Africa-Press – Congo Brazzaville. La nature est pleine de surprises, mais il est parfois difficile de les apercevoir. Ainsi, plusieurs chauves-souris nord-américaines brillent d’une lueur verte sous une lumière UV. C’est l’étonnante découverte révélée par quatre chercheurs de l’Université de Géorgie (Etats-Unis) dans la revue Ecology and Evolution.
Ils ont examiné 60 spécimens issus du Musée d’histoire naturelle de Géorgie et les ont placés sous un rayonnement ultraviolet. Leurs ailes, leur membrane interfémorale et leurs membres postérieurs – des parties visibles lors du vol – ont réagi. Les chercheurs ont déterminé que la lumière émise tirait sur le vert (longueur d’onde entre 520 nm et 552 nm).
Finalement, ce sont six espèces distinctes qui ont cette particularité: la Sérotine brune, la chauve-souris rousse, la chauve-souris Seminole, Myotis austroriparius, la chauve-souris grise et le Molosse du Brésil. La couleur est la même selon le sexe et pour toutes les espèces citées.
Une mutation peut-être responsable
Pourquoi une telle coloration sous les UV? Les biologistes émettent des hypothèses mais ils sont encore loin d’avoir une explication définitive. « C’est cool, mais nous ignorons pourquoi cela se produit, reconnait dans un communiqué Steven Castelberry, co-auteur de l’étude. Quelle est la fonction évolutive ou adaptative? Est-ce que cela a réellement une utilité pour les chauves-souris? »
Les chercheurs pensent qu’une mutation pourrait être responsable du phénomène. Celle-ci serait alors bénéfique pour les chauves-souris qui la portent ou qui la portaient par le passé, ce qui aurait conduit à sa diffusion. « Les individus présentant ce trait ont tendance à mieux survivre et se reproduire, ce qui explique sa prévalence croissante », suppose le professeur Castelberry. C’est pour cette raison que cette coloration sous UV serait, finalement, assez commune aujourd’hui.
Un héritage partagé?
La couleur étant la même selon le sexe et pour toutes les espèces, le bénéfice apporté ne serait pas un meilleur moyen de reconnaissance entre mâles et femelles ou entre congénères. Il ne s’agirait pas non plus d’une meilleure technique de camouflage, ces espèces évoluant dans des milieux différents. Les chercheurs notent que leurs résultats suggèrent certes « une origine physiologique partagée » de cette photoluminescence, mais qu’ils ne peuvent pas, pour l’instant, évoquer une « fonction comportementale partagée ».
Il pourrait surtout s’agir d’un héritage qui a pu servir dans la communication il y a bien longtemps. « Les données suggèrent que toutes ces espèces de chauves-souris l’ont hérité d’un ancêtre commun, reprend Steven Castelberry. Elles ne sont pas arrivées à cela indépendamment. Il s’agit peut-être d’un artefact, car la lueur a peut-être rempli une fonction à un moment donné de l’évolution, et ce n’est plus le cas aujourd’hui. » Une étude sur des spécimens vivants pourrait peut-être permettre d’y voir plus clair.
Ces animaux ne sont pas les seuls à s’illuminer sous rayonnement UV. Cette démonstration a été réalisée chez d’autres espèces de chauves-souris à travers le monde et, plus largement, sur un nombre croissant de mammifères nocturnes et crépusculaires. Des chercheurs ont ainsi démontré en 2020 que les ornithorynques sont biofluorescents: sous lumière ultraviolette, leur pelage apparaît vert-bleu. L’utilité d’une telle coloration est, là encore, mal comprise.
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