Africa-Press – Congo Kinshasa. La publication récente des nominations au sein du gouvernement a déclenché une vague de controverses et de critiques au sein de la classe politique congolaise. Certains se plaignent d’avoir été ignorés lors de ces nominations, tandis que d’autres dénoncent la sous-représentation de leur région d’origine. Ces réactions contrastées soulignent les contradictions et les rivalités qui caractérisent souvent la scène politique du Congo. Au cur de cette polémique se trouvent les 54 « compétents professionnels » sélectionnés par Mme Judith Suminwa Tuluka pour occuper des postes clés. Selon des sources fiables, ces nominations seront soumises à l’approbation de l’Assemblée nationale le 15 juin prochain. Malgré les critiques et les tensions qui entourent ces nominations, le gouvernement de Mme Suminwa Tuluka semble déterminé à poursuivre son agenda et à mettre en œuvre ses politiques. L’expression populaire « le chien aboie, la caravane passe » reflète peut-être le sentiment de résolution et de détermination qui anime le gouvernement face aux critiques et aux oppositions.
Peu importe les conditions dans lesquelles les 54 membres du gouvernement Suminwa, proclamé aux petites heures de mercredi 28 mai, ont été sélectionnés, encore moins les profils de certains de ses membres connus ou de ceux qui le sont moins, la tension est tombée tant l’attente avait fini par rejaillir sur la compétence du Chef de l’État et « Autorité morale » de l’Union sacrée à former dans un temps raisonnable une équipe gouvernementale issue de sa seule majorité – l’opposition étant réduite à sa portion congrue. Les passions étant en voie de s’apaiser, on en viendrait presque à penser que les choses ont repris leur cours normal avec leur improbable incidence sur le vécu quotidien des populations sérieusement érodé, en réalité il n’en est rien.
La « guerre » fait ouvertement rage entre les frustrés laissés sur le bord de la route dans le choix des ministres dont environ les 3⁄4 proviennent de l’UDPS avec une majorité d’originaires d’une même aire géographique (le Kasaï). Le fait que certaines provinces ne soient pas représentées dans l’équipe gouvernementale n’est pas non plus de nature à resserrer les rangs d’une Majorité présidentielle confisquée par une frange sociologique au mépris des appels de propagande à la cohésion nationale et à un vivre ensemble plus que jamais en péril. Entre ceux qui font leur retour au gouvernement et d’illustres inconnus aux origines politiques contrastées se crée un embarras perceptible qui bat en brèche les optimismes affichés par les inconditionnels du régime.
Décryptage
Une lecture minutieuse de la composition du gouvernement Suminwa laisse ressortir une anomalie qui remet en question le sacro-saint principe de la représentativité provinciale. Deux entités provinciales ont été ignorées, sans qu’aucune explication nait été fournie.
Alors que les provinces du Grand Kasaï alignent pas moins dune bonne trentaine de chefs de départements ministériels, le Maniema et le Kwango ont été superbement « oubliés ». Les représentants des deux provinces qui se recrutent aussi bien parmi les élus que les organisations de la société civile sont aussitôt montées au créneau pour exiger la correction de cette autre version d« erreurs matérielles ».
Les anomalies constatées portent sur l’absence d’élus des deux provinces non seulement au gouvernement, mais aussi dans les bureaux des organes délibérants, dont celui de l’Assemblée nationale. Les deux provinces ne comptent pas le moindre ministre, vice-ministre ou ministre délégué.
L’on aurait tort de minimiser les appels à la régularisation et réparation de ce que les uns et les autres considèrent à juste titre comme une entorse aux dispositions constitutionnelles. La géopolitique nationale, dans ce qu’elle a d’un principe généralement galvaudé, englobe en revanche une nette dangerosité que les tenants du pouvoir ne semblent pas estimer à sa juste valeur.
NE PAS ATTISER LE FEU SOUS LA CENDRE
Voisine du chaudron sécuritaire du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, la province du Maniema devrait faire l’objet de toutes les attentions. La province, qui compte aussi une bonne partie des groupes armés quoique relativement actifs dans les zones d’exploitation minière artisanale constitue un vivier potentiel de recrutement de jeunes désœuvrés et de ce fait facilement manipulables par des politiciens au bord de la frustration ou carrément aigris.
Le même schéma peut être transposé, peu ou prou, à la province du Kwango en proie depuis trois ans à l’insurrection des milices Mobondo. Kinshasa semble oublier que les violences qui se poursuivent dans le territoire de Kwamouth ont poussé la Commission électorale nationale indépendante (CENI) à ne pas y organiser les élections générales de décembre 2023, dont la présidentielle.
