Enfant Blessée en GrèCe: Faut-Il Craindre les Loups?

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Enfant Blessée en GrèCe: Faut-Il Craindre les Loups?
Enfant Blessée en GrèCe: Faut-Il Craindre les Loups?

Africa-Press – Congo Brazzaville. La nouvelle, largement relayée dans les médias français (dont Sciences et Avenir) a de quoi inquiéter: sur une plage en Grèce, une fillette âgée de 5 ans a été attrapée à la taille par un loup, a raconté sa mère, originaire de Serbie, à la chaîne de télévision Skai. Elle a ajouté que l’animal a ensuite suivi l’enfant et elle-même jusqu’à la cour de leur logement de vacances. De telles attaques sont-elles aujourd’hui courantes en Europe?

Le professeur John Linnell, qui travaille à l’Institut norvégien de recherche sur la nature, est le co-auteur d’un important rapport (« Attaques de loups sur les humains: un point sur la période 2002-2020 », en anglais) sur ce sujet. Interrogé par Sciences et Avenir sur l’attaque survenue en Grèce, il assure que « la réponse concernant le caractère courant ou normal de ces attaques est simple: les attaques de loups sur les humains sont très rares ».

« Les loups ne considèrent pas les humains comme des proies »

Sur la période allant de 2002 à 2020, et prenant en compte l’Europe et l’Amérique du Nord, les auteurs de ce document n’avaient trouvé de preuves que pour 11 attaques, dont deux qui s’étaient révélées fatales et ayant toutes eu lieu en Amérique du Nord. Un chiffre relativement peu élevé considérant le nombre de loups dans ces régions et surtout les centaines de millions de personnes qui y vivent.

Plus globalement, « on sait que ces cas ont été observés partout dans le monde et à travers l’Histoire, mais ils sont très rares à une époque et dans un espace donnés, reprend le chercheur. Les loups ne considèrent pas les humains comme des proies et manifestent généralement une grande timidité à leur égard. La plupart des cas documentés à travers l’Histoire concernent des loups atteints de rage mais heureusement pour nous, ce problème n’est plus d’actualité en Europe, même si les attaques de loups enragés demeurent un problème en Asie ».

Concernant les attaques de loups non infectés par la rage, elles restent exceptionnelles. Avant l’incident en Grèce, les derniers cas en Europe dataient des années 1970 en Espagne, selon le chercheur. Plus largement, des cas plus récents en Inde et en Iran ont aussi été documentés. Dans leur rapport, le Pr Linnell et ses collègues notaient que les risques associés à une attaque de loup sont « bien trop faibles pour être calculés ».

La perte de la crainte, un comportement nouveau mais loin d’être partagée par tous les loups

Alors comment expliquer l’incident survenu en Grèce? « Ce que l’on observe, c’est une augmentation du nombre de loups qui ne manifestent guère de crainte envers les humains, et cela semble être à l’origine des récentes attaques d’enfants aux Pays-Bas et en Grèce, reprend le Pr Linnell. Il existe peu de preuves historiques permettant d’éclairer ce problème, car il semble s’agir d’un phénomène récent ». Et d’ajouter: « Il est important de souligner cependant que même dans les cas où les loups perdent leur timidité envers les humains, il est loin d’être automatique que des attaques se produisent. »

Et cette témérité est encore loin d’être partagée par une majorité de loups. Une étude publiée dans la revue Current Biology le 2 octobre 2025 s’est intéressée au comportement de ces animaux dans la réserve polonaise de Tuchola et plus précisément à leurs réactions face à l’humain à l’aide de haut-parleurs. Résultat: une simple conversation calme entre humains est suffisante pour faire détaler un loup. Et cet animal normalement diurne devient alors totalement nocturne, traduisant sa crainte de l’espèce humaine.

Des loups qui recherchent une nourriture facile d’accès

Néanmoins, quelques individus perdent cette crainte. Le cas en Grèce en est une illustration. Pour les auteurs de l’étude publiée dans Current Biology, les animaux qui bravent leur méfiance de l’humain le font pour une raison toute simple: l’accès à de la nourriture. Un point souligné par l’étude est en effet la tendance des humains à être entourés de nourriture à la fois très nutritive (que ce soit le bétail ou les restes d’aliments pour humains) mais également très facile d’accès.

D’ailleurs, Yorgos Iliopoulos, biologiste et expert des loups auprès de l’ONG Callisto, appelé pour intervenir après l’attaque sur la plage en Grèce, a expliqué que ce loup était étrangement habitué à la présence humaine. « Cet animal a manifestement trouvé de la nourriture dans cette zone ou a été nourri par erreur par un humain étant jeune », avait-il souligné.

Une gestion en question

Face à ce phénomène dont on peine encore à tracer les contours, chasseurs et agriculteurs en Europe appellent pour certains d’entre eux à l’abattage. Une réponse qui est loin de faire l’unanimité auprès de la communauté scientifique et des associations de protection de la nature.

Déjà, concernant les attaques sur le bétail, « il y a beaucoup de recherches qui prouvent que tirer sur les loups ne règle pas du tout le problème. Ça a même tendance à l’aggraver, remarquait auprès de Sciences et Avenir la chercheuse Liana Zanette, co-auteure de l’étude publiée le 2 octobre. Lorsqu’un loup meurt, sa meute éclate et la prédation sur le bétail, qui est plus facile d’accès, augmente. »

Et à propos des attaques sur des humains, le Pr Linnell indique « qu’on ignore si l’intensification de la chasse au loup réduirait ces risques ». « Nous savons, grâce à d’autres espèces, qu’une pression de chasse accrue de la part des humains accroît la timidité ; il y a donc des raisons de penser que cela pourrait être bénéfique, mais les preuves de son utilité chez les loups audacieux ne sont pas encore solides, explique-t-il. Il s’agit clairement d’un domaine qui nécessite des recherches plus approfondies. »

Le chercheur indique cependant « qu’il est fortement recommandé de retirer rapidement et efficacement de la nature tout loup qui s’approche des humains ou qui montre des signes d’accoutumance extrême, par des moyens létaux ou non ». En Grèce, des responsables locaux ont décidé de poser des pièges pour tenter de capturer le loup à l’origine de l’attaque. Si l’animal ne peut pas être attrapé, alors il sera tué, ont prévenu les autorités.

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