Kalev Mutond, l’ex-patron de l’ANR, de nouveau dans le viseur de la justice

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Africa-PressCongo Kinshasa. Pilier du système Kabila et ancien patron de la très redoutée Agence nationale des renseignements (ANR) de 2011 à 2018, Kalev Mutond est accusé de tortures, menaces de mort, arrestations arbitraires et tentative d’assassinat.

Les ennuis s’accumulent pour les proches de l’ancien président Joseph Kabila qui, avant les élections de décembre 2018, semblaient aussi puissants qu’intouchables. Après l’ancien président du Sénat Alexis Thambwe Mwamba, l’ex-Premier ministre Matata Ponyo, Emmanuel Ramazani Shadary, qui avait représenté Joseph Kabila lors de la dernière présidentielle, ou encore Daniel Ngoy Mulunda, ex-président de la Ceni, c’est au tour de Kalev Mutond, autrefois puissant patron des renseignements congolais, d’être visé par la justice.

Dans une lettre datée du 12 février et adressée à Inzun Kakiak, actuel admnistrateur général de l’Agence nationale des renseignements (ANR), le parquet général près la cour d’appel de Kinshasa-Gombe a en effet requis l’aval du patron des renseignements – comme l’exige la loi – pour engager des poursuites à l’encontre de son prédecesseur, Kalev Mutond. Contacté par Jeune Afrique pour savoir s’il avait donné une suite favorable à la requête du parquet, Inzun Kakiak, gêné, s’est refusé à tout commentaire. « Faites votre travail et laissez les services faire le leur », nous a-t-il répondu.

Tortures, tentative d’assassinat, menaces…

Déjà sous sanctions américaines depuis décembre 2016 et régulièrement visé par des organisations de défense des droits humains, Kalev Mutond est, selon le document du parquet transmis à Inzun Kakiak, mis en cause pour « tortures physiques et morales, arrestations arbitraires, détention illégale, menaces de mort, et tentative d’assassinat » sur Jean-Claude Muyambo Kyassa, ancien bâtonnier de Lubumbashi arrêté en 2015 et grâcié début 2019, et Cyrille Doee Mumpapa, deux farouches opposants à Joseph Kabila depuis 2015.

Kalev Mutond, qui figure également sur la liste des personnalités congolaises ciblées par les sanctions européennes depuis 2017 pour avoir notamment « contribué – en les planifiant, dirigeant ou commettant – à des actes constituant de graves violations des droits de l’homme », a été interdit en février 2020 de quitter le pays après une brève interpellation pour « détention illégale » d’un passeport diplomatique. Ses proches assurent qu’il reste « serein », et dénoncent la fuite, sur les réseaux sociaux, de la convocation de l’ex-patron des renseignements par le parquet jeudi 18 février. Ce dernier ne s’y est pas rendu, mais ses avocats étaient en contact avec le parquet général.

« Pas de chasse aux sorcières »

Kalev Mutond, l’un des artisans du rapprochement entre Kabila et Tshisekedi après les élections de décembre 2018, peut-il vraiment être inquiété ? « C’est une possibilité, cela donnerait une bonne image au régime de mettre Kalev Mutond derrière les barreaux », s’inquiète un proche de Joseph Kabila, insistant sur le caractère « imprévisible » de l’actuel régime. « Vous avez vu ce qu’ils ont fait à Kamerhe ? Il faut se méfier », lâche-t-il.

Dépouillés du contrôle des institutions (Assemblée nationale, primature, Sénat…) – des leviers qui conféraient à l’ex-chef de l’État et à ses proches une très forte influence -, ces derniers le savent : ils ne sont plus intouchables, et craignent de faire les frais de la volonté du pouvoir de tourner la page de l’ère Kabila. Kalev Mutond a été longtemps l’homme le plus redouté du pays, mais ça c’est du passé

« Il n’est pas question d’une chasse aux sorcières, c’est la justice qui travaille, rétorque une source à la présidence. Si Kalev Mutond n’a rien à se reprocher, il n’a qu’à se défendre devant les juges. » « Nous recherchons justice, c’est tout. Kalev Mutond a fait beaucoup de mal aux gens », témoigne Christopher Ngoy, membre de la société civile arrêté puis détenu de longs mois à la prison centrale de Makala, également à l’origine d’une plainte.

« Kalev Mutond a longtemps été l’homme le plus redouté du pays, mais ça c’est du passé », abonde Jean-Claude Muyambo Kyassa, l’un des plaignants, qui ne rêve désormais que de voir l’ancien patron des renseignements congolais condamné.

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