Abdou Djohar : « Notre langue est riche en polysémie »

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Abdou Djohar : « Notre langue est riche en polysémie »
Abdou Djohar : « Notre langue est riche en polysémie »

Africa-Press – Comores. Dans une conférence, Abdou Djohar a abordé la question de la langue comorienne.

Il s’est exprimé sur l’origine de la langue et son écriture, son vocabulaire mais aussi ses expressions. Tout comme les auteurs de la « Pléiade » au XVe siècle français, Abdou Djohar veut redonner à la langue comorienne ses lettres de noblesse.

« Nombreux sont ceux qui parmi nous parlent le Shikomori sans aucune notion d’écriture. Notre langue est une langue comme les autres.

Bien que nous n’ayons pas un alphabet proprement à nous, nous utilisons l’alphabet français à l’écrit du Shikomori mais avec une transcription différente », explique-t-il pour faire la différence entre monèmes et graphèmes comoriens.

Pour écrire « Tchai », le thé en langue étrangère, on écrit « Cai » car en shikomori le « (Tche) s’écrit (C) » décrit le conférencier. Le Ou s’écrit U en Shikomori à titre d’exemple Putu (piment).

Et le (gn) en shikomori s’écrit (ny) comme Nyama (la viande). Le (OI) dans notre langue c’est le (W). « Deux lettres françaises ne sont plus utilisables à l’écrit de Shikomori dont les lettres (X) et (Q).

Et cela s’explique par le fait que dans la langue il n’existe pas un mot qui nécessite ces deux lettres », précise-t-il. Pour l’auteur de plusieurs romans sur la littérature comorienne, le Shikomori est une langue comme les autres car elle a une grammaire, un vocabulaire, une orthographe puis des expressions figées.

Dire « Mwana », en français c’est « Enfant ». Et puis « Wo wana » c’est dire « les enfants ». Le nom et le déterminant qui est la partie de la grammaire. Savoir que la viande s’écrit « Nyama » en Shikomori c’est l’orthographe.

En parlant des expressions figées en français, on retient « être aux anges, être au parfum », qui ont un sens déterminé tout comme en shikomori « Wu puwa mwaha ».

« Non seulement ça, notre langue est riche en polysémie », précise-t-il. Le mot « Mafura » en shikomori peut avoir plusieurs sens, dont « wupvaha mafura, mafura ya tasani, nitriniye mafura ».

Donc toutes ses disciplines d’enseignement ont permis au conférencier de soutenir que la langue comorienne a droit « à un enseignement digne. L’objectif de cette rencontre est de valoriser la langue comorienne et la manière d’enseigner la langue ».

Et de poursuivre : « Toutefois le Shikomori est un ensemble des dialectes Shindzuani, Shimwali, Shingazidja et Shimaore » parlés dans chacune des quatre îles de l’archipel.

En ce qui concerne l’origine de la langue comorienne, le conférencier montre qu’il faut comprendre que le Shikomori est une langue née à partir du Bantou qui a abouti au Swahili.

Les caractéristiques du bantou est le pré préfixe (mwana Ye mwana Wo wana). Pour lui le vocabulaire ne détermine pas l’origine d’une langue. Pour rappel, Abdou Djohar est né à Simboussa dans l’est de Mbadjini.

Titulaire d’un doctorat en Sciences du langage obtenu à l’Université Paris 13 Sorbonne, il est professeur de français en lycée à Paris. Il est auteur de nombreux livres et articles sur la littérature et la langue comoriennes.

Secrétaire général de l’association de la Diaspora Comorienne en France, il fonde avec de jeunes cadres comoriens le journal Manga (journal papier de la diaspora comorienne).

Attentif aux attentes de l’école comorienne, il a fondé également le journal scolaire Kura la Ezi en soutien aux élèves des lycées et collèges publics. Actuellement, il est membre du comité de bienveillance du laboratoire TTN de l’Université Paris 13 Sorbonne Paris Cité.

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