L’ire de Fayulu face aux dérives du régime

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L’ire de Fayulu face aux dérives du régime
L’ire de Fayulu face aux dérives du régime

Africa-Press – Congo Kinshasa. Martin Fayulu Madidi ne cache plus sa frustration. En l’absence de réponses concrètes du président Tshisekedi et face aux manœuvres de son camp de retenter de changer la Constitution, l’opposant convoque cette semaine une réunion de crise destinée à définir de nouvelles options politiques.

Exaspéré par ce qu’il qualifie de «lenteur et de contournements dans la mise en œuvre du dialogue national », Fayulu entend frapper un grand coup: « rappeler à tous que le Congo ne peut se permettre l’immobilisme, et que chaque décision prise au sommet doit répondre à l’urgence des crises qui frappent le pays ».

Le « monologue » présidentiel

Fayulu avait pourtant placé ses espoirs dans les engagements pris lors de sa rencontre avec Tshisekedi en juin dernier, convaincu qu’un dialogue sincère pouvait enfin être lancé pour répondre aux urgences nationales. Mais aujourd’hui, il voit ses attentes balayées. Le président de la République semble vouloir imposer un dialogue à sa manière, en dehors de toute concertation réelle avec l’opposition et les acteurs de la société civile.

« Le Congo n’a pas besoin d’un monologue présidentiel, mais d’un dialogue où toutes les voix sont entendues », martèle Fayulu. Selon lui, la lenteur et les manœuvres dilatoires orchestrées par le pouvoir nuisent à la stabilité nationale et prolongent les souffrances du peuple.

Une réunion de crise pour redéfinir la stratégie

Dans ce contexte, le président élu» convoque cette semaine une réunion de crise du camp de la patrie. Objectif: « analyser la situation politique, évaluer les réponses du gouvernement et définir de nouvelles lignes d’action pour contrer les manœuvres du pouvoir en place ».

Selon des sources proches du soldat du peuple, cette rencontre vise à « lever de nouvelles options politiques pour sauver le pays », face à la montée de l’insécurité, aux tueries en Ituri et dans les Kivu et aux retards accumulés dans la mise en œuvre du dialogue national inclusif promis par Tshisekedi.

« Jusqu’à quand le peuple doit-il subir des promesses non tenues et des initiatives qui ne font qu’aggraver la crise? », s’interrogent ses lieutenants. La réunion de cette semaine sera l’occasion pour Martin Fayulu de montrer qu’il entend agir, tout en restant ouvert à un dialogue véritable et constructif.

Les exigences de Lamuka au n°2 de l’ONU

Cette colère avait déjà été exprimée quelques jours avant, lors de la rencontre de Fayulu, le 4 septembre, avec Jean-Pierre Lacroix, secrétaire général adjoint de l’ONU chargé des opérations de maintien de la paix. À l’occasion, le chef de Lamuka avait rappelé la nécessité d’un dialogue national inclusif, dénonçant le « monologue » de Tshisekedi et soulignant que la voie unilatérale choisie par le pouvoir ne répond pas aux urgences du pays.

Lamuka avait même présenté au diplomate onusien une feuille de route claire:

Application de la résolution 2773, pour rappeler au gouvernement son devoir de protéger les civils et garantir que tous les belligérants, y compris le M23, respectent leurs obligations ;

Cessez-le-feu immédiat dans l’est, théâtre d’affrontements meurtriers ;

Renforcement de l’aide humanitaire, en faveur des plus de 7 millions de déplacés internes souvent oubliés par l’État.

De la conviction du leader de l’Ecide, ces mesures sont indispensables pour rétablir la sécurité et la confiance, avant même d’envisager un véritable dialogue.

Il faut également rappeler que dans son discours prononcé à l’occasion du 65e anniversaire de l’indépendance du pays, Fayulu avait déjà lancé un appel vibrant à l’unité et à la réconciliation nationale. Il citait l’article 63 de la Constitution, qui oblige chaque Congolais à défendre l’intégrité du pays. « La paix durable ne viendra que d’un véritable État de droit, d’une armée forte, de la cohésion nationale et d’une gouvernance intègre ».

En clair, Fayulu plaide pour un dialogue national inclusif sous la médiation des autorités spirituelles congolaises, un espace où « penser nos plaies, dire nos vérités et reconstruire la confiance » devient possible. Sa démarche reste donc celle d’un homme engagé, déterminé à peser sur la scène politique, tout en laissant la porte ouverte à la concertation, mais à ses conditions et avec les garanties d’inclusivité.

À la chute de son message, il lançait avec gravité: « Ne trahissons pas notre histoire. Ne trahissons pas notre peuple. Ne trahissons pas l’espérance ». Ces mots résonnent aujourd’hui avec force, à l’heure où le radical opposant entend rappeler au pouvoir et au pays que les enjeux sont trop graves pour tolérer l’immobilisme et les demi-mesures.

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