Élections en RDC : pour gagner, il faut plus qu’un programme ! (Analyse d’Oasis Kodila*)

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Élections en RDC : pour gagner, il faut plus qu'un programme ! (Analyse d’Oasis Kodila*)
Élections en RDC : pour gagner, il faut plus qu'un programme ! (Analyse d’Oasis Kodila*)

Africa-Press – Congo Kinshasa. La campagne a commencé. Si certains affirment déjà haut et fort la victoire de leur candidat, d’autres déplorent l’absence des idées nouvelles pour changer la trajectoire du pays. Ce qui est sûr: à la proclamation, il y aura des élus. Cependant, les candidats n’ont toujours pas compris que certains éléments du succès électoral se décident bien avant et de fois quasi-indépendamment des candidats. Un effort intellectuel des candidats (ou équipes de campagne) dans la littérature scientifique économique et politique aurait été d’une utilité certaine. Voici quelques preuves.

Beaucoup de candidats (présidentiels ou députés) ont attendu longtemps pour déclarer officiellement leurs candidatures. Or, ce qu’ils ignorent, le suspens peut certes s’avérer intéressant et créer un désarroi dans le camp adverse, mais il n’est pas anodin de rappeler qu’il existe des preuves scientifiques intéressantes qui suggèrent un avantage aux candidats inscrits en premier. Subséquemment à cet avantage, il y a lieu de noter des effets de primauté statistiquement significatifs dans de nombreux types de courses aux élections générales. Ces effets sont liés à l’ordre des noms.

L’ordre des noms des candidats peut influencer les électeurs qui ne sont pas en mesure de sélectionner un candidat pour des raisons substantielles. Cela peut se produire si un électeur manque d’informations nécessaires pour faire son choix éclairé ou se sent profondément en conflit à propos d’un ensemble de candidats en compétition, voyant des avantages et des inconvénients pour chacun d’eux. Paralysés par le manque ou l’abondance d’informations sur les candidats, les électeurs pourraient faire leurs choix sur la base d’indices heuristiques. Dans de telles situations, les données psychologiques indiquent que les gens choisissent souvent la première option parmi un ensemble d’alternatives. Dans une étude faite dans l’Ohio par exemple, on a constaté que l’ordre des noms favorise presque toujours les candidats inscrits en premier, de 2,5 pour cent en moyenne. Dans le même ordre d’idées, ceux qui bénéficient des chiffres faciles à retenir (chiffres ronds), des premiers chiffres dans l’ordre d’arrivée sur la liste – c’est le même raisonnement que précédemment – ont plus de chance de bénéficier de cette prime.

Une deuxième preuve: la beauté (et le look) du candidat. Une étude publiée dans une des revues scientifiques les plus respectées montre qu’une augmentation de la mesure de la beauté d’un écart type est associée à une augmentation de 20 % du nombre de voix en Finlande. Cette conclusion sur la prime électorale de la beauté a été observée dans plusieurs élections au travers le monde. Cet effet ne passe pas seulement sur la photo du candidat le jour de l’élection. On remarque dans une autre étude que les politiciens à l’apparence attrayante bénéficient de manière disproportionnée de l’exposition à la télévision, principalement parmi les individus les moins bien informés. Et oui, les considérations superficielles sont également à considérer. Il existe aujourd’hui plusieurs évidences scientifiques allant dans le sens de la beauté.

En somme, alors que cette campagne continue à décevoir de manière générale les esprits les plus affutés, ces esprits ne doivent pas perdre de vue qu’il n’y a pas que les grandes idées qui jouent le jour du vote. C’est là que les candidats doivent demander à leurs équipes de regarder également les articles scientifiques.

*Oasis KodilaTedika est un économiste et auteur récemment du livre Financement du développement en RDC: diagnostic, opportunités et perspectives.

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