Mamoune Chakira : « Pour 2022, on a réussi à désengorger un peu la zone départ. L’on voudrait continuer au niveau de la zone arrivée »

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Mamoune Chakira : « Pour 2022, on a réussi à désengorger un peu la zone départ. L’on voudrait continuer au niveau de la zone arrivée »
Mamoune Chakira : « Pour 2022, on a réussi à désengorger un peu la zone départ. L’on voudrait continuer au niveau de la zone arrivée »

par Andjouza Abouheir

Africa-Press – Comores. Masse salariale, licenciement, management, aménagement, investissement, perspectives pour les années futures, tels sont les points évoqués avec le directeur général de l’ADC Mamoune Chakira. Il a accepté de répondre à nos questions.
Question : Nous sommes en 2023, est-ce que l’aéroport est en chantier ? Si oui, quelles sont les nouveautés que l’on peut attendre ?
Moumoune Chakira : Pour l’année 2022, on a réussi à désengorger un peu la zone départ de l’aéroport. L’on voudrait continuer la même chose au niveau de la zone arrivée par une extension. Actuellement, sur une partie où les gens débarquent, font les formalités de l’immigration, de police et voyage, nous envisageons de les séparer. Cette option va nous permettre de désengorger les lieux et l’on pourrait gérer le trafic des cinq prochaines années en attendant les grands projets.

Question : En termes de travaux, avez-vous réalisé des aménagements importants ?
M.C : En 2022, nous avons surtout aménagé la zone départ de Moroni et acquis des machines rayon X. Disons que les machines que nous avons reçu des Chinois en 2008 commençaient à lâcher, donc nous avons les remplaçons à la fois au niveau des vols domestiques et à l’international. Nous avons augmenté la surface des traitements de passagers au départ, les comptoirs immigration départs, les comptoirs des enregistrements coté départ, des zones de bureaux de l’aérogare. Nous avons aussi entamé en 2022, cette fois-ci avec l’aide de l’Etat, un projet de réparation des pistes qui coutent quand même un milliard de francs comoriens, financé à 100% par l’Etat, dont les travaux ont démarré à la fin de l’année. Nous continuerons à Moroni jusqu’en avril-juin. Et après, nous irons sur Anjouan et sur Mohéli. C’est un projet de réparation des pistes, qui n’étaient pas entretenues depuis presque 40 ans. Nous faisons en même temps une étude de réhabilitation qui nous permettra de savoir ce qu’il faut faire pour la suite.

Question : Quelle a été la situation financière que vous avez hérité à votre arrivée ?
M.C : Malheureusement en 2019, on a quand même eu un déficit assez important, c’était la période florissante à l’époque. Et en 2022, nous ne l’avons pas encore résorbé, on remonte un peu mieux la pente. Une situation difficile que j’ai trouvée, des charges importantes notamment au niveau du personnel. Une organisation qui n’était pas forcement liée aux besoins. On a eu à commander un audit organisationnel et financier dont le résultat commence à arriver, l’on s’y appuie un peu pour clarifier la suite. Sur l’amélioration des recettes, on va introduire des nouvelles recettes, notamment l’on compte nouer un partenaire pour la gestion du parking-auto et la gestion des publicités. Ce qui nous permettra d’améliorer nos revenus. On devait en 2023 pour les recettes, retrouver le niveau d’avant covid. Nous allons faire l’effort de continuer à contenir les charges malgré le fait que certaines augmentent comme le carburant et l’électricité. Nous allons faire l’effort de retrouver des ressources ailleurs notamment pour pouvoir équilibrer les comptes et dégager de quoi à investir. En 2023 contrairement aux années précédentes, nous espérons dégager 700 millions d’investissement, des fonds propres de l’ADC. On aura une subvention de l’Etat de près de 170 millions essentiellement pour les scanner Rayon X de Mohéli et de Moroni et on empruntera à hauteur de 360 millions. On va avoir un investissement sur l’année 2023 de l’ordre de 1.230.000.000 de nos francs.

