Justice Internationale Brise Cycle d’Impunité en RDC

1
Justice Internationale Brise Cycle d'Impunité en RDC
Justice Internationale Brise Cycle d'Impunité en RDC

Africa-Press – Congo Kinshasa. La Cour d’Assises de Paris a rendu un verdict en condamnant Roger Lumbala, ancien chef d’un groupe armé, à 30 ans de réclusion criminelle pour complicité de crimes contre l’humanité. Ces crimes, perpétrés entre 2002 et 2003, se sont déroulés dans le contexte de la deuxième guerre du Congo, une période marquée par une violence extrême motivée notamment par la prédation des ressources naturelles et minières.

Dans une déclaration, Denis Mukwege, lauréat du prix Nobel de la paix, a salué ce procès qualifié « d’historique », soulignant qu’il rompt enfin le cycle d’impunité qui a longtemps prévalu face aux crimes graves commis en République Démocratique du Congo (RDC) depuis les années 1990. Ce jugement est la première condamnation rendue par un tribunal indépendant à l’encontre d’un auteur de crimes internationaux massifs documentés par le rapport Mapping des Nations Unies, qui était resté jusque-là sans suite.

Le prix Nobel a tenu à féliciter le courage des victimes, notamment des survivantes de violences sexuelles, ainsi que des témoins ayant participé à la procédure malgré les nombreuses pressions exercées. Il a également reconnu l’importance du travail accompli par les ONG nationales et internationales, qui ont enquêté et facilité la participation des victimes, moteur essentiel de la traduction en justice de Roger Lumbala, actif dans le Nord-Est du pays.

La justice française a établi le modus operandi du groupe rebelle de Lumbala, le Rassemblement des Congolais Démocrates et Nationalistes (RCD-N), soutenu par l’Ouganda et le Mouvement de Libération du Congo (MLC), notamment lors de l’« Opération Effacer le Tableau ». Cette campagne s’est traduite par des exécutions sommaires, des viols massifs utilisés comme armes de guerre, l’esclavage sexuel, la torture, le travail forcé, le pillage et des arrestations arbitraires. Ces actes ont été qualifiés de crimes contre l’humanité dans le cadre d’une attaque généralisée et systématique contre la population civile.

Ce procès, tenu en France en vertu de la compétence universelle, illustre l’application d’un principe juridique permettant de poursuivre les crimes internationaux les plus graves, indépendamment du lieu où ils ont été commis ou de la nationalité des auteurs ou des victimes. Mukwege insiste sur le fait que ce jugement ne doit pas rester un cas isolé, mais ouvrir la voie à d’autres procédures similaires devant des juridictions nationales, en Europe, en Afrique ou ailleurs.

Toutefois, le lauréat du prix Nobel appelle également à ce que ces mécanismes judiciaires soient établis au plus près des lieux des crimes, donc en RDC. Il rappelle que, malgré quelques avancées, les tribunaux militaires congolais n’ont pas suffisamment poursuivi les auteurs présumés des crimes des conflits passés, impliquant notamment des forces étrangères ougandaises et rwandaises, comme détaillé dans le rapport Mapping.

Denis Mukwege invite enfin les autorités congolaises, en partenariat avec les Nations Unies et les bailleurs internationaux, à accélérer la création d’une juridiction pénale internationale ou internationalisée capable de juger les hauts responsables des crimes commis durant les trois dernières décennies.

Selon lui, la récente accession de la RDC au Conseil de sécurité de l’ONU constitue une occasion unique à saisir. Par ailleurs, il encourage le Parlement congolais à adopter rapidement une loi instaurant des Chambres spécialisées mixtes ou hybrides dans les Cours d’Appel des provinces concernées afin de juger d’autres auteurs présumés.

Cette condamnation de Roger Lumbala marque ainsi un tournant crucial vers la justice et la fin de l’impunité pour les victimes des atrocités de masse en RDC, rappelant la nécessité d’un engagement renouvelé et concerté pour la paix et la justice dans la région.

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here