RD Congo : quel Est le Sort des Soldats Sud-Africains Après les Morts Successives de Leurs Collègues et comment Mettre Fin à la Guerre dans L’Est de la RDC

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RD Congo : quel Est le Sort des Soldats Sud-Africains Après les Morts Successives de Leurs Collègues et comment Mettre Fin à la Guerre dans L’Est de la RDC
Rapatriement de soldats sud-africains tués à l’Est de la RDC

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Congo Kinshasa. Dans le cadre de l’initiative de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), l’Afrique du Sud avait donné son accord pour déployer 2.900 soldats avec comme objectif principal d’aider à combattre les groupes armés dans l’Est de la République démocratique du Congo, et ce, depuis la fin du mois de décembre 2023.

Les 2.900 soldats représentent ainsi le plus grand nombre d’hommes parmi une mission composée de 5.000 militaires envoyée par la SADC, qui comprend des forces du Malawi et de Tanzanie. La Mission de la SADC avait pour mission d’aider l’armée congolaise à maîtriser le Mouvement du 23 mars.

A ce propos, le président sud-africain Cyril Ramaphosa, a déclaré dans un communiqué que le coût du déploiement des forces pendant un an dépassera les 2 milliards de rands (soit prés de 106 millions de dollars), indiquant que le déploiement des forces de la SADC intervient alors que les forces de maintien de la paix des Nations Unies, dont font partie les forces sud-africaines, se préparent à se retirer de la région troublée, ainsi qu’au retrait d’une force d’Afrique de l’Est à la suite des tensions avec le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi.

Il importe de noter que le groupe SADC comprend 16 pays, dont la République démocratique du Congo, sachant que « l’obligation de fournir des troupes incombe à tous les États membres dudit groupe ».

• Pourquoi ces soldats sont-ils déployés ?

Soldats de la mission de l’Afrique du sud

Il n’échappe pas aux observateurs et spécialistes des affaires africaines, notamment sécuritaires, que l’Est de la République démocratique du Congo est considéré comme l’une des régions les plus dangereuses au monde, où environ 130 groupes armés différents seraient actifs dans tout le pays, soit à peu près la taille de l’Europe occidentale.

Dans le même contexte, les Forces Démocratiques Alliées (ADF) affirment lutter pour les droits des musulmans, qui sont de plus en plus marginalisés dans la société par le gouvernement et les forces de l’ordre.

Pour rappel, la pire attaque menée par les Forces démocratiques alliées s’est produite en 1998, lorsque des militants avaient tué 80 étudiants lors d’une attaque contre une université dans la région frontalière.

La mission de la force de la SADC a été décidée et déployée pour remplacer celle de l’East African Community (EAC) jugée inefficace.

• A propos des soldats sud-africains en mission tués à l’Est de la RDC

En totalité, sept soldats sud-africains ont été tués depuis le déploiement des forces sud-africaines à l’Est de la RDC pour contribuer à la lutte contre les groupes armés notamment le M23:

-/- Deux soldats le 14 février, à la suite d’une attaque au mortier ayant visé leur base de Sake, localité située à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, et trois autres furent blessés,

-/- Deux autres ont été tués le 29 février,

-/- Un autre militaire a été tué le 30 mai dernier au cours d’affrontements avec le M23 près de Sake, 13 autres éléments ont été blessés,

-/- Deux militaires sont morts ce mois-ci, précisément le mardi 25 juin, à la suite d’une attaque au mortier menée contre leur base, et on dénombre 20 blessés, dont quatre graves et 16 avec des blessures jugées légères.

C’est ainsi qu’après la mort de leurs soldats, les politiques sud-africains n’ont pas caché leurs doutes quant au déploiement de leur armée dans l’Est du Congo démocratique.

Les premiers décès de soldats en février avaient suscité une vive controverse en Afrique du Sud. Une controverse animée par le parti d’opposition, l’Alliance démocratique, qui estimait que l’Afrique du Sud n’avait pas les moyens d’envoyer un contingent en RDC. Selon les responsables de ce parti, l’armée sud-africaine ne dispose pas des équipements adaptés à ce type d’intervention.

Dans ce contexte, le membre du Parti de l’Alliance démocratique, Kobus Marais, a déclaré dans un communiqué publié sur le site Internet du parti: « La réalité est que les Forces de défense nationale sud-africaines (SANDF) n’ont pas la capacité de continuer à combattre les rebelles du M23 de manière efficace et efficiente », affirmant qu’elles « ne disposent pas de l’équipement adéquat pour la mission de soutien aux forces terrestres ».

Il a décrit le déploiement des forces comme « une décision imprudente qui pourrait mettre la vie de nos forces régulières en grave danger ».

Des observateurs ont même souligné que « la mort de militaires sud-africains et le manque d’équipement de base affaiblissaient le moral des troupes sur le terrain », ajoutant entre-autre qu’« ils ne comprennent pas pourquoi leur vie est en danger dans un conflit qui n’a rien à voir avec l’Afrique du Sud ».

• Quel est cet « ogre » qui se fait appeler « M23 » en RDC ?

