Africa-Press – Comores. Jamais depuis l’instauration du visa Balladur (1995) et la prétendue départementalisation de l’Ile comorienne de Mayotte (2011), un gouvernement français n’est allé aussi loin dans la provocation et la surenchère sur l’épineux contentieux qui oppose la république Française et l’Union des Comores. Au diffèrent franco-comorien sur le statut de Mayotte, s’ajoute une guerre de politique interne entre l’extrême droite raciste conduit par Marine Le Pen et un Macron qui se trouve dans une crise de gouvernance avec une majorité vacillante.
Le début de l’opération Wuambushu 2 avait fait couler beaucoup d’encre dans la presse nationale (Comores) et peu de salive du côté du gouvernement comorien en quête d’une légitimité internationale et doit forcément passer par Paris. Soucieux d’irriter un ami qui l’est de moins en moins, Moroni continue de faire le grand muet pour s’exonérer de toute explication sur les manquements décriés par l’opposition lors des dernières élections présidentielles qui continuent de polariser le débat politique. La mise en détention préventive de l’ancien premier flic du pays (Mohamed Daoudou alias Kiki) en est une parfaite illustration.
Avant le début du lancement de l’opération Wuambushu 2, le gouvernement français avait fait des annonces et des promesses aux élus les plus radicaux de l’île sur des modifications spécifiques à Mayotte en ce qui concerne le fameux droit du sol. Apparemment ce n’était pas des promesses en l’air, Macron et son gouvernement compte servir la soupe à Marine Le Pen dans un territoire ou le Rassemblement National (RN) fait la pluie et le beau temps depuis belle lurette. En tout cas c’est ce que a semblé dire la ministre Guévenoux lors de son récent passage dans l’île, répondant à une question dans le JT de Mayotte la Première. « Le Président de la République a les deux yeux braqués sur Mayotte pour aider les mahorais et avoir une discussion sur l’avenir du territoire », dit-elle.
Et la ministre de surenchérir sur les promesses que le président Macron compte tenir vis-à-vis du 101e département. « Nous avons pris l’engagement de présenter deux projets de loi. Un projet de loi constitutionnel qui vise à abroger le droit de sol à Mayotte, un projet de loi Mayotte qui vise quatre objectifs, la sécurité, l’immigration, le développement économique et social et des mesures institutionnelles », poursuit la ministre. Prévus pour être présenter en juillet lors de la reprise des débats au parlement français, ces deux projets de lois seront présentés d’abord aux élus mahorais lors d’une rencontre à l’Elysée le 17 mai prochain. « Ils seront présentés le 17 mai par le président de la république directement auprès des élus de Mayotte, du président du conseil départemental, des maires et des parlementaires mahorais qui seront invités à une réunion le 17 mai à l’Elysée » promet-elle.
Cette réunion à l’Elysée augure-t-elle d’un changement de paradigme du gouvernement français vis-à-vis des autorités comoriennes ou est-ce de la poudre de perlimpinpin pour les mahorais en vue des élections européennes pour lesquelles Renaissance, le parti de Macron est annoncé perdant dans l’île. La réponse est en tout cas entre les deux. Ce qui est sûr, c’est que Moroni a été mis à l’écart contrairement à ce qui se faisait ces dernières années ou un cadre de dialogue a été instauré pour discuter des questions relatives à l’ile de Mayotte. Peut-être, qu’après le 26 mai, le gouvernement comorien pourra sortir de sa léthargie et donner sa position sur ce nouvel affront que la France s’apprête à lui infliger.
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