Africa-Press – Congo Brazzaville. Les joues rouges, le col trempé de salive, les bébés qui font leurs dents se repèrent généralement aisément. A l’âge d’un an, leurs bouches seront garnies de deux à onze dents, un écart considérable guidé par de nombreux facteurs… Dont le stress maternel pendant la grossesse, conclut une nouvelle étude publiée dans la revue Frontiers in Oral Health.
« Bien que nous sachions que le développement dentaire commence avant la naissance, peu d’études se sont penchées de près sur la manière dont la biologie de la mère, comme ses hormones de stress, pourrait influencer le calendrier d’éruption dentaire », explique à Sciences et Avenir Ying Meng, chercheuse en nutrition et santé pédiatrique à l’Université de Rochester (Etats-Unis) et première autrice de ces travaux. Dans l’utérus, le fœtus commence à développer les premiers tissus voués à devenir ses dents vers la sixième semaine de grossesse. « Des études antérieures avaient établi un lien entre le stress prénatal et des problèmes tels que la fragilité de l’émail ou l’apparition précoce de caries, voire des changements dans le vieillissement biologique. Mais très peu d’études s’étaient directement intéressées à l’influence du stress pendant la grossesse sur le moment de la poussée dentaire », justifie Ying Meng, dont les travaux participent à combler ce manque.
Quatre dents d’avance
Le rapport entre stress et dents, c’est le cortisol, la principale hormone du stress. « Les dents apparaissent grâce à un processus naturel qui implique le remodelage osseux, les hormones et des minéraux tels que le calcium et la vitamine D. Or, le cortisol peut influencer la croissance et la dégradation des os, ainsi que la façon dont le corps utilise le calcium et la vitamine D », détaille Ying Meng. Leurs résultats, basés sur des analyses sanguines, sont nets: à l’âge de six mois, les bébés des femmes qui produisaient le plus de cortisol avaient quatre dents de plus que ceux des mères qui en produisaient le moins. Des résultats basés sur le suivi de 142 femmes dès leur grossesse, toutes issues de contextes défavorisés – et donc particulièrement soumises à des conditions de vie stressantes.
Cortisol, génétique et environnement affectent le délai de poussée dentaire
« Nous nous attendions à ce que les hormones du stress puissent affecter la poussée dentaire, mais l’ampleur de cet effet s’est avérée plus importante que prévu », réagit Ying Meng. Etonnamment, ce lien n’est pas retrouvé chez les bébés des mères souffrant de dépression ou d’anxiété. « Cela suggère que les signaux biologiques de stress peuvent être plus révélateurs que le diagnostic clinique », analyse Ying Meng. Le cortisol n’est cependant pas le seul facteur en jeu. « Des études antérieures montrent que la génétique a toujours une grande influence sur le moment où les dents de lait apparaissent. D’autres facteurs, tels que la nutrition, les conditions de naissance et l’environnement de vie, ont également leur importance. Le cortisol peut s’ajouter à ces effets ou interagir avec eux », détaille la chercheuse.
Un indicateur de développement précoce ou tardif
Si les facteurs influençant le moment de la poussée dentaire sont importants à connaître, c’est aussi une affaire de santé. « Si les dents apparaissent trop tôt ou trop tard, cela peut affecter leur croissance, leur alignement et leur résistance à la carie », ajoute Ying Meng. Certains travaux lient également le délai de la poussée dentaire à un reflet du vieillissement biologique potentiellement précoce ou tardif, de la même manière que l’âge de la puberté. « Du point de vue de la recherche, cette étude nous aide à comprendre comment le stress pendant la grossesse affecte le développement des bébés et peut aider à identifier les indicateurs précoces de risques futurs pour la santé », résume la chercheuse. D’après l’Assurance Maladie, la première poussée dentaire a lieu le plus souvent entre 4 à 7 mois et les dents de lait sont toutes en place avant les 3 ans de l’enfant.
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