Les rebelles du M23

Le Mouvement du 23 Mars (dit M23) est le groupe armé le plus important parmi plus de 100 groupes armés actifs dans l’Est du Congo démocratique. Cette région se caractérise par sa richesse en ressources naturelles et souffre d’un conflit intense depuis les années 1990.

Kobus Marais a expliqué à ce sujet que: « Le plus grand danger auquel sont confrontées les forces sud-africaines est peut-être que leur adversaire (les rebelles du mouvement) est actif dans l’Est du Congo démocratique depuis des années et connaît bien le terrain. »

Par contre, Remadji Hoinathy, analyste à l’Institut d’études de sécurité, a déclaré lors d’une interview diffusée à la BBC que les dirigeants de l’opposition ne font que remettre en question le gouvernement, et a ajouté que l’Afrique du Sud est l’un des principaux pays de la région et cherche à répandre la paix en Afrique.

Il a poursuivi en déclarant que: « L’armée sud-africaine a prouvé son courage contre les insurrections dans le passé, et l’Afrique du Sud est de retour pour reprendre sa mission visant à résoudre le problème dans la région ».

Pour sa part, Mme Thandi Modise, ancienne guérillera anti-apartheid, Ministre de la Défense et des Anciens Combattants d’Afrique du Sud, a expliqué que le maintien de la paix fait partie intégrante du mandat des soldats sud-africains. Elle a qualifié de « mensonges absolus » les allégations selon lesquelles les forces armées n’étaient pas préparées à leur mission en République démocratique du Congo.

Le mouvement M23 utiliserait des armes lourdes, ce qui est nouveau pour les mouvements de rébellion armée. Il verse le sang des civils et sème la dévastation et la destruction dans la province du Nord-Kivu, tandis que 40 % des personnes visitant les centres de soins et de santé sont victimes de bombardements.

• Y a-t-il moyen de parvenir à mettre fin à cette guerre en RDC ?

Félix Tshisekedi et Paul Kagame

Il faut reconnaître d’abord que la violence est à nouveau en hausse dans la région turbulente des Grands Lacs d’Afrique. Avril 2024 marque le 30e anniversaire du génocide rwandais qui a fait 800.000 morts et deux millions de déplacés. Ces réfugiés ont fui vers l’Est de la République démocratique du Congo, qui est devenue le centre d’un conflit de plus en plus insoluble, ce que certains appellent aujourd’hui la guerre de trente ans en Afrique.

Il importe d’admettre aussi que les organismes régionaux africains, les puissances extérieures et les Nations Unies, qui déploient des missions de maintien de la paix en République démocratique du Congo, et ce depuis 25 ans, n’ont pas réussi à réduire la violence. Pour prévenir l’escalade et, à terme, mettre fin au conflit, les interlocuteurs locaux, régionaux et internationaux en RDC doivent comprendre la dynamique complexe à l’œuvre.

Néanmoins, personne ne fait attention qu’au cœur de la crise actuelle se trouvent de graves tensions entre la République démocratique du Congo et le Rwanda, dont le président autocratique Paul Kagame devrait prolonger son règne de près d’un quart de siècle lors des élections du mois de juillet 2024.

Kagame, continue d’accuser la RDC de soutenir les milices hutues qui pratiquent le génocide, de chercher à expulser les Tutsis congolais et de refuser de négocier la fin des combats. Pendant ce temps, la RDC a refusé de négocier avec le Mouvement du 23 mars (M23), ce groupe rebelle soutenu par le Rwanda dans l’Est du Congo, et a appelé Kagame à retirer les forces rwandaises de la RDC et à démobiliser le M23.

Des retrouvailles, « très prochainement », entre le Président rwandais et son homologue congolais sont annoncées, dans la perspective de pouvoir très prochainement réunir les deux chefs d’État Paul Kagame et Félix Tshisekedi pour un échange direct sur le besoin inaliénable de parvenir à la paix définitive.

Malheureusement, il semble inquiétant de constater que la mission de maintien de la paix de l’ONU devrait se retirer de la République démocratique du Congo, à la demande du gouvernement congolais, d’ici fin 2024. Les trois pays africains actuellement membres du Conseil de sécurité de l’ONU – l’Algérie, le Mozambique et la Sierra Leone – travaillent en étroite collaboration avec la Guyane pour assurer un soutien financier et logistique continu à la mission de la Communauté de développement de l’Afrique australe, l’ONU mettant en garde contre le risque de laisser un « vide sécuritaire » en RDC.


Unité de la SADC en RDC

Dans ce contexte, sur le plan interne, la RDC doit lutter contre la corruption endémique, améliorer la gouvernance démocratique et maîtriser les forces génocidaires et les mercenaires occidentaux. L’Union africaine doit s’efforcer de combler les lacunes des efforts de rétablissement de la paix, notamment en renforçant la mission de la Communauté de développement de l’Afrique australe afin qu’elle puisse travailler plus étroitement avec les forces de maintien de la paix des Nations Unies. Mais plus important encore, l’ONU doit éviter un retrait précipité et imprévu de ce que le secrétaire général António Guterres a décrit à juste titre comme « une crise humanitaire de longue date et largement négligée ».

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