Joseph Kabila et le Passé Menace de l’Avenir du Congo

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Joseph Kabila et le Passé Menace de l'Avenir du Congo
Joseph Kabila et le Passé Menace de l'Avenir du Congo

Africa-Press – Congo Kinshasa. Le Congo fait face à un choix historique. Revenir aux logiques qui ont paupérisé la nation — prédation des ressources, affaiblissement de l’État, alliances douteuses avec des intérêts étrangers — serait signer l’arrêt de mort d’un fragile élan de souveraineté. Or, c’est précisément ce que laisse craindre la résurgence politique de Joseph Kabila, qui, depuis Nairobi, tisse à nouveau des réseaux et tente de rassembler des acteurs prêts à brader l’avenir du pays pour des promesses ou des intérêts privés. The Africa Report
Un pouvoir né des batailles, entretenu par les compromis

Arrivé au pouvoir dans le sillage des conflits régionaux de la fin des années 1990, Joseph Kabila a présidé la RDC de 2001 à 2019. Ce long règne n’a pas permis la consolidation d’un État fort et indépendant: au contraire, les institutions se sont affaiblies, la capture des ressources nationales s’est organisée, et des réseaux d’intérêts — tant nationaux qu’internationaux — ont prospéré au détriment du bien commun. Les enquêtes et rapports d’investigation ont documenté la manière dont des circuits financiers opaques et des instruments de pouvoir public ont servi des logiques de profit privé.

La prédation et la balkanisation: pas de simples hypothèses

Parler de « balkanisation » du Congo n’est pas tomber dans l’exagération alarmiste: c’est nommer une réalité factuelle. La fragmentation du contrôle étatique, l’ingérence d’acteurs régionaux dans l’Est et l’émergence d’espaces de non‐droit ont créé des poches où des intérêts étrangers et privés exploitent les richesses locales. Le constat de violations massives et d’impunité figure noir sur blanc dans le Rapport Mapping de l’ONU, qui documente l’ampleur et la gravité des crimes commis dans les années 1993–2003. Tant que la prédation restera sans sanction, le pays restera vulnérable aux projets de partition de fait.

Un retrait factice, un retour préparé depuis Nairobi

Le silence public de ces dernières années ne doit pas être confondu avec un retrait désarmé. Les réunions politiques à Nairobi, la mise en place de plateformes et la recherche d’alliances montrent qu’il s’agit d’une stratégie réfléchie pour reconfigurer l’échiquier congolais et préparer un retour d’envergure. Le risque est que ce retour s’opère au prix d’un marché politique au rabais, où des figures opportunistes profiteront d’un partage d’influence qui ravagera davantage la souveraineté nationale.

Les risques humains et sécuritaires sont concrets

Relancer d’anciennes pratiques politiques et militaires, c’est relancer la machine à violence. L’Est du pays reste meurtri: déplacements massifs, exactions, violences sexuelles et crise humanitaire permanente. Par ailleurs, les accusations contemporaines liant des acteurs politiques à des groupes armés — et les décisions récentes prises par Kinshasa à l’encontre de certains réseaux — montrent combien l’enjeu n’est pas seulement politique mais vital pour des centaines de milliers de Congolais. Tant que les circuits financiers et logistiques de l’extrême violence ne seront pas coupés, la paix restera un vœu fragile.

Justice et responsabilité: l’impératif démocratique

La stabilité durable passe par la justice. Les révélations d’éléments de corruption, de détournements et d’abus de pouvoir — qui ont nourri un capital privé tout en vidant les services publics — ne peuvent rester lettre morte. Les États partenaires et les organisations internationales doivent cesser la complaisance: enquêtes indépendantes, gel d’avoirs, coopération judiciaire transnationale et, si nécessaire, saisine des juridictions internationales sont des réponses indispensables pour rompre le cycle de l’impunité. Sans cela, la porte restera ouverte aux retours toxiques.

Un appel à la société civile et aux partenaires

La riposte doit être politique, civique et internationale. Diaspora, ONG, églises, médias indépendants et citoyens doivent former un rempart contre les logiques de reflux autoritaire et de marchandisation du pouvoir. Les partenaires étrangers — diplomates, bailleurs, entreprises responsables — ont aussi une responsabilité: conditionner leurs engagements à des exigences de transparence et d’État de droit, et ne pas fermer les yeux sur les manœuvres qui mettent en péril l’intégrité territoriale et la dignité des Congolais.

Choisir l’avenir plutôt que le passé

Le Congo n’a pas besoin d’une réédition des errements d’hier. Il a besoin d’institutions fortes, d’une gouvernance qui redistribue équitablement les richesses, et d’une justice qui mette hors d’état de nuire ceux qui sacrifient l’intérêt national au profit de leurs réseaux. Ceux qui aujourd’hui cherchent à rallier Joseph Kabila ne sont pas des artisans de la paix: ils contribuent à la mise en scène d’un retour qui menace de replonger le pays dans le chaos.

Dire non à la régression, exiger la vérité, saisir la justice: voilà le triptyque que doivent adopter les forces vives du pays et leurs partenaires. L’histoire jugera les timides et louera les courageux. Le Congo mérite mieux que le retour des fantômes du passé.

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