Tentative de Coup D’état Avortée en RDC ou L’Histoire ÉTrange de Celui qui a Tenté de Renverser Félix Tshisekedi

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Tentative de Coup D’état Avortée en RDC ou L'Histoire ÉTrange de Celui qui a Tenté de Renverser Félix Tshisekedi
Tentative de Coup D’état Avortée en RDC ou L'Histoire ÉTrange de Celui qui a Tenté de Renverser Félix Tshisekedi

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Congo Kinshasa. Le calme est revenu depuis quelques jours dans la ville de Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, après que des affrontements armés aient éclaté dans la matinée du dimanche 19 mai dernier, dans les environs du palais présidentiel, et que l’armée ait pu prendre le contrôle de la situation et déjoué ce qu’elle avait qualifié de « tentative de coup d’État manquée », tout en déployant ses véhicules dans les rues et carrefours majeurs.

Selon les autorités congolaises, au moins quatre personnes ont été tuées dans cette tentative. Les assaillants auraient été neutralisés et certains d’entre eux parmi lesquels au moins deux américains ont été arrêtés. Les motivations et les auteurs réels de ces attaques suscitent plus de questions que de réponses à l’heure actuelle.

• Une situation toujours sous contrôle à Kinshasa où la ville fût passée au peigne fin

Malgré une présence militaire significative qui persiste autour du Palais de la Nation, le bureau officiel du chef de l’État, un dispositif de sécurité musclé entoure toujours la Cité de l’Union africaine, la résidence officielle du président Félix Tshisekedi.

Le contrôle pour l’accès au siège de la télévision nationale a été aussi durci, le lundi 20 mai, et les autorités ont affirmé que la situation était sous contrôle, sachant que le jour de la tentative de coup d’Etat, un concert populaire de musique gospel s’est tenu au stade des Martyrs, dans l’après-midi, et prés de 80.000 personnes étaient venues y assister.

Cependant, on ne peut nier qu’à certains endroits de la ville, des barricades ont été placées et des pneus brûlés par des jeunes se présentant comme proches du pouvoir.

De facto, la circulation avait déjà repris dans la plupart des grandes artères de la capitale, entraînant d’importants embouteillages dans plusieurs endroits de la ville.

On peut donc dire que l’intensification de la sécurité dans les installations vitales de l’État va probablement s’accentuer dans les prochains jours, par crainte d’un rebond de cette tentative de coup d’État « noyée dans l’œuf ». Il est également probable que cette tentative ratée offrira davantage d’opportunités aux autorités congolaises qui imposeront des restrictions aux déplacements dans la plupart des zones vitales, et ils auront également recours au lancement d’une campagne de sécurité massive pour découvrir les personnes impliquées qui n’ont pas été arrêtées.

Dans ce contexte, le gouvernement pourrait recourir à l’accélération de la résolution des crises politiques, tout en dynamisant l’intensification des opérations militaires contre les factions armées dans l’Est du pays

• Comment ce putsch manqué a-t-il été « annoncé » par les autorités militaires ?

Selon les canaux médiatiques, la nouvelle a été annoncée par le général Sylvain Ekenge, porte-parole des Forces armées de la République démocratique du Congo, dans une brève déclaration diffusée à la télévision d’État, lors de laquelle il a affirmé que l’armée a déjoué une « tentative de coup d’État » à laquelle ont participé « des étrangers et des Congolais ».

Ekenge a déclaré: « Les forces de défense et de sécurité ont déjoué une tentative de coup d’État à ses balbutiements », puis a ajouté: « Cette tentative a impliqué des étrangers et des Congolais », et ils ont été « tous neutralisés, y compris leur chef », sans donner plus de détails sur l’identité du principal instigateur et des assaillants qu’il commandait.

• Exfiltrations diplomatiques

Même si la scène reste maculée d’une certaine ambiguïté et que le tableau n’est pas tout à fait clair, des informations préliminaires indiquent qu’un groupe armé a attaqué tard dans la nuit de samedi à dimanche la résidence du ministre de l’Économie du gouvernement intérimaire, Vital Kamerhe, située dans le quartier de la Gombe, où se trouve également le Palais présidentiel, connu localement sous le nom de « Palais de la Nation », et où réside le président « Félix Tshisekedi ».

Par ailleurs, tôt dimanche matin, l’ambassadeur du Japon en République démocratique du Congo, Hidetoshi Ogawa, a publié un tweet sur la plateforme « X » (ex-Twitter), dans lequel il affirmait qu’une « attaque armée » s’est produite dans la matinée à la résidence du ministre de l’Économie, et l’ambassadeur a cité des sources dignes de foi qu’il a décrites comme étant informées que le ministre de l’Économie « n’a pas été blessé » dans l’attaque, mais en revanche, « deux policiers et un des auteurs de l’attaque ont été tués ».

