Bizibu défie frontalement Kabuya

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Bizibu défie frontalement Kabuya
Bizibu défie frontalement Kabuya

Africa-Press – Congo Kinshasa. À trois semaines d’un congrès censé ressouder les rangs et relancer la dynamique interne afin de préparer les joutes électorales de 2028, l’UDPS-Tshisekedi replonge dans une tempête d’accusations, de méfiances et de rivalités que l’on croyait enterrées. Déo Bizibu Balola, secrétaire général adjoint chargé des questions politiques et administratives, a lancé une charge contre son supérieur hiérarchique, Augustin Kabuya, dénonçant un « sabotage organisé » du processus préparatoire du grand rendez-vous de décembre.

Les tensions que Félix Tshisekedi avait péniblement apaisées en septembre, refont brutalement surface, ravivant les fractures internes d’un parti déjà éprouvé par un an de conflits. Au cœur de l’incompréhension: la nomination controversée des membres de commissions techniques devant préparer le congrès extraordinaire prévu du 10 au 14 décembre 2025. Dans une correspondance d’une franchise assumée, Déo Bizibu accuse Augustin Kabuya d’avoir gonflé « de manière irrégulière » les effectifs de deux structures stratégiques du processus.

La première commission dédiée à l’organisation du congrès serait passée de 75 à 184 membres. La seconde chargée de la révision des statuts aurait été élargie de 50 à 132 personnes. Pour Bizibu, c’est une dérive manifeste, une manœuvre visant à tordre l’équilibre interne à la veille de cette rencontre décisive. Il parle d’un « dilettantisme » de nature à paralyser les travaux, d’un « mépris ouvert » des orientations fixées par la haute autorité de référence du parti, Félix Tshisekedi lui-même.

« Une commission de plus de 150 membres, monsieur le secrétaire général, ceci constitue un véritable dilettantisme », écrit-il, affirmant que Kabuya viole sciemment les quotas approuvés lors de précédentes réunions avec l’exécutif national du parti. A haute voix, Bizibu accuse son chef d’avoir non seulement gonflé les effectifs, mais également procédé à la nomination unilatérale des bureaux de ces commissions, en contradiction totale avec les instructions présidentielles du 19 au 20 septembre dernier.

Accusations d’infiltration: un autre front s’ouvre

Comme si cela ne suffisait pas, Déo Bizibu va même plus loin. Il affirme que des individus extérieurs au parti, parfois issus d’autres formations politiques, auraient été insérés sur les listes. Il cite nommément un ancien candidat député du Kasaï central, qu’il présente comme membre d’un parti concurrent, l’AFDC.

« Certaines personnes figurant dans les listes sont membres des partis politiques autres que l’UDPS/Tshisekedi », dénonce-t-il, fustigeant une violation flagrante des statuts et un risque de déstabilisation interne. L’homme exige l’« exfiltration » immédiate de ces « infiltrés », un terme fort, choisi pour marquer la gravité de la situation.

L’ultimatum Bizibu

Face à ce qu’il considère comme un glissement délibéré, Déo Bizibu réclame un retour strict aux décisions originelles: rétablissement des effectifs initiaux (75 et 50 membres) ; respect absolu des orientations de la Haute Autorité ; retrait des personnes non légitimes. Le SGA prévient que tout maintien de ces « anomalies » risque de bloquer la préparation du congrès et replonger le parti dans la confusion.

Ces accusations interviennent au moment même où l’UDPS tentait de tourner la page d’une année d’affrontements internes. En septembre dernier, Félix Tshisekedi avait organisé une médiation marathon à la Cité de l’Union africaine, réunissant Kabuya, Bizibu, les médiateurs du parti, ainsi que des figures clés comme Peter Kazadi et Jacquemain Shabani.

Le chef de l’État avait alors imposé une trêve tout en maintenant Kabuya comme secrétaire général. Bizibu conservant, lui aussi, ses prérogatives. Les deux hommes étaient sommés de préparer ensemble le congrès de décembre. Le 30 septembre, devant une foule rassemblée au siège de Limete, le duo avait juré de clore les hostilités, de restaurer la fraternité et de préparer le congrès dans un esprit de cohésion.

Quelques semaines plus tard, cette unité apparaît comme une façade fragile. Les prises de position de Bizibu montrent que la réconciliation n’a pas résisté aux réalités du terrain. La « page sombre » que Kabuya se disait prêt à tourner, semble s’être rouverte d’elle-même.

Un parti en turbulence à la veille d’un congrès crucial

Le congrès annoncé comme « irréversible » doit revisiter les textes fondateurs, restructurer les organes internes et préparer les échéances politiques, notamment les élections générales de 2028. Les enjeux sont considérables: l’UDPS doit réaffirmer son leadership, renforcer sa discipline interne et solder les querelles qui minent son image.

Mais la nouvelle crise relance une interrogation: comment un parti en pleine guerre des chefs peut-il préparer sereinement un rendez-vous aussi stratégique?. La charge de Déo Bizibu doit être considérée comme un avertissement: les tensions n’ont pas disparu, elles étaient simplement contenues. Elles refont surface dès que l’équilibre interne semble menacé.

En réalité, l’affrontement entre les deux responsables n’a jamais totalement cessé. La crise de 2024 marquée par la destitution controversée de Kabuya, les accusations mutuelles et la paralysie des structures, a laissé des cicatrices profondes. Aujourd’hui, Bizibu montre clairement qu’il n’a aucune intention de se laisser marginaliser. Son message est clair: il ne fléchira pas. Il crée ainsi un rapport de force qui place Kabuya sous pression.

Bref, la guerre entre Bizibu et Kabuya, loin de s’éteindre, semble entrer dans une nouvelle phase, plus directe. Mais, la question qui reste en suspens est celle de savoir si Félix Tshisekedi devra-t-il intervenir une nouvelle fois pour éviter la rupture? Affaire à suivre…

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