Mukwege Plaide pour Culture et Éducation comme Piliers de Paix

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Mukwege Plaide pour Culture et Éducation comme Piliers de Paix
Mukwege Plaide pour Culture et Éducation comme Piliers de Paix

Africa-Press – Congo Kinshasa. Le Prix Nobel de la paix 2018, Dr Denis Mukwege, a exhorté samedi la communauté internationale à placer la culture et l’éducation au cœur des politiques de paix et à agir de toute urgence pour mettre fin à la tragédie humanitaire qui sévit en République démocratique du Congo (RDC) depuis plus de trois décennies. Il intervenait à l’Université de la Sorbonne dans le cadre de la première édition de la « Fabrique de la Diplomatie », organisée par l’ambassade d’Angola en France et le ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères.

Dans une allocution sur le thème « La culture et l’éducation, des ressources pour la paix », Mukwege a rappelé que l’effondrement des institutions internationales et la régression des droits humains laissent place à la « loi du plus fort », aggravant les conflits armés et les fractures dans le monde.

« L’éducation et la culture représentent des ressources indispensables dans ce monde qui ressemble à un bateau ivre », a-t-il déclaré, plaidant pour qu’elles soient intégrées dans les politiques publiques et les comportements quotidiens.

Selon lui, la paix ne se limite pas à l’absence de guerre mais implique la capacité des sociétés à gérer leurs divergences, à panser leurs plaies et à rechercher la vérité et la justice.

L’éducation, qu’il qualifie de « mère de l’esprit critique et de tous les droits fondamentaux », est un outil pour ancrer les valeurs de respect, lutter contre la pauvreté, protéger les enfants et les jeunes filles, et combattre les violences sexuelles, les extrémismes et la désinformation.

Le gynécologue congolais a également souligné le rôle de la culture comme facteur de rapprochement entre les peuples: musique, danse, théâtre, arts visuels et littérature peuvent, selon lui, créer des ponts, favoriser le dialogue et aider les sociétés à guérir de leur passé.

« Soutenir la culture, c’est consolider les fondations du vivre-ensemble et investir dans l’éducation, c’est investir dans la paix pour les générations futures », a-t-il insisté.

Mukwege a profité de cette tribune pour dénoncer l’ampleur du drame congolais, qu’il qualifie de « conflit le plus meurtrier depuis la Seconde Guerre mondiale », avec plus de 6 millions de morts, des millions de déplacés et des femmes victimes de violences sexuelles de masse utilisées comme arme de guerre.

Il a accusé le régime rwandais de soutenir la résurgence du M23 et de commettre des atrocités documentées par Human Rights Watch, tout en déplorant « l’indifférence et l’inaction » de la communauté internationale, assimilées à une « complicité honteuse ».

Le Prix Nobel a appelé la diplomatie française et internationale à mettre en œuvre la résolution 2773 du Conseil de sécurité de l’ONU, adoptée à l’unanimité le 21 février 2025, exigeant un cessez-le-feu immédiat, le retrait de l’armée rwandaise et le démantèlement des administrations parallèles dans les Kivu.

« Le temps est venu de mettre fin aux agressions récidivistes en RDC, de rendre justice aux millions de victimes et de montrer que le droit international n’est pas mort », a-t-il conclu, reprenant le mantra « Plus jamais ça ».

La table ronde, modérée par Armelle Gosselin-Gorand du Forum Normandie pour la Paix, réunissait également Mohamed Elfarnawany (UNESCO et Biennale de Luanda) et Cécile Duflot (Oxfam-France). L’événement s’inscrivait dans la volonté de l’Angola de promouvoir une culture de paix et un multilatéralisme actif, à travers la Biennale de Luanda et d’autres initiatives.

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