Interview. Christoffer Mafoumbi: ” J’ai répondu à l’appel de mon pays malgré les menaces de mon club “

16
Interview. Christoffer Mafoumbi:
Interview. Christoffer Mafoumbi: " J’ai répondu à l’appel de mon pays malgré les menaces de mon club "

Africa-Press – Congo Brazzaville. Recruté pour trois saisons par le FC Differdange, Christoffer Mafoumbi fait une mise au point sur sa mise à l’écart au FC Mosta. Il déplore, en outre, d’avoir subi une cabale sur les réseaux sociaux.

Les Dépêches de Brazzaville (L.D.B) : Bonjour Christoffer. Félicitations pour ton arrivée à Differdange, le vice-champion du Luxembourg. Un transfert qui devrait être officialisé dans les prochaines heures.

Christoffer Mafoumbi (C.M) :

Bonjour et merci. Je serai demain (Ndlr : vendredi 1er juillet) à Differdange (Ndlr : ville frontalière avec la France) et le transfert sera officialisé après ma visite médicale en fin de journée.

L.D.B : Tout va ensuite aller très vite puisque ton nouveau club disputera le premier tour préliminaire de la Conférence Europa Ligue, la semaine prochaine, contre les Slovènes de Ljubljana…
C.M :

Oui, ça s’enchaîne : nous disputons un match amical samedi face au FC Seraing, avant de rencontrer Ljubljana en match aller/retour (Ndlr : 7 et 14 juillet). Au moins, je suis directement dans le bain.

L.D.B : La finalisation a été rapide, mais l’approche du club date de plusieurs mois.
C.M :

Les premiers contacts remontent au mois de février, mais mon arrivée était conditionnée par le départ du gardien titulaire, ce qui a été fait récemment.

L.D.B : Avais-tu d’autres pistes ?
C.M :

Oui, j’avais des discussions plus ou moins concrètes avec d’autres clubs, notamment en France et en Ecosse. Mais à Differdange, en discutant avec le président, le directeur sportif, l’entraîneur des gardiens, l’entraîneur, j’ai senti une volonté commune de me faire venir. C’était donc logique d’aller dans le club qui me désirait le plus.

L.D.B : Ce transfert permet de tourner la page d’une saison galère tant en sélection qu’en club, où tu n’as joué que six matches de championnat.
C.M :

Effectivement. Et il me semble important de rétablir quelques vérités. Je suis arrivé à Mosta en octobre 2020. Tout de suite, je m’installe comme titulaire et je participe à la première qualification de l’histoire du club en Coupe d’Europe (Ndlr : premier tour préliminaire de la Conférence League).

Désigné meilleur gardien de la saison, je prolonge de deux ans, en juin 2021. En septembre, je suis sélectionné, avec le brassard, contre la Namibie et le Sénégal. J’y fais au passage deux matches corrects, en particulier face au Sénégal où je réalise plusieurs arrêts qui évitent que le score ne soit plus lourd (1-3).

A mon retour, je me retrouve en quarantaine puisque Malte avait classé la plupart des pays africains en « zone rouge covid ». Je reste donc à l’écart deux semaines, ce qui me fait rater trois journées de championnat.

Avec l’enchaînement des dates Fifa, en octobre et en novembre, et des périodes de quarantaine, j’allais manquer trois mois de compétition, soit presque toute la phase aller du championnat. Mon entraîneur me convoque alors pour me demander de ne plus partir en sélection au risque de ne plus être payé et de perdre ma place. J’ai bien entendu refusé cette demande.

En octobre pour la double confrontation face au Togo, puis en novembre pour les retours contre la Namibie et le Sénégal, j’ai répondu à l’appel de mon pays malgré les menaces mises à exécution par le club.

A partir de ce moment, je n’ai joué que quatre matches (deux en décembre, un en janvier et un autre en février) et j’ai entamé les démarches pour casser mon contrat et quitter le club.

