Le manioc, alternative africaine à la crise du blé ?

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Le manioc, alternative africaine à la crise du blé ?
Le manioc, alternative africaine à la crise du blé ?

Africa-Press – Congo Brazzaville. La destruction du barrage de Nova Kakhova, en Ukraine, a provoqué une flambée des cours du blé faisant craindre un retour à la situation de 2022, annus horribilis pour la céréale jaune, durant laquelle s’était succédé l’invasion par les armées de Vladimir Poutine de l’Ukraine, « grenier à blé du monde » et, quelques mois plus tard, des sécheresses historiques, décimant des milliers de tonnes de récoltes en Europe, au Canada et en Inde.

Sans surprise, ces catastrophes successives ont conduit à des cours records et, en cascade, à une explosion du prix du pain, élément devenu indispensable pour de larges franges des populations du continent. Ce choc aura cependant contribué à remettre au goût du jour une vieille recette : le pain à base de farine de manioc.

Retour aux racines

Moins gourmand en eau et en pesticides, plus riche en glucides, le tubercule est cultivé dans toute la zone tropicale, où sa production a doublé en vingt ans. Le manioc est incontestablement le candidat idéal pour détrôner le blé, qui ne s’est imposé que lors de la période coloniale. Pour les gouvernements africains, le soutien de la filière constitue donc une belle occasion de renforcer tout à la fois souveraineté et sécurité alimentaire ou économique.

Sur la seule année 2021, si le Nigeria avait remplacé ne serait-ce que 15 % de sa farine de blé par de la farine de manioc, le pays aurait économisé pas moins de 408 millions de dollars d’importations, selon le cabinet Global Sovereign Advisory (GSA), qui a publié l’étude « Le Manioc en Afrique, vers un retour aux racines » en avril 2023.

Échelle industrielle

Cuisiné à toute les sauces sur le continent – en semoule (gari) au Cameroun, fermenté (attiéké, foufou) en Côte d’Ivoire ou encore affiné en fromage (bononoka) à Madagascar – , le manioc possède bien d’autres atouts. Transformé, il peut servir de matière première pour la création de nombreux produits manufacturés. De l’industrie agroalimentaire à la fabrication de papier, en passant par le textile, l’amidon de manioc peut trouver sa place partout ou presque.

Mais le chemin est encore long avant que le manioc n’atteigne pleinement son potentiel. Le passage à l’échelle industrielle implique en effet la mise en place d’une logistique complexe. Il faut, entre autres, parvenir à transformer la racine dans les vingt-quatre heures qui suivent sa récolte. Et si, dans les discours, nombre de décideurs politiques affirment soutenir la filière – et que de nombreuses initiatives existent –, jamais le soutien public massif à la filière du blé – notamment via la subvention des importations – n’a été remis en question.

Récemment, le développement du marché du manioc transformé a tout de même connu un coup d’accélérateur, comme le prouve notamment l’exemple encourageant du Nigeria. Si l’offre continue à se structurer, elle pourra répondre à une demande croissante sur le continent et, qui sait, faire un jour de la Chine, qui cumule près de la moitié des importations d’amidon de manioc du monde, un client à l’exportation.

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