Réglementation des Horaires D’Enterrements à Considérer

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Réglementation des Horaires D'Enterrements à Considérer
Réglementation des Horaires D'Enterrements à Considérer

Africa-Press – Comores. L’idée de réglementer les horaires des enterrements pourrait effectivement apporter une certaine organisation, comme le font nos voisins tanzaniens et zanzibaris, en permettant aux citoyens de s’organiser autour de ces événements sans perturber leur quotidien professionnel.

Samedi 30 aout dernier, soit 48h avant l’entrée en vigueur annoncée des nouvelles mesures portant modification des horaires de travail dans l’administration publiques, deux événements survenus sous les cocotiers ont eu le mérite de nous interpeller: les décès du chauffeur du secrétaire général du gouvernement à Mitsoudjé, et celui de l’épouse l’ancien commandant de la gendarmerie nationale, à Moroni. L’administration s’est retrouvée presque entièrement vidée de son personnel qui s’affairait entre assister aux enterrements et présenter les condoléances aux familles éplorées, à 11 kilomètres d’intervalle. Chose tout à fait normal, eu égard à notre culture. Mais ce qui ne l’est pas, en revanche, c’est condamner les administrés pour des évènements extra professionnels. Imaginez un citoyen qui attend de récupérer un document dans un département donné de l’administration, et qui, une fois sur place, se rend compte qu’il n’y a personne ou que le signataire est parti… à un enterrement. Ce même scénario se produit également dans les milieux hospitaliers où les malades sont livrés à eux-mêmes.

Ces habitudes mettent en lumière un dilemme entre les impératifs culturels et les besoins de la gestion administrative et des services publics. Elles soulèvent aussi des enjeux qui touchent à la fois à la religion, aux traditions, et à l’efficacité de l’administration à l’heure où l’on mise sur plus de productivité pour des meilleurs résultats. En soi, il n’est pas surprenant que dans des sociétés comme la nôtre où la solidarité, le soutien aux familles endeuillées et les rites funéraires sont fondamentaux, qu’une telle pratique soit profondément ancrée. La difficulté réside dans le fait que ces absences répétées, bien que compréhensibles d’un point de vue culturel, affectent la gestion des services publics avec tous les corolaires qu’on connait. On peut imaginer des citoyens frustrés qui doivent parfois revenir plusieurs fois à une administration pour accomplir une simple démarche, à cause de ces absences imprévues.

L’idée de réglementer les horaires des enterrements pourrait effectivement apporter une certaine organisation, comme le font nos voisins tanzaniens et zanzibaris, en permettant aux citoyens de s’organiser autour de ces événements sans perturber leur quotidien professionnel. Certes, trouver un équilibre entre respecter les rituels funéraires et assurer la continuité du service public ne va pas être une sinécure. Mais peut-être que l’idée de rendre ces absences « prévisibles » par exemple en accordant des horaires spécifiques pour les enterrements, pourrait apaiser ce genre de tension. Les nouveaux horaires de travail devraient peut-être aller de pair avec la règlementation des horaires d’enterrement, sans quoi ils risquent de n’être qu’un coup d’épée dans l’eau. Il ne faut surtout oublier que ces enterrements précipités sont parfois susceptibles de masquer des crimes. L’affaire Echat, 11 ans, violée, tuée et jetée dans une citerne à Malouzini-Graphica en février 2024 en est un rappel constant. Nous ne devons pas enterrer nos proches comme on se débarrasserait du cadavre d’une bête infestant l’air.

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