Africa-Press – Comores. Ils sont 25 jeunes, venus des quatre coins du pays, à s’être réunis pour une formation intensive en leadership dans le cadre du projet SHAWIRI, du 30 juin au 2 juillet 2025. Pendant trois jours, ces jeunes engagés vont explorer les clés du leadership inclusif, de la participation citoyenne et de la transformation sociale. Une formation qui parie sur la jeunesse pour changer les normes et les pratiques dans un pays en transition.
Avec plus de la moitié de sa population âgée de moins de 30 ans, l’Union des Comores fait face à un double défi: offrir des perspectives aux jeunes, tout en renforçant leur rôle dans la vie publique. C’est donc l’ambition du projet SHAWIRI, financé par l’Union européenne et mis en œuvre par le Centre européen d’appui électoral (ECES), avec le soutien de l’ONG MAEECHA. La formation, baptisée LEAD, a été conçue comme une réponse concrète à un contexte préoccupant: 38% de chômage chez les jeunes, 40% chez les femmes, et seulement 2% de femmes au Parlement. Elle cible ainsi des jeunes en devenir, actifs dans la société civile, pour leur fournir des outils pratiques, mais aussi une vision collective de l’engagement. « Former ces jeunes, c’est miser sur des relais durables de transformation dans leurs communautés », explique Hamza Fassi-Fihri, chef de projet SHAWIRI et représentant d’ECES.
Les profils sélectionnés reflètent la diversité du pays: équilibre entre hommes et femmes, zones urbaines et rurales, et une représentation équilibrée entre les îles. Quinze participants proviennent d’organisations de la société civile accompagnées par MAEECHA, six sont représentants du Parlement Régional des Jeunes de l’Indianocéanie, et d’autres sont désignés par les directions régionales de la jeunesse. « Il ne s’agit pas seulement de former des jeunes, mais de créer une dynamique inter-îles et de renforcer la capacité collective de la jeunesse à prendre part aux débats publics », insiste ECES.
Animée par un expert du programme LEAD, la formation a alterné jeux de rôle, mises en situation, études de cas et discussions guidées, pour favoriser la prise de conscience, la confiance en soi et l’esprit d’initiative. « Je suis ici pour apprendre à mieux encadrer les jeunes filles de mon quartier, mais aussi pour me préparer à porter des projets communautaires qui ont du sens », témoigne Assiati Houmadi, venue de Mutsamudu. De son côté, Saïd Abdou, jeune d’Itsandra, partage le même enthousiasme: « C’est la première fois qu’on me forme sérieusement au leadership. J’ai toujours voulu m’engager, mais je ne savais pas par où commencer. »
Cette formation constitue l’une des premières étapes de la mise en œuvre du produit 1.2 du projet SHAWIRI. Celui de créer un écosystème propice au changement de normes et de pratiques vis-à-vis des femmes et des jeunes. Elle vient ainsi alimenter le Résultat R1, qui prévoit le renforcement des ressources locales pour que ces publics puissent développer leurs compétences sociales, culturelles et cognitives. Au-delà de la formation, le projet entend structurer un réseau de mentors jeunes qui poursuivront le travail sur le terrain. Ces futurs leaders seront accompagnés et suivis dans leurs projets communautaires, qu’il s’agisse de sensibilisation, de médiation, de plaidoyer ou d’actions citoyennes.
Le projet SHAWIRI, lancé en février 2024 pour trois ans, vise à renforcer l’inclusion des femmes, des jeunes et des personnes handicapées dans la vie publique et sociale. Il s’appuie sur trois axes: la création d’un cadre favorable à la participation, le renforcement de la société civile, et l’appui aux institutions publiques dans leurs missions. « Ce que nous voulons, c’est une jeunesse qui ne se contente pas de subir, mais qui participe, qui propose, qui construit », affirme le chef de projet Shawiri. Et d’ajouter: « Le changement de mentalité passe par l’éducation à la citoyenneté. Cette formation est un pas dans ce sens. » À l’issue des trois jours de formation, les jeunes repartiront dans leurs localités avec des outils concrets et un réseau de pairs motivés.
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