Question : Quel est la masse salariale actuelle ?
M.C : La masse salariale est assez élevée, elle était en 2022 d’à peu près 1.540.000.000 sur l’année soit 100 millions par mois sans les autres charges. Pour maitriser la masse salariale, nous avons engagé différents délégués des personnels, pour présenter les chiffres en question. Ils ont pris le temps de rencontrer le personnel pour passer le message. On est en train de se préparer pour présenter la situation et une fois que ces deux étapes sont franchies, nous espérons d’ici fin janvier présenter la situation au gouvernement. Et on va avoir des critères clairs, de manière à résoudre le problème de la masse salariale mais aussi de pouvoir former ceux qui vont rester. L’idéal sera de diviser la masse salariale par deux. On va le faire en douceur. Je vais en parler avec tout mon personnel des trois iles et je vais annoncer la couleur en toute transparence.

Question : Dès votre nomination, la direction a enregistré un lot de licenciements que certains considèrent abusifs, qu’avez-vous à répondre à ce sujet ?
M.C : Contrairement à ce que l’on raconte, il n’y a pas eu beaucoup. On parle d’une dizaine de personnes au max. Et il y a 27 personnes suspendues pour forfaiture. Il y a un préjudice assez sérieux, l’on parle des personnes qui percevaient pour notre compte des recettes du parking et qui se servaient royalement. Et d’ailleurs, quand on les a relevés, on s’est aperçu qu’il y avait une différence de 50% des revenus. Ils ont décidé d’engager des procédures judiciaires. D’ailleurs l’audience est fixée pour le 07 janvier. Ce qu’il faut retenir est qu’une fois qu’un employé est suspendu, il passe en conseil disciplinaire mais eux ils ont décidé de se soustraire de cette option.

Question : Vous êtes un technicien, vous avez fait carrière dans ce domaine, donc vous rêvez des belles choses pour les aéroports ?
M.C : 2022 était une année d’apprentissage, 2023 sera une année de réparation, d’infrastructures, d’équipements, de réalisations, de renforcement de l’organisation. L’ADC a été créé en 2018 mais n’a jamais été réellement mise en place. Nous allons ensemble mettre en place des structures de gouvernance, la direction générale qui était prévue dans les statuts, n’a jamais été effectivement en place. Nous avons mis des comités des finances, des techniques opérationnelles, de manière à ce que les choses puissent évoluer. En 2023, nous allons aussi aménager certaines installations, pendant qu’on recrute des consultants nationaux pour nous faire un plan stratégique de 2024-2028 qui nous permettra de booster les aéroports mêmes si nous avons une idée de ce que l’on veut faire.

Question : On vous surnomme Poutine , l’on vous accuse d’avoir un management toxique , comment comptez-vous réaliser vos missions si le personnel ne s’implique pas ?
M.C: Vous savez, l’aéroport n’est pas malheureusement différent du reste du pays, en termes de caractère. Les recrutements que j’ai trouvé n’étaient ni basés sur des compétences techniques ni encadrés par la suite pour que les gens puissent savoir ce que nous attendons d’eux. Surtout, il y avait une culture d’impunité. C’est ce que nous avons essayé de corriger. Une fois que ce bras de fer est passé, il faut savoir se retrouver, c’est ce que nous essayons de faire. Il y avait besoin au début de casser un peu cet esprit « du laisser aller ». Ce n’est pas encore fini. Il reste beaucoup à faire.