De son côté, l’ambassade de France à Kinshasa a publié sur son site Internet un message d’avertissement, adressé aux ressortissants français en République démocratique du Congo, dans lequel elle précisait que: « Des coups de feu de mitrailleuses ont été entendus ce matin dans la rue River. Nous vous déconseillons fortement de vous diriger vers ce quartier, et d’éviter les abords du Palais Présidentiel (Palais de la Nation) dans les heures à venir ». L’ambassade de France a demandé également à ses citoyens de « suivre l’actualité, l’évolution de la situation et toutes les alertes publiées sur le site Internet de l’ambassade ».

• Implication d’Américains dans l’opération manquée: vrai ou faux ?

Dans un premier temps, les médias locaux ont fait état de l’implication de « militants congolais » dans l’attaque, mais ont ensuite recommencé à signaler la présence d’étrangers parmi les militants, ce qui a été largement diffusé sur les réseaux sociaux.

Les médias locaux ont même fait état de la présence d’hommes armés ayant perpétré l’attaque, munis de passeports américains, et ont publié des photos, dont l’authenticité n’a pas été confirmée, de ces militants américains et de leurs passeports. Cela a incité l’ambassadrice américaine à Kinshasa, Lucy Tamlyn, à publier un post sur la plateforme « X » dans lequel elle a commenté l’information: « Je suis choquée après les événements survenus ce matin, et très préoccupée par les informations les liant à des citoyens américains, et supposant qu’ils y sont impliqués. Soyez assurés que nous coopérerons avec les autorités de la République Démocratique du Congo à toutes les mesures possibles pour enquêter sur ces actions criminelles ».

L’ambassadrice a ajouté entre-autres: « Tout citoyen américain prouvé impliqué dans ces événements criminels doit assumer la responsabilité de ses actes et en payer le prix ».

• Une tentative de coup d’Etat survenu en pleine crise politique

Cette attaque armée qui a frappé en plein cœur la capitale, Kinshasa, est intervenue dans un contexte de crise politique étouffante que traverse le pays depuis plusieurs mois, crise qui a débuté depuis la réélection de Félix Tshisekedi à la présidence en décembre 2023, lors d’élections que l’opposition a rejetées catégoriquement et demandé à les refaire en raison de ce qu’elle a qualifié de fraude généralisée.

Pendant ce temps, le parti au pouvoir dirigé par le président Tshisekedi traverse quant à lui une crise étouffante concernant l’élection du président du nouveau Parlement, que le parti domine avec une écrasante majorité. Le président du parlement devait être élu samedi, mais cela a été reporté.

• Pourquoi lier l’attaque armée à la crise politique ?

Parce que ses auteurs portaient des vêtements militaires et visaient initialement la résidence du ministre de l’Économie, qui est l’un des candidats les plus en vue à la présidence du Parlement, quelques heures après une réunion entre représentants et dirigeants du parti au pouvoir pour tenter de résoudre la crise qui frappe le parti en raison des élections à la présidence du Parlement et du retard de plusieurs mois dans la formation du gouvernement.

Le président a menacé qu’il « n’hésitera pas à dissoudre l’Assemblée nationale et à envoyer tout le monde à de nouvelles élections si ces mauvaises pratiques se poursuivent », faisant référence à l’escalade du conflit au sein du parti en raison de la sélection d’un président pour le nouveau parlement.

Pendant ce temps, certaines voix de l’opposition ont remis en question la crédibilité de l’attaque et le fait qu’il s’agisse d’une tentative de coup d’État, la décrivant comme une « conspiration » visant à régler des comptes au sein du parti au pouvoir.

Néanmoins, les médias locaux ont rapporté que les assaillants étaient plutôt des membres du mouvement « Nouveau Zaïre » lié à l’ancien homme politique en exil Christian Malanga, un homme politique congolais qui résidait aux États-Unis.

• Christian Malanga est-il le vrai « comploteur » ou bien un « bouc-émissaire » ?

Il s’agit ici d’une question à laquelle il est difficile de répondre clairement en ce moment, toutefois, il a été confirmé par les autorités officielles que cette initiative avait été initiée par l’opposant Christian Malanga, qui s’était exilé aux Etats-Unis en 2012, où il a pu obtenir la nationalité américaine.

