ÉDITORIAL — Jusqu’où ira Joseph Kabila?

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ÉDITORIAL — Jusqu’où ira Joseph Kabila?
ÉDITORIAL — Jusqu’où ira Joseph Kabila?

Africa-Press – Congo Kinshasa. Parler de Joseph Kabila, c’est évoquer un homme dont l’ombre plane encore sur la scène politique congolaise, près de sept ans après avoir quitté officiellement le pouvoir. Son influence, loin de s’estomper, semble au contraire s’étendre, tissant un réseau de contrôle aussi complexe qu’intrigant. Jusqu’où ira l’ancien président dans sa stratégie de reconquête ou de préservation d’un pouvoir qu’il n’a, au fond, jamais complètement abandonné?

Kabila règne aujourd’hui sur une mosaïque d’entités politiques et para-politiques, chacune jouant un rôle précis dans une mécanique bien huilée. Le Front Commun pour le Congo (FCC) reste la matrice, la structure mère, le levier institutionnel qui lui permet de garder une main sur les anciens barons du régime et sur les réseaux parlementaires régionaux. Le Parti du Peuple pour la Reconstruction et le Développement (PPRD), quant à lui, demeure son bastion historique, un symbole identitaire pour ses fidèles, même affaibli par les départs et les divisions internes.

Mais le jeu devient plus obscur lorsqu’on observe les ramifications extérieures. Derrière le rideau, l’Alliance Fleuve Congo / M23 (AFC/M23), présentée comme un mouvement politico-militaire à visée régionale, fait planer un doute lourd sur les véritables intentions de Kabila. Cette alliance, perçue comme une émanation de l’influence rwandaise, est largement rejetée par les Congolais qui y voient une menace directe à la souveraineté nationale. Pourtant, son existence semble servir un double objectif: maintenir une capacité de nuisance et peser sur les négociations de sécurité à l’Est.

Et voici qu’émerge « Sauvons la RDC », une nouvelle plateforme politique aux contours encore flous, mais dont la création ne relève pas du hasard. Sous couvert d’un discours de rassemblement patriotique, cette initiative apparaît comme une tentative de rebranding politique, un moyen de repositionner Kabila dans le débat national, tout en testant la réaction d’une opinion publique fatiguée, mais toujours sensible à la nostalgie d’un État fort.

Derrière ces structures multiples, une constante: la stratégie du contrôle indirect. Joseph Kabila ne s’exprime presque jamais publiquement, mais tout converge vers lui. Il délègue, il observe, il attend. Son silence n’est pas retrait, c’est calcul. Son absence apparente n’est pas vide, c’est influence.

Alors, jusqu’où ira-t-il? Vers une tentative de retour politique en 2028? Vers une recomposition du paysage politique sous sa houlette, en coulisses? Ou simplement vers la consolidation d’un empire d’intérêts économiques et militaires à l’abri du regard public? Une chose est sûre: Kabila reste un acteur central de l’équation congolaise. Tant que ses réseaux persisteront, il demeurera un facteur incontournable — et imprévisible — dans la trajectoire d’un pays qui peine encore à tourner la page de son long règne. Le passé, dit-on, ne meurt jamais vraiment. En RDC, il s’appelle encore Joseph Kabila.

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