La presse locale en mode survie

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La presse locale en mode survie
La presse locale en mode survie

Africa-Press – Comores. Chute des revenus publicitaires, effondrements des ventes en kiosque, baisse substantielle des abonnements, absence d’aides publiques. La presse comorienne fait face aujourd’hui à des sérieuses difficultés. Celles de sa survie. N’ayant jamais fait l’objet d’une stratégie de développement, plus particulièrement des concernés, son modèle économique, reposant d’ores et déjà sur des piliers fragiles est plus que jamais mis à rude épreuve.

Le matin des Comores, Kashikazi, Al-balad, Archipel, Al Bilad, Karibu Magazine, Femme des îles, Masiwa, autant des journaux qui ont du jour au lendemain disparu des kiosques de la place. Si les raisons de leur cessation d’activité restent souvent un mystère pour la plupart de ces titres, il n’en demeure moins que les difficultés économiques soient fortement à l’origine de leur disparition.

Aux Comores, comme d’ailleurs dans beaucoup de pays de l’Afrique francophone, l’économie des médias est sans doute le domaine le plus négligé. Elle est prédominée par un discours exclusivement axé sur le rôle politique et dans une moindre mesure social que les médias en général devront jouer. Alors que comme soulignent Ivan Chupin, Nicolas Hube et Nicolas Kacif dans Histoire politique et économique des médias en France : « la capacité des médias à nourrir la vie démocratique dépend tout aussi étroitement de leur viabilité économique. »

La fragilité économique de notre industrie de la presse n’est-elle pas assez alarmante pour qu’elle pousse professionnels et pouvoirs publics à s’interroger sur son existence ? Force et de rappeler que si les médias de service public ne doivent leur survie que par l’assistance massive de l’Etat, les médias privés tirent par contre le diable par la queue.

La presse comorienne assiste impuissante à l’assèchement progressif de ses principales sources de revenu provenant en principe – des ventes en kiosque – des abonnements – des annonces publicitaires – des aides. Nous constatons avec amertume depuis une vingtaine d’années, un effondrement des ventes en kiosque de la presse en papier. Une tendance qui s’est accentuée ces derniers temps avec la disparition quasi-totale des kiosques dans la capitale où s’est concentré le plus grand nombre. Aujourd’hui, la vente des journaux qui impriment ne représente que 0,1%.

Les abonnements sont également en chute libre. Le contexte sanitaire de ces dernières années a aggravé la situation. Les représentations diplomatiques et les organisations internationales ainsi que l’Etat qui constituent les premiers clients des trois quotidiens de la place ont revu à la baisse leurs abonnements qui forment presque 30% de leurs chiffres d’affaires. Le taux de recouvrement est aussi très bas notamment auprès du gouvernement et des institutions de l’Etat qui ne payent pas leurs abonnements et cumulent des années d’impayés.

Même dégringolade pour les annonces qui proviennent exclusivement des institutions internationales et des projets qui représentent plus de 69,9%. Il convient de rappeler ici que les entreprises aussi bien publiques que privées du pays ont rarement recours aux médias pour leurs annonces, préférant les réseaux sociaux.

Pour les aides publiques et les dons, l’état brille également par son absence malgré les nombreuses promesses faites. Sur ce point, seules quelques représentations diplomatiques accréditées aux Comores accordent des appuis directs aux médias. Toutes ces raisons qui concourent les unes aux autres affectent sérieusement la viabilité économique de la presse locale qui se bat tant bien que mal pour se maintenir en vie. La plus grande menace que la presse en papier du pays fait face aujourd’hui, c’est réellement sa survie et sa difficulté à amorcer sa transition vers un modèle économique moderne et viable. Ce qui suppose un accompagnement réel de l’Etat et des partenaires au développement.

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