans plusieurs localités notamment à Anjouan et Mohéli, « n’en est pas un », selon plusieurs sources dignes de foi dont des observateurs. Elles rapportent que des membres des bureaux ont bourré les urnes et émargé les listes à la place des vrais électeurs. Des images attestant de ces pratiques crapuleuses circulent sur les réseaux sociaux. La fraude a eu lieu à ciel ouvert.
C’est à Anjouan, fief du parti de l’opposition Juwa de l’ancien président Sambi (en prison depuis 2018) que les fraudes ont été les plus flagrantes. « L’armée est partie avec les urnes vers 13h avant de revenir avec elles vers 15h. Elle a fermé les bureaux et exigé le comptage des voix. Les membres des bureaux ont exécuté les consignes », nous confie un responsable Juwa au niveau de la commune de Mramani où a eu lieu cette triste scène. Notre interlocuteur dont nous tairons volontairement le nom pour des raisons évidentes, est certain d’une chose: « Les militaires ont bourré les urnes avant de les retourner dans les bureaux pour le dépouillement avant 18h00 », heure officielle pour leur fermeture. A certains endroits, toujours à Anjouan, elles ont été remplies une heure après le début du vote. « Il est 8h et 12 minutes. Les caisses sont déjà pleines et nos mandataires sont dehors », rapporte Latuf Abdou, cadre du parti Juwa.
Dans une déclaration à la presse à la mi-journée, les candidats de l’opposition ont fustigé. « Avec la complicité de l’Armée, Azali fait une récidive de ce qu’il a fait en 2019 », s’emporte Mouigni Baraka Said Soilihi citant plusieurs régions et localités dont Mkazi, où des cas de fraude ont été recensés. Dans la foulée de cette déclaration musclée de l’opposition, les partisans d’Azali ont vainement tenté de monter au créneau en conviant à leur tour la presse. Fidèle à lui-même, Houmed Msaidie, directeur de campagne du président-candidat a nié l’évidence et a contesté les cas de fraudes rapportés, lors d’une courte allocution totalement hors-sol.
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