Coopération économique : la RDC va-t-elle tirer profit du prochain passage de la mission économique belge ?

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Coopération économique : la RDC va-t-elle tirer profit du prochain passage de la mission économique belge ?
Coopération économique : la RDC va-t-elle tirer profit du prochain passage de la mission économique belge ?

Africa-Press – Congo Kinshasa. Une délégation d’hommes d’affaires belges séjournera au courant de ce mois à Kinshasa, pour explorer le potentiel du marché Congolais et rencontrer des partenaires économiques et commerciaux, en vue de mettre en avant et capitaliser les relations entre la ville de Kinshasa et la région bruxelloise. La RDC qui a eu à accueillir plusieurs hommes d’affaires des différents pays, sans que cela ne profite à l’économie congolaise, mettra-t-elle cette énième occasion, pour accroître le volet des échanges commerciaux?

La mission économique belge aura en son sein, près de 90 entreprises du Royaume de Belgique qui seront représentées par des hommes d’affaires belges avec à leur tête, le ministre-président de la Région bruxelloise et le Secrétaire d’État du gouvernement bruxellois. Des sources concordantes indiquent que les discussions sur l’avenant qui sera signé dans le cadre de ces accords sont déjà en cours, et l’avenant concernera les secteurs spécifiques, notamment l’environnement, le transport et les infrastructures. Cela permettra dit-elle, de réveiller les accords de coopération qui existent déjà entre les deux parties.

Signalons, toutes les autres missions économiques précédentes qui se sont succédées à Kinshasa, n’ont jamais des résultats escomptés. A ce sujet, des voix s’élèvent pour demander si les monde d’affaires congolais a horreur de s’accommoder avec le monde d’affaires extérieur par peur de concurrence.

Des missions similaires sont passées à Kinshasa, mais aucun résultat palpable

La mission d’hommes d’affaires turcs en 2013 : aucun profit tiré

Il y a lieu de rappeler la venue en 2013, d’une mission de près de 50 entrepreneurs turcs à Kinshasa, en vue de participer à un salon international des produits turcs organisé à l’époque par la Foire internationale de Kinshasa (FIKIN). C’est le ministre honoraire de l’Economie et Commerce, Jean-Paul Nemoyato Bagebole qui avait officiellement inauguré ce salon international du Commerce et de l’Industrie (INGETREX), en présence d’autres officiels et corps diplomatiques au chapiteau même de la FIKIN.

Cette activité était placée sous le signe avant-coureur d’une coopération sur laquelle devait se fonder l’espoir d’un investissement fructueux des sociétés turquoises. Elle devait aussi ouvrir la RDC aux capitaux extérieurs et devait faire de Kinshasa la véritable capitale économique, selon les organisateurs. Pour ce faire, quatre grands pavillons de la FIKIN était envahi par des produits de l’agro-alimentaire, ideal Home, du cosmétique, de matériaux de construction et outils d’ingénierie.

Au finish, le Salon international du Commerce et de l’Industrie devait établir le lien direct entre les hommes d’affaires congolais et turcs, et devait être organiser chaque année, en vue de tisser des liens étroits entre la RDC et la Turquie qui est à l’honneur cette année avec près de 50 entreprises et, dans un avenir proche, développer les échanges commerciaux avec les dix autres pays présents dans ce Salon, à savoir : la Hollande, la Suède, l’Inde, la Chine, le Maroc, la Côte d’Ivoire, le Nigéria, la Belgique, Dubaï (E.A.U), la Turquie et le pays hôte qu’est la RDC.

Aujourd’hui près de neuf ans après l’organisation de ce salon, aucun suivi n’a été fait en vue de capitaliser les retombées de cette activité économique, qui n’avait même pas bénéficié de l’engouement des hommes d’affaires turcs, lesquels étaient rentrés déçus du comportement du monde des affaires congolais, regroupé au sein de la FEC (Fédération des entreprises du Congo).

