Nadoun Coulibaly
Africa-Press – Congo Kinshasa. Le magnat burkinabè de la construction, Mahamadou Bonkoungou, ajuste sa stratégie bancaire pour renforcer la synergie entre filiales, selon un modèle qu’il a déjà éprouvé dans le BTP. Avec réussite.
Pour IB holding, l’aventure bancaire à Djibouti a tourné court. Quatre ans après son ouverture, la banque d’affaires détenue par Mahamadou Bonkoungou, patron du groupe Ebomaf, va refermer ses portes. En effet, le magnat burkinabè de la construction a décidé de réorienter ses activités bancaires dans la zone Uemoa. Selon nos informations, la décision de se séparer de la filiale djiboutienne actée par le conseil d’administration du groupe procède d’une volonté de renforcer la synergie entre les filiales. Dans la corne de l’Afrique, IB Bank a réalisé l’an dernier un bilan estimé à près de 60 millions d’euros.
Espace inconnu contre espace homogène
Pour son arrivée dans le monde de la finance en 2017, Bonkoungou avait pris le contrôle de la Banque de l’habitat du Burkina Faso pour 7 milliards de francs CFA (plus de 10 millions d’euros), qu’il va transformer en International Business Bank (IB Bank). Dans la foulée, le groupe Ebomaf créé ex nihilo IB Bank Djibouti sur un modèle de banque d’investissement.
Pilotée par le patron de la holding, le banquier marocain Nabil Tahari, la liquidation d’IB Bank à Djibouti permet de se séparer d’une filiale située dans un « espace inconnu » pour le groupe. « Nous allons étoffer notre présence sur l’espace homogène de l’Union monétaire ouest africaine (Umoa) que nous connaissons et maitrisons avant d’entamer la conquête de nouveaux marchés », tranche l’ancien cadre de Société générale.
Nous avons acquis l’expertise et les compétences pour digérer une opération d’absorption en ligne avec la vision de notre conseil d’administration
D’autant que la filiale togolaise rachetée en 2021 se remet en selle après avoir engrangé l’an dernier un excédent de 3,5 milliards de F CFA, fruit de la mue et de la restructuration de la banque. Pour cette année, IB Bank Togo attend un bénéfice autour de 6 milliards de F CFA, ce qui est aussi le cas de la filiale burkinabè qui est dans une spirale de profitabilité.
Recapitalisation par accordéon
Avec près de 80 000 clients, l’établissement togolais a vu son bilan franchir le seuil des 401 milliards de F CFA. Un niveau qui conforte les dirigeants à entamer une nouvelle ère de croissance sur ces deux marchés. « Notre actionnaire majoritaire est favorable à l’acquisition de nouvelles banques ou à la création de filiales. Nous avons acquis l’expertise et les compétences pour digérer une opération d’absorption en ligne avec la vision de notre conseil d’administration », explique Nabil Tahari.
Pour en arriver là, le banquier a dû nettoyer le portefeuille de l’ex-BTCI et restructurer les fonds propres avant d’asseoir des process de gestion et de maîtrise des risques. « Nous avons mis l’accent sur la conformité réglementaire, notamment la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme en dotant la banque d’outils de filtrage des opérations. »
Mais Mahamadou Bonkoungou a dû mettre la main à la pâte pour doper les fonds propres de l’établissement, alors négatifs de 86 milliards de F CFA. Une opération de recapitalisation par accordéon bouclée en 2024 a permis de porter le capital social à 27 milliards de F CFA, donnant ainsi les moyens à la banque de mener ses activités de financement de l’économie togolaise.
Source: JeuneAfrique
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