Question : Au niveau de la plateforme aéroportuaire, qui s’occupe des questions de sécurité et sureté ?
M.C : Sur ce point, les autorités nous ont écoutés. Nous avons pu choisir une directrice régionale de l’aéroport de Moroni, qui a une formation de base en sureté. On a pu faire remonter des cadres de la sûreté pour occuper des postes. On a des cadres qui sont formés sur place, mon rôle est de les encadrer avec le management nécessaire. On a réussi à avoir un jeune dans le service de sûreté, qui a remplacé la directrice régionale qui est en charge de l’exploitation. Nous avons encore côté sécurité des lacunes. Le service de sécurité que j’ai trouvé, n’était pas du tout conforme aux exigences. Aucun d’entre eux n’avait des connaissances aéronautiques, des diplômés d’AES, etc. J’ai repris en main la sécurité et je suis en train de former une personne que j’ai ramenée de Mohéli, qui prendra la relève au fur et à mesure.

Question : L’on vous reproche d’effectuer plus de voyages que prévus, qu’est-ce que ces voyages apportent à la société ?
M.C : J’ai voyagé trois fois. Je suis parti à l’assemblée à l’OACI à Montréal en septembre, je suis parti à Nairobi pour travailler avec des partenaires pour la mise en plan du parking-auto et des fournisseurs pour différents projets. Je suis parti récemment en Namibie pour la même raison. Et ce sont des voyages justifiés et très mesurés par rapport à ce qu’on veut faire. Je ne suis pas fan des voyages, car si je ne suis pas là, je travaille plus et cela ne m’arrange pas. Je le fais, si c’est nécessaire. On veut changer des tapis bagages, on veut introduire des escalators. Ce sont des choses dont il faut s’assurer de la technologie.

Question : Quelle est votre marge de manœuvre avec le ministère des transports ?
M.C : Je n’ai aucun problème avec le ministère, j’ai de bons rapports. Il y a certainement des désaccords peut être importants relatifs au personnel, mais tout va pour le mieux. Je leur ai présenté, le plan d’investissement de cette année, ils l’on approuvé, mes voyages aussi, il les approuve.

Question : Avez-vous embauché depuis votre prise de fonction ?

M.C. : Non. Je n’ai même pas de chauffeur. On n’a pas eu d’embauche, j’ai fait des affectations, on a eu des régularisations, des gens qui travaillaient depuis plusieurs années mais qui n’avaient pas aucun document. J’ai réparé cette injustice.

Question : Quel est le degré de classification de l’aéroport au niveau de la sûreté ?
M.C: Nous attendons dans la semaine, un audit de l’aviation civile française, on s’y prépare notamment en préparant une entrée du personnel, c’est-à-dire que le personnel actuel rentre dans la même porte que tout le monde. Nous attendons un audit de l’OACI en mars, on s’y prépare en s’assurant que nous avons des scanners dans tous les postes qui sont requis, les procédures, la formation des personnels. On a récemment fait venir un inspecteur pour une formation en imagerie. Là, on a quelques soucis à Bandar Salam où nous n’avons pas encore des scanners soutes. J’ajouterai dans le plan d’investissement et on prévoit d’agrandir l’aéroport de Ouani.

Question : En termes de sécurité sanitaire, nous avons fait la remarque que les stands de désinfection mis en place pour la riposte contre les maladies infectieuses ne sont plus opérationnels. Peut-on connaitre la cause ?
M.C : C’est plutôt un problème compliqué, puisque les scanners que nous avons acheté en 2021, lorsqu’ils sont tombés en panne, les gens se sont permis de les ouvrir. C’est ce qui fait que la garantie ne peut plus passer. Nous sommes en train de voir avec les fournisseurs comment on peut remplacer les pièces manquantes. Là on revient encore sur les problèmes de compétences.

Vente des produits pétroliers SCH : « Nos produits sont de bonne qualité » Dans une conférence de presse tenue hier jeudi 5 janvier, la direction de la société des hydrocarbures, a balayé d’un revers de la main les rumeurs qui circulent selon lesquelles les produits pétroliers ne sont pas de bonne qualité. Selon eux, s’il y a un problème de mauvais carburant, ce n’est pas la faute à eux, car ils vérifient le produit dans leur laboratoire dès l’arrivée du bateau.

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