la piqûre de rappel de S&P aux équipes de Félix Tshisekedi

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Africa-PressCongo Kinshasa. D’un optimisme prudent quant aux effets de la pandémie en RDC cette année, l’agence internationale de notation insiste sur l’importance de l’appui extérieur et s’inquiète des « difficultés entourant la prise de décisions politiques ».

L’actualisation de l’analyse de la RD Congo par l’agence de notation S&P Global Ratings, qu’elle vient de rendre publique, intervient alors que le gouvernement de Kinshasa traverse une zone de fortes turbulences, avec la destitution du Premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba et du bureau de l’Assemblée nationale, ainsi que la démission du président du Sénat – tous réputés proches de l’ancien président Joseph Kabila.

« Une nouvelle majorité parlementaire aiderait le président à appliquer son programme. Mais les risques restent grands, et nous anticipons que la prise et l’application des décisions politiques continueront d’être très difficiles », préviennent les analystes de S&P. Des perspectives économiques relativement solides à moyen terme sont entrevues

Dans la note du 8 février, l’agence ne manque pas de relever des aspects positifs. « La perspective stable de la République démocratique du Congo signifie que les effets négatifs du Covid-19 sur l’économie, le budget et la balance des paiements du pays seront compensés par une importante aide financière d’urgence des partenaires internationaux ».

S&P entrevoit même des perspectives économiques « relativement solides à moyen terme », tablant sur « une production minière plus élevée, des tensions intérieures limitées et la reprise des relations avec la communauté internationale ». Par ailleurs, « une augmentation substantielle des investissements publics, qui correspond aux priorités du président Tshisekedi, devrait soutenir la croissance dans les années à venir ».

En juillet 2020, la note souveraine du pays avait été maintenue à CCC+ (niveau de risques « substantiels » sur la dette), mais avec une perspective réduite de « positive » à « stable ». La note de S&P reste cependant un cran au-dessus de celles attribuées à la RDC par ses concurrents Moody’s (Caa2) et Fitch (CCC)

Aide financière d’urgence

S&P insiste sur les points de tension dans le pays, notamment budgétaires, qui sont autant d’éléments dans la « to do list » du futur gouvernement congolais. Principale préoccupation de l’agence : la mise en place de soutiens financiers internationaux.

« Une aide financière importante accordée d’urgence par des partenaires bilatéraux et multilatéraux continue à être vitale pour atténuer l’impact du Covid-19 et permettre aux autorités de mobiliser des ressources suffisantes pour contenir la pandémie », d’après l’agence. À ce propos, la RDC bénéficie d’un programme de soutien du FMI depuis la fin de décembre 2019.

Le conseil d’administration du fonds avait alors approuvé un Programme de référence (SMP) et un décaissement de 266,5 millions de DTS (environ 370 millions de dollars) au titre de la facilité de crédit rapide (FCR) pour répondre aux besoins urgents de balance des paiements.

À noter que le SMP n’est pas assorti de financement et vise à mettre en place une stratégie globale de réformes qui pourraient être soutenues par une facilité de crédit élargie.

Un pays vulnérable aux changements de climat des affaires

La pandémie de Covid-19 a cependant plongé la RDC en récession, avec une contraction de croissance d’environ -2 %. Après de bonnes performances en 2019 (avec une croissance de +4,4 %), l’économie congolaise a été mise à mal avec une baisse de la demande extérieure, notamment en raison de la forte dépendance du pays au secteur minier (25 % du PIB national et 95 % des exportations du pays), et des perturbations des chaînes d’approvisionnement mondiales.

Au mois d’avril 2020, une enveloppe de 442 millions de dollars a donc été débloquée par le FMI et en juin, le gouvernement a entrepris un programme visant à atténuer les conséquences de la pandémie sur l’économie sur neuf mois. Mais des inquiétudes subsistent quant aux créances du pays.

Selon S&P, quatre pays africains – Angola, Mozambique, RDC et Zambie – sont « extrêmement vulnérables aux changements de climat des affaires et d’environnement économique qui sont actuellement aggravés par la pandémie » et risquaient donc plus que les autres de « faire défaut sur leur dette commerciale ». Nous pourrions baisser les notes si les tensions intérieures ou sécuritaires s’intensifiaient

Les réserves de change du pays ont chuté de près de 100 millions de dollars en 2020 à 723 millions. Un rebond à plus de 1 milliard de dollars est attendu en 2021. S&P table sur un niveau d’environ 3 milliards à l’horizon 2024. Le taux d’endettement net reste modéré, autour de 12,9 % du PIB et devrait rester stable à moyen terme selon l’agence

En quête de rééquilibrage budgétaire, les autorités congolaises ont annoncé la signature cette année d’un accord sur un programme potentiel dans le cadre de la facilité de crédit élargie du FMI. Ce que S&P analyse d’un bon œil : « Il en résulterait un ancrage politique solide, des financements plus importants et des appuis financiers supplémentaires de bailleurs de fonds ».

D’après l’agence, les discussions avec d’autres partenaires internationaux seraient en cours. Et ce soutien, qui dépendra de la mise en œuvre concrète des réformes, est perçu comme « essentiel pour renforcer la position extérieure fragile de la RDC et financer le plan de développement du président après la pandémie ».

Pour l’heure, l’agence de notation met en garde : « Nous pourrions baisser les notes si les tensions intérieures ou sécuritaires s’intensifiaient de façon à menacer les institutions et l’économie déjà fragiles de la RDC ». L’issue du remaniement en cours sera donc scrutée avec attention.

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