James Mwangi (Equity Bank) en « opération séduction » à Kinshasa

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Africa-PressCongo Kinshasa. Pendant une dizaine de jours, le patron kényan a multiplié les rencontres avec les autorités, dont le président Félix Tshisekedi, et recalibré les opérations de sa filiale. Jeune Afrique dévoile les coulisses de cette opération.

« Les rencontres de plusieurs responsables du secteur bancaire et d’officiels congolais » ont rythmé la dizaine de jours de visite de James Mwangi en RDC en ce début de 2021. Si son entourage se montre peu volubile, et préserve la discrétion autour du programme du patron d’Equity Group Holding (EGH), le Kényan n’a pas fait le déplacement en vain.

L’emploi du temps du patron du géant d’Afrique de l’Est est en effet particulièrement chargé, et les rendez-vous à la mesure des ambitions du groupe dans le pays.

D’après nos informations, James Mwangi a notamment rencontré le président Félix Tshisekedi qui l’a assuré de son soutien quant à son implantation en terres congolaises.

Devenir la banque leader

Il fallait en effet rassurer les clients, les investisseurs et les autorités après le rachat à la mi-2020 – validé par le régulateur fin décembre – de la Banque commerciale du Congo (BCDC), auprès de la famille du tycoon belge George Forrest. Clarifier, aussi, les objectifs de la fusion qui a suivi entre la filiale locale d’Equity et BCDC.

Equity n’a pas choisi de s’implanter en RDC par hasard, et personne n’était mieux placé que son directeur général pour le marteler. Et même si Equity Group Holding a un temps songé à reprendre les actifs du holding bancaire britannique Atlas Mara dans trois pays – avant de lui préférer la deuxième plus grande banque de RDC -, la stratégie est clairement annoncée : devenir le leader dans le pays d’ici à la fin de l’année.

Oublié, donc, l’épisode du courrier dans lequel le gouverneur de la Banque centrale du Congo (BCC) a rappelé à l’ordre l’actionnaire majoritaire d’Equity BCDC, et son patron, James Mwangi. « Une complication à laquelle ce dernier sait faire face », selon un proche du dirigeant kényan.

Deuxième plus grosse filiale du groupe

C’est donc devant un prestigieux parterre d’invités – dont les ambassadeurs en RDC du Kenya, du Rwanda, de l’Ouganda, de la Tanzanie, du Burundi et de Belgique, le ministre congolais du Portefeuille, Clément Kwete Nyimi, le sénateur Bahati Lukwebo, ou encore des représentants de la Société financière internationale (IFC, groupe Banque mondiale), de l’USAID, de l’ONG Care, des Nations unies -, que James Mwangi a officiellement lancé les activités d’Equity BCDC, le 11 février dernier.

« Je suis kényan, certes, mais je crois être encore plus africain », a affirmé Mwangi pour témoigner de son attachement à tous les pays dans lesquels son groupe est implanté. Le bilan d’EGH aujourd’hui surpasse ceux des groupes d’Afrique de l’Est et d’Afrique centrale

Il a ensuite présenté un premier bilan du rapprochement entre Equity Bank Congo et l’institution financière centenaire congolaise. « Equity BCDC est la deuxième plus grosse filiale de EGH », a-t-il déclaré. Le groupe kényan, qui dispose de 10 milliards de dollars d’actifs revendique quant à lui la première place en Afrique de l’Est et en Afrique centrale « en termes de clients et de profitabilité ».

En RDC, Equity BCDC dessert aujourd’hui plus de 800 000 clients à travers un réseau de 74 agences dans le pays et plus de 3 000 agents pour compléter ses canaux numériques, et assure détenir « le plus grand réseau de services financiers existant en RDC ».

À terme, Equity BCDC cible plus de 5 millions de clients d’ici à cinq ans, et 20 millions sur une décennie, explique-t-on dans l’entourage de James Mwangi. Qui avance le chiffre de 12 milliards de dollars d’ici à dix ans également.

Sur le même horizon, sa maison-mère espère accroître son total de bilan de 10 milliards à 12 milliards de dollars. Pour rappel, le holding kényan, présent dans sept pays et coté à la Bourse de Nairobi, a enregistré 76 milliards de shillings (570 millions d’euros) de revenus en 2019, pour un résultat net supérieur à 22 milliards de shillings. Sa marge nette, elle, représente 30 %.

Mais ce qui intéresse plus particulièrement la banque de Nairobi, c’est de pouvoir faciliter les échanges entre l’Afrique centrale et l’Afrique de l’Est, « à un moment où la zone de libre-échange continentale (Zlecaf) monte en puissance », explique-t-on dans l’entourage de James Mwangi.

Quant aux profils qu’Equity BCDC souhaite attirer, le patron kényan vise large : « Nous voulons être la banque de tout le monde, des particuliers, des grandes et petites entreprises, des multinationales ». Mais la banque admet une appétence particulière pour les industries extractives et la gestion des comptes des sociétés minières.

Sur ce volet-là, et sous l’égide de son président Nestor Ankiba, le nouveau conseil d’administration comprend 17 membres avec une préférence marquée pour les profils venus du secteur minier. Selon nos informations, douze des administrateurs sont Congolais, dont Louis Watum (patron des miniers congolais) et Victor Kasongo Shomary (ex-ministre des Mines de Joseph Kabila).

Après l’installation du nouveau conseil d’administration d’Equity BCDC, la direction du groupe fusionné a été actée, le 15 février. Célestin Mukeba Muntuabu, l’ancien DG d’Equity Bank Congo, devient DG de l’institution financière post-fusion. Tandis que la BCC avait évoqué fin janvier « en attendant une décision formelle contraire », le nom d’Yves Cuypers, alors à la tête de BCDC, la banque absorbante.

Alors que ce dernier devient DG du nouveau bureau d’Equity pour l’Afrique centrale et australe, comme l’a dévoilé Jeune Afrique Business+, Célestin Mukeba pourra s’appuyer sur Jean-Claude Tshipama, ancien directeur général de Canal + RDC, nommé DGA d’Equity BCDC.

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