Africa-Press – Congo Brazzaville. La nouvelle version de l’affichage nutritionnel Nutri-Score, critiquée la semaine dernière par la ministre de l’Agriculture, va bien pouvoir entrer en vigueur avec la signature par les ministères concernés de l’arrêté qui organise sa mise en place, a indiqué le gouvernement vendredi.
« Compte tenu des enjeux impératifs de santé publique, les ministres ont décidé de signer l’arrêté modifiant les règles de calcul du Nutri-Score », peut-on lire dans un communiqué des ministres en charge de l’Economie, de la Santé, de l’Agriculture et du Commerce.
Il s’agit avant tout de « lutter contre le surpoids, l’obésité » qui génère « des sujets aussi lourds que les maladies cardiovasculaires, le diabète et certains cancers », a commenté vendredi matin la ministre de la Santé Catherine Vautrin sur TF1.
Les ministres préviennent toutefois dans leur communiqué qu’ils resteront « vigilants aux effets de bord » que cette nouvelle méthode de calcul « engendre pour les produits issus du savoir-faire français ».
Qu’est ce que le Nutri-Score ?
Le Nutri-Score est un logo nutritionnel conçu pour aider les consommateurs à comparer la qualité des aliments au sein d’une même catégorie ou selon leur rôle dans un repas. Il permet, par exemple, de choisir entre différentes céréales pour le petit-déjeuner, ou encore entre différentes huiles de cuisson.
Présent uniquement sur les produits emballés et non obligatoire, il repose sur un code couleur et des lettres allant de A (vert, « à privilégier ») à E (rouge, « à limiter »).
Son attribution est basée sur un algorithme qui utilise les valeurs nutritionnelles obligatoires figurant sur les emballages.
Il prend en compte plusieurs critères:
– 🛑 Facteurs négatifs: apport calorique, teneur en sucres simples, en graisses saturées et en sel, pénalisant les produits les plus riches en ces éléments.
– ✅ Facteurs positifs: présence de fruits et légumes, de protéines et de fibres, qui améliorent le score.
En un coup d’œil, ce système aide les consommateurs à faire des choix alimentaires plus équilibrés.
Les entreprises et marques engagées dans cette démarche volontaire ont « deux ans pour mettre à jour leurs emballages et apposer le nouveau Nutri-Score », selon leur communiqué.
Les ministres Catherine Vautrin (Travail, Santé, Solidarités), Yannick Neuder (Santé, Accès aux soins), Eric Lombard (Economie), Véronique Louwagie (Commerce) et Annie Genevard (Agriculture) ont apposé leur signature sur le document.
Le blocage de la Ministre de l’Agriculture levé
Cette dernière avait assumé publiquement la semaine dernière bloquer la publication de l’arrêté qui devait permettre l’entrée en vigueur du nouveau Nutri-Score, lui reprochant de donner une mauvaise note aux produits « remarquables » du terroir, fromages et charcuterie notamment. Les ministres en charge de la Santé avaient eux indiqué l’avoir signé.
Cette nouvelle mouture est plus sévère à l’égard de certains produits transformés par l’industrie agroalimentaire pour tenir compte de récents travaux scientifiques. Elle permet notamment « d’améliorer la différenciation entre les aliments selon leur teneur en sel et sucres », décrit le communiqué du gouvernement.
Les limites du Nutri-Score
Le Nutri-Score évalue la qualité nutritionnelle des aliments, mais ne prend pas en compte leur degré de transformation ni la présence d’additifs (édulcorants, conservateurs, colorants) ou d’arômes. Il ne permet donc pas d’identifier directement les produits ultra-transformés.
Avec la mise à jour de son algorithme, 87 % des produits ultra-transformés seront désormais classés C, D ou E, en raison de leur teneur élevée en sucre, sel, graisses saturées ou de leur apport calorique élevé. Par exemple, certaines céréales pour le petit-déjeuner, comme les Chocapic de Nestlé, qui étaient auparavant notées A, passeront désormais à C.
Cependant, environ 13 % des aliments ultra-transformés conserveront une meilleure notation, notamment certains substituts de viande, dont la composition nutritionnelle reste favorable malgré leur degré de transformation industrielle.
« Il sera demandé aux ministères concernés d’étudier » ces « effets de bord » potentiels et « d’initier au niveau européen des échanges pour voir comment mieux les prendre en compte ».
Conçu par des spécialistes de la nutrition, le Nutri-Score a été mis en place en 2017 en France, sur la base du volontariat, et dans six autres pays européens.
L’étiquetage nutritionnel, l’interdiction des publicités pour des produits gras sucrés salés et la taxation des boissons sucrées sont « les politiques publiques les plus efficaces contre le surpoids et l’obésité », selon une étude du service statistique des ministères sociaux de juillet 2024.
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