L’armée a confirmé que Malanga avait été abattu au palais présidentiel après avoir résisté à l’arrestation par les forces de sécurité.

Dans cette lutte armée, plusieurs des personnes impliquées dans la tentative de coup d’État ont cherché à fuir à travers le fleuve Congo vers Brazzaville voisine, la capitale de la République limitrophe du Congo, située de l’autre côté du fleuve. Les deux capitales voisines sont suffisamment proches, situées juste de l’autre côté du fleuve, pour qu’un obus tiré lors de la fusillade à Kinshasa ait même atterri à Brazzaville, blessant plusieurs personnes.

Au moins six personnes ont été tuées dans la fusillade, dont deux responsables de la sécurité congolaise et Christian Malanga, l’homme soupçonné d’avoir dirigé la tentative de coup d’État.

Immédiatement après l’échec du coup d’État, environ 50 personnes ont été arrêtées par les autorités congolaises pour leur participation à l’insurrection. Parmi eux se trouvent au moins trois Américains, dont Marcel, le fils de Malanga, âgé de 21 ans, qui s’est rendu en RDC depuis les États-Unis pour aider son père à renverser le gouvernement national.

Un autre Américain, arrêté à Kinshasa pour avoir participé au coup d’État manqué, répondait au nom de Benjamin Zalman-Polun, 36 ans, originaire de Washington, D.C., décrit dans les informations comme un entrepreneur de cannabis vivant dans le Maryland. En 2014, il avait plaidé coupable à une accusation portée à Washington pour avoir tenté de distribuer jusqu’à 50 kilos de marijuana dans la capitale.

En plus de ses relations politiques, il était un proche associé de Malanga et aurait été partenaire de Malanga dans une entreprise d’extraction d’or et de cigarettes électroniques au Mozambique.

• Qui était en fait Christian Malanga ?

Né à Kinshasa, la famille de Christian Malanga a quitté le pays lorsqu’il était enfant pour se réfugier au Swaziland, avant de s’installer à Salt Lake City, dans l’Utah, en 1998.

En 2011, il se lance dans la politique en se présentant comme candidat aux élections législatives, mais il est arrêté juste avant le scrutin et détenu pendant plusieurs semaines, avant d’être libéré.

Après sa libération, Malanga aurait refusé la proposition du gouvernement de devenir « Président national de la jeunesse » et a préféré suivre sa propre voie en créant son propre parti politique « le Parti congolais unifié (UCP) », un petit parti qui vise à rassembler la diaspora congolaise à travers le monde. Il a également été président du mouvement « Nouveau Zaïre », basé à Bruxelles en Belgique.

Ainsi, Malanga a réussi à se constituer une base politique importante dans la diaspora congolaise et était connu pour exprimer régulièrement et sans craintes ses critiques à l’égard du régime de Tshisekedi sur les médias sociaux.

• En consultant le site Wikipedia, ont y découvre quand même cette confirmation fraîchement publiée

« Le 19 mai 2024, il (Christian Malanga) est à la tête d’un commando qui tente de prendre le pouvoir à Kinshasa. Il meurt lors de cette tentative, abattu par la Garde républicaine après avoir réussi à entrer dans le palais de la Nation ».

Les premiers rapports indiquent que les assaillants sont des membres de l’armée congolaise avant d’établir qu’ils sont liés à Christian Malanga, le leader auto-exilé du Parti congolais uni (PCU) d’opposition. Malanga apparaît le matin même sur une vidéo diffusée en direct entouré d’hommes en uniforme militaire et déclare: « Félix, tu es libre. Nous venons te chercher », confirmant son intention de renverser le régime du président Tshisekedi.

Malanga, qui se tenait debout à côté de son fils Marcel, lui-même de nationalité américaine (qui fût également arrêté par les forces de sécurité), s’était adressé aux téléspectateurs en français, en anglais et en lingala, déclarant que les militaires étaient « fatigués » et « ne pouvaient pas marcher ensemble » avec Kamerhe et Tshisekedi.

• Le mot de la fin

Il faut se rendre à l’évidence que la République démocratique du Congo est un pays riche en ressources naturelles, dont la population est estimée à plus de 100 millions d’habitants. Mais le pays est marqué par /

-/- un conflit violent prolongé dans l’Est,

-/- des crises économiques et sociales,

-/- et un manque de confiance permanent entre le gouvernement et l’opposition.

Cette tentative de coup d’État a suscité des inquiétudes, car le continent a été rudement secoué par six coups d’État depuis 2020:

-/- deux au Mali,

-/- deux au Burkina Faso,

-/- un en Guinée,

-/- et un au Niger.

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