Le passage du monde des affaires tunisiennes n’a pas laissé des traces

En mai 2013, un groupe d’hommes d’affaires tunisiens avait également foyulé le sol Kinois pour découvrir les opportunités d’investissements en RDC. Ils avaient même échangé avec les hommes d’affaires congolais regroupés au sein de la Fédération des entreprises du Congo (FEC) à ce sujet, mais à ce jour, aucun signal fort n’a été perçu.

En mars 2021, cinquante-cinq (55) hommes d’affaires tunisiens et environ 250 investisseurs congolais, opérant dans divers secteurs d’activité, ont participé au 3ème Forum économique tuniso-congolais, qui s’est tenu du 22 au 27 mars 2021.

Cette 3ème édition du forum, organisée en coopération entre l’Ambassade de Tunisie à Kinshasa et le Conseil d’affaires tuniso-africain, avait pour objectif, d’étudier les moyens permettant de promouvoir les exportations entre les deux pays, de manière à impulser les échanges commerciaux bilatéraux, consolider les relations économiques tuniso-congolaises et avoir une idée sur le climat d’affaires et les opportunités d’investissement dans ce pays.

L’ambassadeur tunisien en RDC avait indiqué à cette occaion que, Kinshasa pourrait être le plus grand marché africain pour les Tunisiens, étant donné que la plupart des denrées alimentaires disponibles sont importés, malgré que la région dispose de 80 millions d’hectares de terres agricoles.

La mission économique tunisienne comprenait des bureaux d’ingénierie et de santé, des sociétés exerçant dans les industries pharmaceutiques, la sous-traitance, le bâtiment, les travaux publics, les industries mécaniques et électriques, les services, l’énergie, l’enseignement supérieur…

Mais hélas, comme pour la mission économique turque, le monde d’affaires de la RDC n’a pas également mis à profit le énième passage du monde économique tunisien.

Et revoici la Turquie

Dans le cadre de raffermissement des relations entre la RDC et la Turquie, une importante délégation a séjourné dernièrement à Kinshasa, avec à sa tête, le président turc, Recep Tayyip Erdogan. Cette visite placée sous les signes économique et sécuritaire, a permis aux deux pays de signer 7 accords parmi lesquels, l’accord-cadre militaire, protocole relatif aux aides financières ; accord de coopération sur l’industrie de la défense ; protocole d’accord sur la construction du centre des finances de Kinshasa ; protocole d’accord concernant l’infrastructure et le transport fluvial sur le fleuve Congo et ses affluents ; protocole d’accord pour la construction de 1083 kilomètres d’autoroute ; protocole d’accord pour la construction de la ligne de chemin de fer.

A ce sujet, il faut ajouter depuis que le Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi est au pouvoir, il n’y a pas des investissements directs étrangers en RDC. Aussi, le président turc a débarqué avec 300 investisseurs et 300 grandes entreprises qui valent sur le marché turc, près de 500 milliards USD en termes de chiffre d’affaires. Pour plusieurs analystes, leur présence est une opportunité de présenter la RDC comme un marché viable et attractif pour les entreprises.

« Ici, il faut peut-être espérer que comme les deux chefs d’Etat se sont impliqués, tous les accords signés seront matérialisés sur terrain », a laissé entendre l’un de nos analystes économiques, avant d’inviter le monde économique congolais regroupé au sein de la FEC (Fédération des entreprises du Congo), à mettre à profit la présence de leurs homologues belges, afin de nouer des partenariats francs au profit de l’économie congolaise, en particulier des populations de la RDC.

Au-delà de tout, il faut surtout insister sur l’assainissement du milieu des affaires en RDC, où les tracasseries administratives ne favorisent l’éclosion de l’économie et des affaires. Plusieurs services de l’Etat continuent d’asphyxier les opérateurs économiques avec des taxes qui pourraient pourtant être payées sous forme de taxe unique.

Sinon, il sera inutile de continuer à recevoir des missions économiques étrangères, sans que cela ne puisse profiter au pays ? Wait and see.

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