Ni les assurances données régulièrement par Peter Kazadi, alors ministre de l’Intérieur, encore moins les multiples rencontres des chefs traditionnels Yaka et Téké, aucune évolution positive n’a été enregistrée. Les déplacés fuyant leurs villages sont même amassés en périphérie de la ville de Kinshasa où les autorités préfèrent jouer à l’autruche.
L’HEURE DES RAPPELS HISTORIQUES
Curieusement, les exigences en provenance du Grand Bandundu sont le fait de l’UDPS, le parti présidentiel qui soffusque dêtre laissé pour compte. Dans une déclaration publiée ce 29 mai, ses animateurs relèvent une double anomalie: le Kwango, le Mai-Ndombe et le Kwilu réunis totalisent 0 poste aux assemblées provinciales ; 0 gouverneur ; 0 poste à l’Assemblée nationale ; 4 députés nationaux sur 28 et 0 ministre au gouvernement Suminwa.
Les auteurs de la déclaration rappellent que « sous le régime du PPRD, le Grand Bandundu jouissait dune représentation adéquate dans les institutions. Avec l’UDPS au pouvoir, notre région semble être reléguée au second plan, utilisée comme un marchepied par les nouveaux dirigeants de la république ».
Le rappel historique venant des membres d’un parti qui tient pour le diable en personne l’ancien Joseph Kabila devrait donner à réfléchir aux spécialistes de la manipulation électorale avant qu’il ne soit trop tard. (Ci-dessous la déclaration de lUDPS Grand Bandundu) Econews
Déclaration Politique des Membres de l’UDPS Grand Bandundu
Nous, membres de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) du Grand Bandundu (Kwango, Kwilu et Mai-Ndombe), exprimons notre profonde déception et indignation face à la marginalisation de notre région dans les institutions nationales et provinciales sous le mandat actuel du Président Félix-Antoine Tshisekedi et de l’architecte du deuxième mandat de l’UDPS, le secrétaire général, l’honorable sénateur Augustin Kabuya.
Constat Alarmant
– Zéro (0) députés provinciaux
– Zéro (0) postes aux assemblées provinciales
– Zéro (0) gouverneurs
– Zéro (0) postes à l’Assemblée nationale
– Quatre (4) députés nationaux sur 28
– Zéro (0) ministres au gouvernement Suminwa
Après la publication du gouvernement dirigé par Judith Tuluka, notre région se voit humiliée avec seulement un ministre et un vice-ministre. Pendant ce temps, le Kasaï compte 31 ministres sur 54, l’Équateur 11 ministres, le Grand Kivu 9, et le Kongo Central 3. Pourquoi humilier le Grand Bandundu à ce point ?
Comparaison Historique
Sous le régime du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD), le Grand Bandundu jouissait d’une représentation adéquate dans les institutions. Avec l’UDPS au pouvoir, notre région semble être reléguée au second plan, utilisée comme marchepied par les nouveaux dirigeants de la République.
Appel à la Réflexion
Les intellectuels et politiciens du Bandundu doivent analyser cette situation avec rigueur. Il est clair que nos représentants ont été induits en erreur, et il est impératif de rectifier cette injustice. Le pouvoir en République Démocratique du Congo (RDC) se partage entre les partis politiques et les provinces. Les élites des autres provinces ont su s’organiser pour défendre leurs intérêts, contrairement aux politiciens du Bandundu, souvent divisés et engagés dans des querelles stériles.
Recommandations et Demandes
Nous demandons respectueusement, mais fermement au Président Félix Antoine Tshisekedi et au Secrétaire général de l’UDPS, l’honorable sénateur Augustin Kabuya, de corriger cette situation de manière urgente. Il est nécessaire de:
1. Réévaluer la répartition des postes afin de garantir une représentation équitable du Grand Bandundu.
2. Inclure davantage de nos représentants dans les institutions nationales et provinciales.
3. Reconnaître et valoriser les efforts des militants de l’UDPS Grand Bandundu
4. qui ont soutenu le parti malgré les défis et les opposants de taille comme Martin Fayulu et Adolphe Muzito.
Conclusion
La population du Grand Bandundu est fatiguée d’être utilisée comme marchepied. Trop, c’est trop. Il est temps de changer les paramètres politiques pour assurer la survie et la prospérité de notre région. Nous réitérons notre engagement envers l’UDPS, mais nous demandons une réévaluation immédiate de notre représentation pour prévenir une désillusion massive et assurer un avenir prometteur pour notre parti après le mandat du président Félix Antoine Tshisekedi.
Les Indignés du Grand Bandundu Dieuleveut Kisota kitumba Combattant sans frontières
Pour plus d’informations et d’analyses sur la Congo Kinshasa, suivez Africa-Press