L.D.B : Ces derniers mois, tu as fait l’objet de critiques acerbes de la part de supporteurs de la sélection congolaise et tu as été pris pour cible par une page facebook dédiée au football congolais avec des méthodes contraires à la déontologie journalistique. Cela t’a affecté ?
C.M :

La critique fait partie de notre métier et on doit l’accepter. Je suis considéré comme un cadre d’une sélection qui n’a pas gagné un match pendant deux ans. Donc forcément, il faut se remettre en question, individuellement et collectivement. Objectivement, je pense avoir été l’un des joueurs les plus réguliers de la campagne éliminatoire pour le Mondial 2022, tout en sachant aussi que j’aurais parfois pu faire mieux.

Je ne suis pas exempt de tout reproche, mais me devenir le principal, voire seul, responsable de la défaite au Mali (0-4), je trouve ça injuste. Je fais un mauvais match au cours d’un naufrage collectif, mais, à moins de ne rien connaître au foot, on ne peut pas dire que je précipite la défaite de mon équipe à Bamako.

En revanche, je trouve dommage pour le journalisme congolais, que n’importe qui puisse s’autoproclamer journaliste en créant un compte sur les réseaux sociaux, tout en s’affranchissant de la déontologie. Et quand ces pseudos journalistes publient des mauvaises ou des fausses informations, cela peut engendrer de la confusion et des réactions disproportionnées.

L.D.B : Au match suivant, tu as ainsi senti de l’hostilité à ton encontre de la part des tribunes ?
C.M :

Dès l’échauffement avant le match face à la Gambie, j’ai été insulté, ainsi que ma famille, par plusieurs tribunes par ceux-là même qui m’ont toujours soutenu depuis dix ans. Je pense que la campagne de dénigrement menée sur les réseaux sociaux a fini par trouver un écho au stade. Ça me semble inapproprié par rapport à mon implication vis-à-vis de la sélection.

L.D.B : Est-ce que tu t’es senti soutenu par les instances ?
C.M :

Non, absolument pas. Pourtant, ça s’entend quand plusieurs milliers de personnes insultent un joueur au stade. Et je sais qu’ils suivent ce qui s’écrit sur les réseaux sociaux, et que ça a peut-être influé parfois sur certains choix sportifs. Il n’y a eu aucune prise de parole, rien. C’est un peu malheureux, au regard de mon investissement en sélection, mais je ne suis pas surpris. Déçu, mais pas surpris.

L.D.B : Quelle est ta position par rapport à la sélection ? As-tu envie d’arrêter, de prendre tes distances ?
C.M

: Moi, si le pays m’appelle, je viens en courant. J’ai fait le choix, en 2012, de porter les couleurs du Congo, sans jamais décliner la moindre convocation, tant pour les matches officiels que pour les matches amicaux, pour les grandes affiches comme pour les rencontres face à des pays moins renommés.

Tant qu’on a besoin de moi, je suis disponible pour donner le meilleur de moi-même. En fait, ce manque de soutien m’a même donné un goût de revanche, j’ai envie de prouver à tout le monde que je ne suis pas un problème pour l’équipe du Congo, mais qu’au contraire, je peux en être une des solutions pour aider le Congo à se qualifier pour la Coupe d’Afrique des nations 2023.

A nous de faire ce qu’il faut lors de la double confrontation face au Soudan du Sud pour conserver nos chances d’aller en Côte d’Ivoire, l’année prochaine.

Comme nous le révélions sur notre page facebook, mercredi 29 juin, le gardien international congolais de 28 ans s’est engagé pour une durée de trois ans avec le vice-champion du Luxembourg, le FC Differange. L’ancien joueur de Blackpool a été présenté à la presse locale vendredi soir.

Suivi depuis plusieurs mois par le staff technique, il était la priorité du club. Il fera ses débuts officiels jeudi lors du premier tour préliminaire de la Conférence Ligue Europa, qu’il avait déjà disputée la saison dernière avec le FC Mosta.

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Congo Brazzaville, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here