Accord de Washington: Interrogations sur Sa Mise en Œuvre

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Accord de Washington: Interrogations sur Sa Mise en Œuvre
Accord de Washington: Interrogations sur Sa Mise en Œuvre

Africa-Press – Congo Kinshasa. L’accord trilatéral signé entre la RDC, le Rwanda et les États-Unis continue de susciter des réactions. En plus de la dimension sécuritaire, cet accord comprend également un volet économique. Pour certains membres de la société civile, inclure des aspects commerciaux dans un accord de paix ne garantit pas nécessairement une paix durable. D’autres s’interrogent sur les modalités de sa mise en œuvre.

En effet, certains acteurs de la société civile saluent la signature de cet accord. C’est le cas de Maître Schadrack Mukaz, coordonnateur de la plateforme Comprendre et agir dans le secteur minier industriel et artisanal (CASMIA). Pour lui, la paix est essentielle.

« Nous avons apprécié cette initiative, car elle pourrait permettre à nos compatriotes de l’Est de vivre dans les mêmes conditions que les autres Congolais », affirme-t-il.

Toutefois, il émet des réserves sur la mise en œuvre de l’accord:

« L’accord a été signé, mais il reste à le concrétiser. Nous savons tous qu’il y a une différence entre signer un accord et le mettre en application. Nous devons inciter nos dirigeants à faire preuve d’une réelle volonté politique pour assurer sa mise en œuvre. »

Un accord déjà existant?

La signature de cet accord à Washington n’est pas une première tentative pour garantir la paix entre la RDC et le Rwanda.

« Lorsque le président de la République est arrivé au pouvoir, il avait notamment tenté de signer des partenariats commerciaux avec le Rwanda dans le secteur minier. Des contrats ont été conclus, puis rompus », rappelle Freddy Kasongo, secrétaire exécutif de l’Observatoire d’Études et d’Appui à la Responsabilité Sociétale et Environnementale (OEARSE).

Il soulève également des doutes sur l’efficacité du volet économique de l’accord:

« Il s’agit de voir comment ce volet, notamment la coopération dans le secteur minier, sera abordé. Nous sommes face à un modèle qui a déjà échoué, malgré la volonté affichée de la RDC de collaborer avec le Rwanda. Cela n’a pas empêché Kigali de soutenir des groupes rebelles, comme l’indique un rapport des Nations Unies. »

Business et paix: un combo explosif?

Pour plusieurs observateurs, l’accord signé avec le Rwanda, sous l’égide des États-Unis, reste fragile.

« Lorsqu’on mêle les affaires à un accord de paix, en négligeant la justice, les droits humains et la réconciliation, on parle d’une paix achetée. Une paix éphémère, et non une paix de braves ! », estime Timothée Mbuya, président de l’ONG Justicia ASBL.

Il dénonce un accord déséquilibré:

« Pour obtenir la paix, la RDC semble avoir sacrifié une partie de sa souveraineté, notamment économique. Cet accord ne permettra pas aux millions de victimes, directes ou indirectes, d’obtenir justice. Pendant ce temps, le Rwanda semble en tirer tous les bénéfices: exploitation des ressources minières congolaises, et présence autorisée jusqu’à la traque complète des FDLR », déplore-t-il.

Espoirs malgré les incertitudes

Malgré les nombreuses interrogations, la société civile reste en attente de la concrétisation de cet accord de paix. Du côté du gouvernement, le président Félix Tshisekedi se veut optimiste: pour lui, cet accord ouvre la voie à une paix durable et à la prospérité dans la région des Grands Lacs.

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