Congo – Pascal Tsaty Mabiala : « L’enjeu du scrutin ne sera pas l’alternance mais le taux de participation »

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Congo – Pascal Tsaty Mabiala : « L’enjeu du scrutin ne sera pas l’alternance mais le taux de participation »
Congo – Pascal Tsaty Mabiala : « L’enjeu du scrutin ne sera pas l’alternance mais le taux de participation »

Africa-PressCongo Brazzaville. Le premier secrétaire de l’Union panafricaine pour la démocratie sociale, chef de file de l’opposition congolaise, a annoncé qu’il ne serait finalement pas candidat à la présidentielle du 21 mars prochain.

Ministre de la Défense dans le dernier gouvernement de Pascal Lissouba (1997), député de Loudima depuis 1992, premier secrétaire de l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (Upads) et chef de file de l’opposition congolaise depuis 2017 – statut officiel créé par la Constitution de 2015 –, Pascal Tsaty Mabiala, 71 ans, ne concourra pas à la prochaine présidentielle.

Il avait déjà boycotté les scrutins de 2002 et de 2009, mais avait participé à celui de 2016, à l’issue duquel il était arrivé quatrième avec 4,5 % des suffrages exprimés. Le 30 janvier dernier, le conseil national de l’Upads a annoncé sa « non-participation au scrutin du 21 mars ». Pascal Tatsy Mabialia explique pourquoi il n’est plus candidat et préfère déjà se projeter en… 2026.

Jeune Afrique : Pourquoi votre parti a-t-il pris la décision de ne présenter aucun candidat à la présidentielle ?

Pascal Tsaty Mabiala :

Parce que ses conditions d’organisation ne répondent pas aux standards internationaux. Le dernier recensement général date d’il y a treize ans et n’a jamais été réitéré depuis, malgré les recommandations faites en ce sens en 2017 à Ouesso. Le gouvernement a refusé toutes les propositions de l’opposition concernant la définition du corps électoral ou la composition paritaire de la commission de contrôle, et préfère organiser ce scrutin dans la précipitation.

Votre proposition de repousser le vote pour ouvrir une période de transition avait-elle justement pour but de ralentir ce processus électoral ?

Cette période de transition, placée sous la charge du président, avec un gouvernement d’union nationale, nous aurait permis de faire face ensemble aux difficultés que traverse le Congo. Nous aurions pu alors travailler pour préparer une alternance apaisée. Denis Sassou Nguesso disposait de deux ans pour gagner une immunité de cœur auprès des Congolais. Mais il y a vu une tentative de déstabilisation. Il sera candidat et il sera élu

Le pouvoir n’a pas non plus répondu favorablement à la demande de révision des fichiers électoraux demandée par l’opposition lors de la concertation de Madingou [en novembre 2020]…

La révision a été menée à toute vitesse par une majorité arcboutée sur la Constitution et face à une opposition qui, dans sa diversité, a refusé ce schéma. Elle a pourtant été confirmée telle quelle par le chef de l’État, qui a refusé d’en débattre. Il sera candidat et il sera élu. Que pouvons-nous faire de plus dans ces conditions ? Le PCT n’est pas prêt à perdre le pouvoir. Quant à l’opposition, elle peine à se mettre d’accord sur un projet commun.

C’est-à-dire ?

Le « tous contre Sassou » ne constitue pas un projet de gouvernement. Il existe encore trop de divergences entre les différentes mouvances de l’opposition et il est aujourd’hui trop tard pour engager les discussions qui auraient permis de nous rassembler derrière quelqu’un. Je n’ai pas réussi à souder l’opposition qui, après 2016, était trop éclatée entre les pro- et les anti-Mokoko. Néanmoins, avec Madingou, le climat s’est décrispé. L’opposition peut être unie derrière une même vision. C’était la première fois depuis 2017 que nous pouvions être ensemble face au pouvoir.

Certains, y compris au sein de l’Upads, estiment que vous êtes trop modéré. Que leur répondez-vous ?

Il y a déjà trop d’extrémisme au sein de l’opposition. Je suis sans doute trop modéré pour mes partisans les plus radicaux car je ne suis pas favorable à une insurrection. Mais ce n’est pas de cette manière que je veux voir arriver l’alternance politique dans notre pays. Les conditions d’une alternance apaisée ne sont pas réunies

Qu’attendez-vous de l’élection de mars prochain ?

Les conditions ne sont pas réunies pour qu’une alternance apaisée puisse être menée dès cette année. L’enjeu n’est donc pas la réélection de Denis Sassou Nguesso, mais bien le taux de participation, qui sera l’indicateur de sa légitimité. J’espère que ce nouveau mandat n’aura pas pour unique but de lui donner le temps de préparer sa succession au sein du PCT, mais qu’il aura aussi celui de sortir le pays de la crise et d’assurer son développement dans la paix. En 2026, le président devra être en mesure de présenter des résultats à la nation.

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