20 Kilos De Déchets Électroniques Par Européen Chaque Année

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20 Kilos De Déchets Électroniques Par Européen Chaque Année
20 Kilos De Déchets Électroniques Par Européen Chaque Année

Africa-Press – Congo Brazzaville. Le consommateur des pays riches utilise de plus en plus de machines grandes et petites. L’acier des machines à laver et autres appareils ménagers est présent depuis le début de la société de consommation, il y a 70 petites années. S’y sont ajoutés progressivement l’aluminium, le plastique, le carbone. Enfin, l’ère de l’électronique y a ajouté une liste de 29 matières premières critiques: antimoine, cuivre, tungstène, cobalt, terres rares, etc. Les appareils actuels sont donc devenus très complexes.

« En moyenne, un DEEE (déchet d’équipement électrique et électronique, ndlr) moyen est composé de métaux comme l’acier, de matière non métallique (aluminium, cuivre), de plastique, de verre, de céramique et de composites, de métaux précieux (or, argent), de matériaux critiques (cobalt, terres rares) et de composés dangereux comme le mercure, le plomb, les retardateurs de flamme bromés », détaille le rapport. Ces produits ont beau n’être diffusés à grande échelle que depuis le début du 21ème siècle, les tonnages arrivant dans les décharges commencent à être conséquents, selon le rapport publié par le consortium sur le futur de ces matériaux critiques à l’occasion de la Journée internationale des déchets électroniques fixée au 14 octobre de chaque année.

Les « équipements électriques et électroniques » sont une terminologie réglementaire qui regroupe tous les appareils qui marchent à l’électricité, y compris ceux fonctionnant avec une batterie. Du réfrigérateur au téléphone mobile, la nomenclature est vaste et regroupe des objets aux compositions très différentes. Pour s’y retrouver, le législateur européen a créé six catégories:

Les équipements de climatisation (réfrigérateurs, climatiseurs, pompes à chaleur)

Les écrans et moniteurs que ce soit de téléviseur ou d’ordinateurs

L’éclairage

Les gros appareils comme les machines à laver

Les petits équipements (fours à micro-onde, les grille-pains, les radios, les cigarettes électroniques, etc.)

Les appareils de petite électronique (mobile, consoles de jeux, GPS, etc.)

Selon le consortium, les 27 Etats membres de l’Union européenne ainsi que leurs voisins de Norvège, de Suisse, du Royaume-Uni et de Suisse ont généré en 2022 10,7 millions de tonnes de ces déchets d’équipements électriques et électroniques, soit 20 kilos par personne. Au niveau mondial, la même année, 62 millions de tonnes de DEEE ont été jetés. 22,3% ont été correctement traités et recyclés.

Des milliers de tonnes de produits de haute valeur perdues chaque année

Adoptée pour la première fois en 2003, la directive européenne sur les DEEE veut en priorité empêcher la création de DEEE, puis favoriser le recyclage par la réutilisation et la récupération des matières premières. Vingt ans plus tard, la mise en œuvre est problématique. En premier lieu, les tonnages de déchets ne cessent d’augmenter. Si l’action publique devait en rester là et si les tendances de consommation se poursuivaient, le rapport estime que les volumes à traiter pourraient atteindre 19 millions de tonnes en 2050. Une application plus sérieuse des politiques de réduction à la source, d’éco-conception et de recyclage limiterait la hausse à 12,5 millions de tonnes.

Du cuivre recyclé. Au 9 octobre 2025, la tonne de cuivre a atteint 10 866 euros, contre 8 650 euros un an auparavant. Cette hausse forte des prix est la cause de la multiplication des vols de cuivre, notamment sur les infrastructures ferroviaires et téléphoniques, partout en Europe. Crédits: Magadalena Charytanowicz.

Aujourd’hui, 5,7 millions de tonnes de DEEE (54%) sont collectées et acheminées dans des filières de recyclage agréées. Cinq millions de tonnes ne sont donc pas traitées selon les exigences de la directive européenne. 3,3 millions de tonnes terminent mélangées dans des filières non spécialisées, d’où seul l’acier est récupéré selon des standards de qualité très faibles. 700 000 tonnes terminent en décharge ou dans des incinérateurs. 400 000 tonnes sont exportées pour réutilisation. Le solde disparaît et personne ne sait où il échoue, ce qui implique des risques de rejets de substances toxiques dans l’environnement.

Le recyclage permet de reconquérir un peu d’indépendance

Le bilan n’est donc pas très bon. D’autant que désormais de plus en plus de DEEE contiennent des matières premières critiques. Le cuivre des câbles, les terres rares des téléphones, le platine des écrans, le silicium des panneaux photovoltaïques, le néodyme des condensateurs sont autant de matières rares disséminées en petite quantité dans un grand nombre d’objets à la durée de vie plus ou moins longue. « De très petites quantités de produits de haute valeur comme le palladium, le neodymium, le dysprosium, le tantale, le gallium et autres terres rares sont utilisés dans des objets du quotidien comme les ordinateurs portables, les écrans tactiles, les sèche-cheveux, les perceuses électriques, les consoles de jeux ou encore les appareils médicaux », note le rapport.

En 2023, autour d’un million de tonnes de ces produits à haute valeur ont été triés dans les centres de tri et les usines de recyclage du continent européen. 400 000 tonnes ont été effectivement récupérées pour un nouvel usage. L’aluminium (208 000 tonnes) et le cuivre (162 000 tonnes) sont les deux produits les plus recyclés. 12 000 tonnes de silicium, 1 000 tonnes de tungstène, 2 000 tonnes de palladium, des métaux précieux comme l’or et l’argent ont été collectés mais 100 000 tonnes de matériaux critiques ont été perdus, principalement des terres rares comme le néodyme, le dysprosium, l’yttrium et europium, des composés vitaux notamment dans les aimants, les poudres fluorescentes, les composés électroniques. Selon le rapport, l’Europe pourrait récupérer entre 900 000 et 1,5 million de tonnes de ces matières critiques tous les ans en 2050.

Des choix politiques cruciaux

Tout dépend des choix politiques faits. Sans incitations et en laissant faire les tendances actuelles, les taux de collecte resteront faibles. La promotion d’une économie circulaire pourrait réduire la dépendance des Etats européens aux pays producteurs, notamment la Chine et réduire les pollutions environnementales. La législation de l’Union européenne sur les matériaux critiques vise ainsi à produire 10% des besoins en matières critiques (dont le lithium, le gallium, le bore, le tungstène), en transformer 40% par traitement dans le tissu industriel européen et en recycler 25%.

Selon la Commission européenne, 63% du cobalt mondial utilisé dans les batteries provient de la République démocratique du Congo, 97% de l’approvisionnement européen en tungstène provient de Chine ainsi que la totalité des terres rares utilisées dans les aimants. Cette forte dépendance vient d’être illustrée par la décision des autorités chinoises le 9 octobre 2025 de mettre en place de nouveaux contrôles sur les exportations de technologies liées aux terres rares. Si l’Europe est totalement dépendante, le reste du monde ne l’est pas moins. 92% du raffinage de ces éléments sont effectués en Chine.

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