Entre l’AIE et l’Opep, nouvelle passe d’armes sur « le début de la fin des énergies fossiles »

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Entre l’AIE et l’Opep, nouvelle passe d’armes sur « le début de la fin des énergies fossiles »
Entre l’AIE et l’Opep, nouvelle passe d’armes sur « le début de la fin des énergies fossiles »

Africa-Press – Congo Kinshasa. À en croire le chef de l’Agence internationale de l’énergie, le déclin du pétrole, du gaz et du charbon est imminent. Une prévision « désastreuse », riposte le cartel des producteurs.

Est-ce le début de la fin des énergies fossiles ? C’est en tout cas ce que constate Fatih Birol, le directeur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) qui veut « briser le tabou » du pic pétrolier. Dans une tribune au quotidien économique et financier britannique Financial Times, parue le 12 septembre, le patron de l’AIE annonce la fin d’une ère de « croissance ininterrompue » de la demande des trois combustibles fossiles, à savoir le pétrole, le gaz et le charbon.

« Un tournant historique »

S’il reconnaît la difficulté d’admettre de telles prévisions, en raison des discours redondants sur le pic pétrolier et le pic charbonnier, Fatih Birol estime que « le monde est à la veille d’un tournant historique » avec « le déclin annoncé des énergies fossiles au cours de cette décennie ». S’appuyant sur les nouvelles projections de l’Agence internationale de l’énergie, qui seront publiées en octobre prochain, il affirme que le pic de la demande arrivera « plus tôt que prévu ».

L’AIE SE LIVRE À UN ALARMISME IDÉOLOGIQUE QUI DÉSTABILISERAIT L’ÉCONOMIE MONDIALE

L’économiste turc explique ces changements « remarquables » par le tarissement des investissements dans le charbon, en dehors de la Chine, et la croissance des technologies d’énergie propre. Avec la montée en puissance du solaire et de l’éolien et la démocratisation des véhicules électriques, en particulier dans l’Empire du milieu, « la demande pour les différents combustibles est en passe d’atteindre son maximum avant 2030 », réitère le patron de l’AIE, selon qui il peut encore y avoir des pics, des creux et des plateaux sur le chemin de la baisse qui ne sera pas linéaire.

« Chaos énergétique » potentiel

Cependant, ces indications sont contredites par « des prévisions cohérentes et fondées sur des données », riposte l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), formée par 13 pays, dont sept africains. Dans un communiqué très offensif, daté du 14 septembre, le cartel des producteurs conteste la prise de position de Fatih Birol, jugée « désastreuse » pour la sécurité énergétique mondiale. Pour le secrétaire général de l’Opep, le Koweïtien Haitham al-Ghais, « l’Agence internationale de l’énergie se livre à un alarmisme idéologique qui déstabiliserait l’économie mondiale ».

Aujourd’hui, les combustibles fossiles représentent, en effet, plus de 80 % du bouquet énergétique mondial. Et annoncer « le début de la fin » du pétrole et du gaz risque d’alimenter les appels à mettre fin aux investissements dans les projets pétrogaziers, craint l’Opep. Le cartel des producteurs estime que de telles affirmations conduirait à « un chaos énergétique d’une ampleur potentiellement sans précédent, avec des conséquences désastreuses pour l’économie mondiale ». « Cette réflexion sur les combustibles fossiles est plus idéologique que factuelle », insiste Haitham al-Ghais.

Chronique d’un conflit

En 2022, l’Agence internationale de l’énergie avait déjà annoncé que le pic pétrolier interviendrait en 2035, avant de revoir ces prédictions à la baisse cette année et d’évoquer « le début de la fin » des énergies combustibles avant 2030. En effet, les discussions autour du pic de la demande mondiale d’or noir ne sont pas nouvelles et les réponses sont souvent contestées.

Par ailleurs, cette énième passe d’armes entre Fatih Birol et Haitham al-Ghais fait remonter à la surface le conflit qu’entretiennent les deux responsables. Le patron de l’AIE s’est ouvertement opposé à la décision de l’Opep de réduire la production, « à l’origine de l’inflation et du ralentissement de l’économie mondiale » selon ses dires. En retour, le secrétaire général du cartel des producteurs s’est attaqué à la feuille de route Net Zero de l’AIE pour 2050 et ses répercussions sur les investissements et l’approvisionnement en pétrole et en gaz.

Convaincu de la baisse annoncée de la demande des énergies fossiles, le directeur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie juge toutefois ce déclin insuffisant pour limiter le réchauffement climatique. « Cela nécessitera une action politique beaucoup plus forte et plus rapide de la part des gouvernements », conclut Fatih Birol.

Source: JeuneAfrique

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